Bulletin Numismatique n°245 55 Cette pièce, digne d’un musée, a battu le record de prix pour une pièce de 20 Francs en or qui était détenu jusque-là par une 20 Francs An 12, gradée SP66* par NGC, vendue 140 000 euros (hors frais) chez MDC Monaco en avril 2023. Concernant les essais de Napoléon 1er de la vente Margolis, nous sommes heureux et fiers que les experts de Stack’s Bowers aient utilisé nos références et ce en nous citant régulièrement. C’est une bonne reconnaissance pour notre travail accompli et nous espérons que les autres maisons de vente et les gradeurs emboiteront prochainement le pas. Quels sont les enseignements à retirer des ventes de la collection Margolis ? La majorité d’entre nous, les collectionneurs, n’a certes pas eu les moyens financiers d'acquérir de tels exemplaires. Pour autant il n’y a pas à être aigris, envieux ou frustrés. Il faut se réjouir que de telles monnaies aient pu sortir de l’ombre, qu’elles aient pu être photographiées en très haute résolution par STACK’S BOWERS et PCGS pour être visibles à tous. Quel plaisir de pouvoir enfin avoir de telles images en lieu et place de reproductions en noir et blanc de faible résolution qui illustraient nos vieux ouvrages et catalogues, et de remplacer à l’avenir dans nos catalogues du « Franc, les essais, les archives » de simples dessins indicatifs ! À l’occasion de certaines ventes on entend souvent « Pourvu que cette monnaie reste (ou revienne) en France ! ». À vrai dire, à moins que l’acquéreur ne soit la BnF, la Monnaie de Paris, le Carnavalet ou autre musée, cela n’a strictement aucune importance. L’important est qu’elle soit dans de bonnes mains ! Celles de Richard Margolis l’étaient assurément ! Des mains de passionné et d’amoureux de notre numismatique. Il y a quelque chose d’émouvant quand un étranger s’intéresse à ce point à notre pays. Richard Margolis nous a démontré à quel point notre numismatique moderne française est d’un intérêt et d’une richesse exceptionnels. Encore de nos jours nous pouvons ressentir parfois une forme de mépris du milieu académique de la Numismatique. La numismatique moderne reste le parent pauvre de la Numismatique, les Royales et les Antiques étant toujours considérées comme les domaines nobles de la discipline. Richard Margolis a, en quelque sorte, anobli la Numismatique moderne et nous ne pouvons que l’en remercier ! Il nous a montré également qu’on ne pouvait pas être un bon numismate sans bibliothèque. La sienne était exceptionnelle. Arrêtons de penser qu’acheter un livre est une dépense et qu’acheter une monnaie est un investissement. Acheter un livre c’est un investissement pour une richesse intellectuelle qui va vous permettre d’accumuler des connaissances, donner du sens à votre collection et orienter vos nouvelles acquisitions ! Vous avez très peu de moyens, adhérez à une association ou un club. Ils ont en général une bibliothèque ou alors des membres vous prêteront leurs propres livres. Richard Margolis nous enseigne également qu’il n’y a pas que les métaux nobles (or et argent) qui sont dignes d’intérêt en numismatique. Parcourez les différents lots et vous serez surpris de voir que la très grande majorité sont en bronze ou en métal blanc (alliage à base d’étain). Sa collection met d’ailleurs en avant un nombre important d’épreuves unifaces en métal blanc. Ce sont des épreuves de graveur qui permettent à ce dernier de visualiser l’avancement de ses travaux en cours de création ou de fournir des exemplaires à faire valider aux commanditaires. Ils ne sont pas produits par frappe car les coins ou matrices ne sont pas encore trempés, ils sont moulés directement sur ces outils en faisant couler un alliage à base d’étain amené à son point de fusion que le graveur applique sur l’outil en se servant d’une carte à jouer ou d’un imprimé. Cela explique les restes que l’on retrouve généralement au dos. Contrairement aux monnaies frappées, ces exemplaires nous offrent un pédigrée extraordinaire : celui du graveur luimême ! En parlant de pédigrée, il convient également de souligner que Richard Margolis était extrêmement organisé et qu’il a toujours tracé et conservé les origines de ses acquisitions. C’est vraiment très appréciable. Cela permet au passage de mettre en lumière d’autres très grands collectionneurs étrangers de monnaies françaises que furent, par exemple, Philippe de Ferrari la Renotière, le roi Farouk et Raoul Kraft. Ferrari la Renotière Farouk Kraft Les prix réalisés par la vente de sa collection sont bien évidemment instructifs. On note toutefois que certains exemplaires ont réalisé des prix difficilement explicables par la seule rareté intrinsèque. Nul doute que la provenance « Margolis » a joué un rôle essentiel ! Comme évoqué en introduction, la collection de Richard Margolis représente près de 3 000 monnaies françaises. Dans cette vente, nous en avons eu seulement 347. Autant dire qu’il faut d’ores et déjà se préparer à vivre de nouvelles ventes aux enchères de monnaies françaises d’exception chez Stack’s Bowers dans les prochains mois voire années. La prochaine vente de la collection Margolis est d’ailleurs programmée en janvier. Elle nous donnera sûrement l’occasion d’un nouvel article et de nouvelles notules pour la rubrique « Le coin du Franc ». Philippe THÉRET Laurent SCHMITT UN ÉVÉNEMENT NUMISMATIQUE MAJEUR : LA VENTE DE LA COLLECTION MARGOLIS
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