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Bulletin Numismatique n°245 26 Que se cache-t-il derrière cette légende latine qui peut se traduire par « au divin Sévère pieux » ? C’est à cette question que nous allons essayer de répondre. Septime Sévère, « Lucius Septimius Serverus » né le 11 avril 145 à Leptis Magna (Lybie actuelle) comme l’a bien démontré J. Guey, est en Bretagne depuis 208. Malade, atteint de la goutte, il mourut finalement à Eburacum (York, Angleterre) le 4 février 211. Caracalla et Géta rapportent les cendres de leur père à Rome. La mort de l’Empereur donna lieu à une émission monétaire de l’atelier de Rome en 211 sous le règne conjoint de ses deux fils, Caracalla et Géta. Elle comprend des aurei, des deniers et des sesterces. Au droit, les monnaies pour l’or et l’argent présentent la légende : DIVO SEVERO PIO tandis que pour les sesterces, nous avons DIVO SEPTIMO SEVERO PIO. L’ensemble de ces légendes sont au datif (marque de dédicace). Septime Sévère avait reçu le surnom de Pieux en 201. Pour le revers, seul le mot CONSECRATIO figure sur les monnaies (consécration, action de consacrer aux dieux, apothéose en grec ou aussi déification). En revanche, plusieurs types lui sont associés : l’aigle sur un foudre (Hill 1229) et le bûcher funéraire « Ustrinum » (Hill 1230) pour l’or (aurei) ; l’aigle sur un foudre (Hill 1231) ou sur un globe (Hill 1232) ou bien encore sur un autel (Hill 1233), le bûcher (Hill 1234), enfin le trône (Hill 1235) pour l’argent (denarii) ; un type est utilisé seulement pour le bronze avec l’aigle enlevant l’Auguste au ciel (Hill 1236) et encore une fois le bûcher (Hill 1237) pour les sertertii. L’ensemble de ces informations sont puisées dans l’ouvrage de Philip V. Hill, The Coinage of Septimius Severus and his family of the Mint of Rome A. D. 193217, Spink & Son Ltd, 2e édition, London, 1977 qui a donné une liste de l’ensemble des monnaies frappées pour l’atelier, au total plus de 1 600 entrées. Le monnayage posthume pour Septime Sévère divinisé se trouve p. 31, n° 1229-1237, et est de fait, toujours rare et recherché. Au revers de notre exemplaire, l’aigle, l’animal de Jupiter, est souvent associé à l’empereur. Comme pour Vespasien, l’aigle héraldique devait être en marbre ou en bois doré et devait trouver sa place dans le palais impérial. Après la mort de l’empereur, c’est l’aigle psychopompe qui entraîne l’empereur vers les Champs Élysées comme nous le retrouvons sur le sesterce (Hill 1237). Afin de compléter cet article, il nous faut revenir sur le bûcher funéraire qui figure parfois sur les monnaies de Septime Sévère dans les trois métaux. Philip V. Hill, the Monuments of Ancient Rome as Coin Types, Seaby, London, 1989, p. 102-103 n°196/7 signale les « Ustrinum » ou Crematorium d’Antonin le Pieux et celui de Marc Aurèle. La base du crématorium de Marc Aurèle retrouvé en 1908 ressemble à la base de notre denier. Il est tout à fait possible que le bûcher ait reposé sur une base solide dont nous n’avons plus que la trace aujourd’hui. Les restes de Septime Sévère furent déposés dans le Mausolée d’Hadrien, l’actuel château Saint-Ange. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT * les pièces illustrées en dehors de celle de la Live Auction sont en vente sur la boutique Cgb. fr. Lr 46 : 98€ DIVO SEVERO PIO

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