Bulletin Numismatique n°244 43 Rien ne prédisposait Vespasien, Titus Flavius Sabinus, né le 17 novembre 9 à Flacrines, près de Reate (Rieti, pays Sabin, Latium) à devenir empereur. En effet ses origines sont modestes, il appartient à la bourgeoisie municipale italienne. Son père, primipile, entre dans l’ordre Équestre et remplit plusieurs fonctions financières. Marié en 39 à Flavia Domitilla, il a deux fils, Titus né en 39 et Domitien en 51 et une fille, Domitille. Fils de chevalier, il débute sa carrière comme tribun militaire en 26, en Thrace. Il entame ensuite une carrière sénatoriale comme questeur de la province de Crète et Cyrénaïque en 35-36, puis en tant qu’édile en 38, et en tant que prêteur en 39-40. Mais c’est l’invasion de la Bretagne en 43 qui va le mettre sur le devant de la scène. Il y reste quatre ans et y remporte de nombreuses victoires comme légat de la IIe légion Augusta. Il reçoit les ornements triomphaux et est consul suffect en 51. C’est un « homo novus ». Proconsul d’Afrique en 63-64, il suit Néron en Achaïe. Il est nommé légat propréteur de l’armée de Syrie afin de juguler la révolte de Judée (66) avec trois légions. C’est en Judée qu’il apprend la mort de Néron en juin 69. Il est proclamé Auguste à Alexandrie le 1er juillet 69, « l’année des quatre empereurs », après que Galba (+ 15 janvier 69) et Othon (+ 16 ou 17 avril 69) aient été éliminés. Son frère, Titus Flavius Sabinus, préfet de la Ville, lui assure un soutien dans l’Urbs. En décembre, Vitelliens et Flaviens s’opposent, et le frère de Vespasien trouve la mort après s’être réfugié au Capitole, tandis que Domitien échappe au même sort de justesse. Vitellius est mis à mort le 20 décembre 69 et Vespasien reste le seul compétiteur. Auguste, il quitte l’Égypte à la fin de 69 ou en 70 et laisse à Titus le soin de terminer la guerre de Judée. Jérusalem est prise le 8 septembre 70 tandis que Vespasien fait son entrée à Rome le 1er octobre. Titus est associé directement au gouvernement par son père dès 71, tandis que Domitien reste cantonné dans le rôle de César. Son règne est consacré à la restauration politique et économique de Rome. En 73, il revêt la censure. Il meurt à Reate le 24 juin 79. Aureus, Rome, 74 (Or, 7,26 g, 19,50 mm, 6 h) (taille 1/45 L. poids théorique : 7,22 g, 25 deniers) A/ IMP CAESAR - VESP AVG « Imperator Cæsar Vespasianus Augustus », (l’empereur césar Vespasien auguste). Tête laurée de Vespasien à droite (O*). R/ FORTVNA – AVGVST/ -|-// - « Fortuna Augusti », (La Fortune de l’Auguste). Fortuna (la Fortune) drapée, debout à gauche sur un autel décoré, tenant un gouvernail de la main droite et une corne d’abondance de la gauche. C 174 – RIC 81 - RIC II² 682 – BMC/RE 145 – BN/R 117 – Calico 632 ( cet exemplaire) – RCV 2251 (4400$) Exemplaire de qualité exceptionnelle pour ce type sur un flan idéalement centré des deux côtés. Portrait de toute beauté, finement détaillé. Revers bien venu à la frappe. La monnaie a conservé son coupant. Patine de collection. Rare. FDC/ SPL 15 000€/25 000€ Cet exemplaire est de mêmes coins que l’exemplaire illustré dans le Calico (p. 139, n° 632) Ce type avec la Fortune de l’auguste au revers n’est pas fabriqué avant 74. P. V. Hill, The Monuments of Ancient Rome as Coin Types, London, 1989, op. cit., p. 72-73, signale que la Monnaie (Regio III) était sous le patronage d’Apollon, d’Hercule, de la Victoire et de la Fortune. Il suppose que des statues de ces entités pouvaient se trouver dans le temple de Junon Moneta. Ce type de revers se rencontre aussi pour Titus, présentant les mêmes caractéristiques (T CAESAR – IMP VESP = RIC II², 691). Ce type n’est recensé que pour l’or. La monnaie est non datée, mais semble bien avoir été frappée en 74 avec une titulature d’avers courte antihoraire qui débute à 5 heures. L’aureus pour Vespasien semble en fait plus rare que celui pour Titus avec le même revers. Le type se rencontre aussi avec la titutature longue pour Vespsien (RIC II², 699, IMP CAESAR VESPASIANVS AVG). Notre aureus, sans être courant, ne se rencontre cependant que très rarement dans cet état de conservation proche de l’état de frappe, du fait qu’il a dû être prélevé peu de temps après sa mise en circulation et thésaurisé, ce que confirme sa masse de 7,26 g, dépassant même légèrement le poids théorique de quelques centigrammes. Notre exemplaire a conservé la plus grande partie de son brillant de frappe et de son coupant d’origine, une pièce digne d’intérêt ! Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT LA FORTUNE DE VESPASIEN
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