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Bulletin Numismatique n°245 36 Dans la prochaine Internet Auction du 29 octobre 2024, nous présentons un tremissis (tiers de solidus) au nom de Zénon. Cette pièce présente une particularité dans sa titulature qui ne semble pas avoir été signalée dans l’ouvrage de Guy Lacam, La fin de l’empire romain et le monnayage or en Italie 455-493, 2 vol., Adolph Hess, Luzern, 1983. Ce type de tremissis est frappé par Julius Nepos au nom de Zénon, en 474-475. Il correspond parfaitement au type 5 de l’atelier de Milan de ce groupe qui se caractérise au revers par une couronne formée de deux branches de laurier à cinq feuillures de chaque côté. Les exemplaires de l’atelier de Milan sont identifiés aussi pour les types 3 à 5 par la ligature des lettres A et V de AVG et du G transformé en C, ce qui donne quand on lit la légende de droit : D N ZENO – PERP N C au lieu de D N ZENO – PERP AVG. Le N C pouvant alors aussi être lu comme Nobilissimus Caesar (très noble César) que ne fut jamais Zénon. Outre ces deux critères iconographiques et lexicaux, notre exemplaire présente la particularité d’avoir le Z de Zeno inversé, ce que G. Lacam n’avait pas relevé dans son ouvrage. Hormis ce détail, mais qui a son importance, notre pièce est très proche de l’exemplaire du British Museum n° 1 du type 4, variété a, et de l’exemplaire du British Museum n° 2 du type 5, pl. CLXXVI. Faut-il rappeler que Julius Nepos est indépendant et domine la Dalmatie lorsqu’il est proclamé Auguste en juin 474, à la déposition de Glycère qui reçoit en compensation l’évêché de Salone. Soutenu mollement par l’empereur d’Orient au moment où Zénon affronte lui même l’usurpation de Basiliscus et de son fils Marcus, Julius Nepos ne peut se maintenir au pouvoir. Il est renversé par son Magister Militum Orestes. Ce dernier proclame son fils, Romulus Augustule, le 31 octobre 475. Il ne peut se maintenir qu’une année à peine, jusqu’au 4 septembre 476. À cette date, Odoacre dépose le dernier empereur d’Occident et renvoie les insignes impériaux à Constantinople, marquant la réunion fictive des deux « pars » de l’Empire, Odoacre devenant patrice. Pendant ce temps, Julius Népos s’est retiré en Damaltie, son territoire d’origine. Il reprend la pourpre, mais ne détient jamais réellement le pouvoir et meurt assassiné en 480 à l’instigation de Zénon, avec le concours de Théodoric, futur compétiteur d’Odoacre. Nous avons deux monnayages concomitants, l’un au nom de Julius Népos dont certains tremisses présentent la même particularité orthographique avec N C au lieu de AVG (RIC X/ 429, n° 3321) et le second au nom de Zénon qui n’est pas repris par J. P. C. Kent. Ces types de monnaies appartiennent bien au premier règne de Julius Népos qui correspond aussi au moment où Zénon succède à Léon Ier qui décède le 18 janvier 474. Le fils de Zénon et d’Ariadne, la fille de Léon Ier et d’Aelia Verina, Léon II, né en 467, est associé par son grandpère au pouvoir en octobre 473, trois mois avant la mort de celui-ci. Léon II règne d’abord seul du 18 janvier au 9 février, date à laquelle Zénon son père lui est associé comme co-empereur du 9 février au 17 novembre 474, date de sa disparition. Zénon est impopulaire et Vérina, la femme de Léon Ier, pousse son frère Basiliscus à revêtir la pourpre. Il s’empare du pouvoir le 9 janvier 475, associe son fils Marcus à la fin de l’été de la même année, d’abord comme César puis comme co-empereur. Pendant ce temps, Zénon qui a fuit Constantinople et s’est réfugié en Isaurie, sa province natale, prépare la reconquête de son trône. Basiliscus devenu à son tour impopulaire est trahi par Armatus, son neveu, et amant de Vérina. Zénon récupère le trône en septembre 476 en ayant promis au traître d’élever son fils, nommé Léon, comme César. Pendant ce temps en Occident, Julius Népos, chassé du pouvoir par Orestes, son Magister Militum, s'enfuit pour se réfugier à son tour à Salone. Orestes élève son fils, Romulus Augustulus comme empereur. Mais finalement, Odoacre élimine Orestes et dépose Romulus le 4 septembre 476. C’est la fin de l’Empire d’Occident. Vous percevez immédiatement l’importance de notre pièce, frappée dans des conditions précaires qui peuvent expliquer les erreurs de graphie et renforce les conditions particulières de l’émissions de notre monnaie divisionnaire. Ce type de pièce, si on ne fait pas attention, est identifié comme un tremissis de Zénon. Faut-il aussi regarder la marque à l’exergue du revers COMOB qui n’est pas forcément très lisible et peut être facilement confondue avec CONOB, la marque de l’atelier de Constantinople, mais c’est une autre histoire. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT ZÉNON EN OCCIDENT OU TREMISSIS DE JULIUS NÉPOS Lr 80 : 65€ Lr 88 : 235€

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