Bulletin Numismatique n°244 48 Caius Domitius Ahenobarbus est un « ovni » dans le panorama de la fin de la République romaine. Faut-il rappeler que le cognomen de ce personnage qui appartient à la gens Domitia signifie « barbe d’airain » ou barbe rousse. Son monnayage ne comprend que de très rares aurei et des deniers, frappés au moment où il était acclamé Imperator en 41-40 après sa victoire navale contre les forces césariennes. Si ce denier est rare, nous avons eu l’occasion en trois décennies de proposer sept exemplaires à la vente, mais cela faisait sept ans que nous n’avions pas mis en vente un exemplaire, dans le cadre d’une Live Auction (décembre 2017, brm_457512). Cnaeus Domitius Ahenobarbus (+ 31 avant J.-C.) Cnaeus Domitius Ahenobarbus est le fils de Lucius Domitius Ahenobarbus qui trouva la mort à la bataille de Pharsale en 48 avant J.-C. dans le camp de Pompée. Il est aussi le mari de la sœur de Caton d’Utique. Présent à la bataille de Pharsale, il ne participa peut-être pas à l’assassinat de César en 44 avant J.-C., mais suivit Brutus et Cassius en Macédoine. Il fut condamné par la lex Pedia comme meurtrier de César. Il commandait la flotte républicaine et vainquit à ce titre la flotte césarienne commandée par Domitius Calvinus en 42 avant J.-C. en mer Ionienne avant la bataille de Philippes. Il fut proclamé alors Imperator. Il se rallia ensuite à Antoine en 40 avant J.-C. et fut nommé gouverneur de Bithynie. Il participa à l’expédition de Marc Antoine contre les Parthes. Consul en 32 avant J.-C., il dut quitter Rome après la rupture entre Marc Antoine et Octave. Il rejoignit Antoine à Éphèse, mais se brouilla avec lui et le trahit peu avant la bataille d’Actium en 31 avant J.-C. et prit le parti d’Octave. Il mourut peu après. Il est l’arrière-grand-père paternel de Néron. Denier, Grèce, mer Adriatique ou Ionienne, c. 41-40 avant J.-C. (Ar, 3,55 g, 17 mm, 11h) (Taille 1/82 L., poids théorique 3,96 g ; 16 as) A/ AHENOBAR « Ahenobarbus », (Ahenobarbus). Tête nue d’un homme (un ancêtre de Cnæus Domitus Ahenobarbus représenté jeune ?) à droite (O°). R/ CN DOMITIVS.IMP « Cnaeus Domitius Imperator », (Cnæus Domitus Imperator). Proue de vaisseau à droite sur lequel figure un trophée militaire composé d’une cuirasse, d’un casque, de deux lances et d’un bouclier ovale. B 21 (Domitia) (20f. or) – BMC/RR 94 (East) – CRR 1177 – RRC 519/2 – RSC 21- CRI 339 – RCV 1456 (2000$) – CMDR 683 (600€) – MRR 1648 (3000€) – Varesi 269 bis (2500€) - Cal 546 – RBW 1803 (8500FS) Monnaie sur un flan bien centré des deux côtés. Joli portrait. Revers à l’usure régulière. Patine grise avec de légers reflets bleutés. RR TTB+ 750€/ 1 500€ Pour ce type, M Crawford a recensé une estimation inférieure à trente coins de droit et inférieure à trente coins de revers. Ce denier est en fait encore beaucoup plus rare que ne le laissent supposer les ouvrages généraux. Ce denier commémore le titre d’Imperator reçu par Cneius Domitius Ahenobarbus après avoir écrasé la flotte des Césariens, commandée par Domitius Calvinus, en mer Ionienne à l’automne 42 avant J.-C. Cependant si le revers ne semble pas poser de problème et rappelle la victoire navale de l’imperator, des doutes subsistent sur l’attribution du portrait du personnage du droit. S’agit-il de Cneius lui-même ou de l’un de ses ancêtres, son père peut-être, Lucius, qui fut un opposant à César et qui avait trouvé la mort en essayant de rejoindre Pompée. Mais nous pourrions avoir affaire à un ancêtre éponyme, un autre Cneius qui fut consul en 192 avant J.-C. avant de devenir légat de Lucius Cornelius Scipio dans la guerre qui l’opposait à Antiochus III le Grand (223-187 avant J.-C.). Le doute subsiste. Nous sommes heureux de proposer ce denier à la vente et nous espérons que vous serez sensibles à cette présentation qui fait de ce personnage l’un des plus rares de la période comprise entre la mort de Pompée et celles de Marc Antoine et de Cléopâtre (49-30 avant J.-C.) précédant la création du Principat par Auguste à partir de 27 avant J.-C. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT Lr02 : 69 € DOMITIUS AHENOBARBUS : DENIER D’UN CÉSARICIDE ?
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