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Bulletin Numismatique n°245 43 2° - La promotion économique du pays et l’élévation du niveau de vie de ses habitants Ce fut un souci constant de Rainier III sachant que le Casino ne pouvait plus assurer la prospérité économique de la Principauté et que Louis II avait pris, dans les années 1930, les mesures nécessaires pour favoriser l’installation d’entreprises. Rainier III continua cette politique, en l’intensifiant. Le résultat est aujourd’hui probant : la Principauté qui compte près de 40 000 habitants offre 55 000 emplois. Aux industries non polluantes qui s’installèrent à Monaco s’ajoutèrent les services avec le développement du tourisme, non plus réservé aux riches privilégiés mais ouvert aux classes moyennes. D’où le conflit avec Onassis qui voulait limiter Monaco aux millionnaires sinon milliardaires. La Principauté est ainsi devenue un centre de congrès très important en même temps qu’elle accueillait de nombreux touristes de passage, notamment italiens, heureux de la découvrir. Le prince Rainier développa en même temps la sécurité, ce qui incita de nombreuses personnes aisées à venir habiter Monaco où les risques étaient moindres, notamment à l’époque des Brigades rouges en Italie, de la Bande à Bader en Allemagne, d’Action Directe en France et de l’ETA en Espagne. De toutes ces mesures résulta une croissance constante et soutenue qui eut pour conséquence une élévation sensible du niveau de vie de toute la population : en 1945 il y avait des pauvres à Monaco, et même encore en 1949 à l’avènement de Rainier III, aujourd’hui il n’y en a plus. RAINIER III ET LA MONNAIE Le traité de 1861, entre Napoléon III et Charles III de Monaco, avait reconnu l’indépendance de la Principauté ainsi que son droit de monnayage. Celui-ci fut exercé par Charles III et par son fils Albert Ier jusqu’en 1920, d’abord par la frappe de grosses monnaies d’or de 100 francs destinées aux besoins du Casino puis par des billets de nécessité au lendemain de la Grande Guerre de 1914-1918. À l’avènement de Louis II en 1922, la France fit valoir les dispositions du traité inégal de 1918 qui instituait un protectorat de fait sur Monaco et considéra que le maintien d’une monnaie monégasque était désormais contraire à ses intérêts. Tout au plus accepta-t-elle que Louis II fasse frapper, en 1924 et en 1926, des jetons-monnaie de nécessité remboursables au-delà d’une certaine date. On connaît ces jetons-monnaies qui évoquent l’antique Port Hercule que fut Monaco à l’époque romaine et qui montrent un Héraclès archer comme symbole. Après cette exception, Louis II ne fut plus autorisé à battre monnaie et sa pièce de 500 francs en or 1934 (au module et au poids de l’ancienne 100 francs en or de Charles III et Albert Ier) resta au stade des essais, la France, après l’avoir acceptée, se ravisant et interdisant la fabrication. Une « gaffe » du gouvernement de Vichy en 1943 permit à Louis II de faire frapper des petites espèces de 1 franc et 2 francs. En 1945 s’y ajouta une pièce de 5 francs, puis une pièce de 10 francs et une autre de 20 francs gravées par Pierre Turin en 1946 et 1947 montrant Louis II en uniforme de général de l’armée française. De fait, la monnaie monégasque se trouvait ainsi rétablie mais la France y mit immédiatement de sérieuses restrictions : production limitée à un pourcentage des fabrications françaises, circulation limitée à la Principauté et aux Alpes-Maritimes. fig.1 fig.2 Dès son avènement en 1949, Rainier III saisit l’occasion de battre monnaie à son nom et à ses armes. C’est ainsi que fut frappée par la Monnaie de Paris (en vertu de la convention de 1865 confirmée) une série de 4 monnaies montrant son portrait : 100 francs (fig.1), 50 francs, 20 francs (fig.2) et 10 francs. Sur les deux premières, le revers montre le sceau choisi par Rainier III, à savoir un chevalier monégasque de l’époque de la guerre de Cent Ans, motif figurant sur le sceau du premier seigneur de Monaco, Menton et Roquebrune, qui fut l’allié de Jean le Bon pendant la guerre anglo-française. Ce motif rappelle la longue histoire de Monaco. Sur les pièces de 20 francs et 10 francs, le sceau est remplacé par l’écu de Monaco. fig.3 APRÈS LA CÉLÉBRATION DU CENTENAIRE DE RAINIER III DE MONACO : LE BILAN MONÉTAIRE D’UN CHEF D’ÉTAT NUMISMATE

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