Bulletin Numismatique n°244 61 Si nous n’avions pas les ouvrages de référence, complétés par des articles spécifiques, nous pourrions passer à côté d’un exemplaire rare ou inédit. Avec notre statère Redons, nous avons exactement un cas pratique. C’est grâce à une publication récente, sous la plume de deux des meilleurs spécialistes des monnaies armoricaines, que ce dossier a pu trouver sa solution. Mais sans les illustrations de plus d’une trentaine d’exemplaires de statères et de monnaies divisionnaires, nous aurions pu passer à côté de la rareté de ce statère. La prime est toujours à la connaissance et aux instruments de travail qui constituent les éléments indispensables et primordiaux à toute étude. REDONS (Région de Rennes) (IIIe – Ier siècles avant J.-C.) Les Redons occupaient la partie orientale de l’Armorique, correspondant à l'actuel département d'Ille-et-Vilaine. Ils avaient pour voisins les Coriosolites, les Namnètes, les Unelles et les Aulerques. Ils auraient possédé un débouché sur la mer, au niveau de la baie du Mont-Saint-Michel. Leur patronyme se retrouve dans les villes de Redon et de Rennes (Condate). Ils ont fait partie de la coalition de 57 avant J.-C., qui se déroba au combat, et furent soumis par Crassus. L'année suivante, les émissaires romains furent faits prisonniers, ce qui obligea César à intervenir en Armorique afin de soumettre les tribus révoltées, avant de passer en Bretagne, l'année suivante, pour punir les tribus d'Outre-Manche qui avaient apporté leur soutien aux Armoricains. En 52 avant J.-C., à la demande de Vercingétorix, ils fournirent un contingent pour l'armée de secours ; celle-ci, d'après César, comprenait vingt mille hommes pour l'ensemble des Armoricains. César (BG. II, 34, VII, 75). Statère d'argent au sanglier, série III, classe II, var. 2, Redon, Vannes (56), 60-50 avant J.-C. (Ar, 6,13 g, 20 mm, 1h) A/ Anepigraphe Tête à droite, les cheveux allongés en grosses mèches se terminant par des S, entourée d’un cordon perlé ; une sorte de fleuron à la base du cou. R/ Anépigraphe Cheval androcéphale, bridé à droite ; au-dessus, l'aurige tient une hampe ; devant le cheval, un rinceau et le vexillum ; sous le cheval, sanglier enseigne à droite, accosté d’une croisette. LT cf. 6654 – DT 2294 - Moneta 47, n° 221 L.-P. Delestrée, S. Goeut, La typologie des statères en argent à l’est de l’Armorique, Hors-série n° 2 des CN, Rencontres Numismatiques de la SÉNA, études de numismatique celtique, février 2011 – Monnaie de Paris, textes publiés en l’honneur de Brigitte Fischer, Paris, 2021, p. 41-56, plus précisément, p. 41, fig. 22. Belle monnaie frappée sur un flan un peu court et bien centré. De beaux reliefs. Usure fine et régulière. Patine grise. Très rare. TTB+ 2 500€/4 500€ Ces monnaies en argent étaient initialement classées chez les Vénètes. Le type est présenté dans : Rencontres Numismatiques - Études de Numismatique Celtique - Hors-série n°2 des Cahiers Numismatiques (fig.22, p.49). Cette variété 2 est d’un style plus frustre que la première. Si notre exemplaire présente une homotypie de contiguïté au niveau du style, il ne semble pas des mêmes coins, ni de droit, ni de revers. Coriosolites, Vénètes et aujourd’hui Redons, les monnaies gauloises n’ont pas fini de nous réserver des surprises, tant au niveau des attributions, mais aussi dans l’étude des détails iconographiques qui font qu’un exemplaire peut se voir doter de plusieurs attributions concomitantes ou successives. Seules les photographies de l’ensemble du matériel avec le poids des exemplaires, les analyses métallographiques ainsi que dans la mesure du possible, le contexte archéologique, permettront d’affiner les classements et les attributions. Viviane BÉCLIN et Laurent SCHMITT Lr 114 : 13€ STATÈRE EN ARGENT REDONS EXCEPTIONNEL
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