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Bulletin Numismatique n°244 31 Nous vous proposons dans la prochaine Live Auction du 24 septembre 2024 un statère qui a posé et pose encore de nombreux problèmes, tant d’identification que d’attribution. En effet, pendant très longtemps, ce monnayage resta anonyme, donné à la Carie, à la Lycie, à la Pamphylie, à la Cilicie ou bien encore à Chypre. Il revient à H. Troxell, à la suite de E. Robonson, d’avoir rendu ces statères à la Carie, Winged Carians, Essays in Honor of Margaret Thompson, p. 257-268, pl. 31. Elle présentait la divinité au droit comme mâle ou femelle. Au droit, plusieurs attributions successives lui ont été données, toutes intéressantes, mais aucune déterminante. Pour K. Konuk, il s’agirait de la déesse Iris, messagère des dieux, attachée plus particulièrement à Héra. Elle personnifie l’arc-en- ciel qui relie le ciel et la terre. De la main droite, elles est censée tenir un kyrekeion, (caducée) qui est hors champ sur notre exemplaire. Quant au revers, si son sujet principal ne semble pas poser de problème, identifié comme un bétyle, il existe de très nombreuses variantes dans sa représentation des monnaies archaïques cariennes. Dans le groupe 2 qui retient notre attention, celui-ci semble orné de deux petites cornes à son extrémité pointue, une de chaque côté. Le champ est piqueté et n’est pas sans rappeler certains statères ioniens qui sont décrits comme figurant la plus ancienne carte géographique sur une monnaie avec un port ? CARIE – KAUNOS (Ve - IVe siècle avant J.-C.) Kaunos (Caunos), port important de la côte carienne, était située au sud de la région en face l'île de Rhodes. Fondée par les Crétois, elle devint une cité importante aux Ve et IVe siècles avant J.-C. Statère, Kaunos, Carie, 470-450 avant J.-C. (12,06 g, 21,50 mm, 1 h) (étalon éginétique réduit, poids théorique 12,24 g, 2 drachmes ou 12 oboles) A/ Anépigraphe Ahura-Mazda ? (Niké ou Iris), agenouillé marchant à gauche, détournant la tête à droite, ailé et étendant les bras. R/ Anépigraphe Bétyle dans un carré creux. Superbe exemplaire sur un flan bien centré des deux côtés. Droit finement détaillé. Patine grise avec de très légers reflets dorés au droit. BMC 11 - ACGC 994, pl.57 – RQMAC 232 – Rosen 619 - Delepierre 2782 -AC 620 K. Konuk, The Early Coinage of Kaunos, Studies in Greek Numsimatics in memory of Martin Jessop Price, Londres 1998, 197-223, pl. 47-50, n° 81 (A/ 26 - R/ 22) Très rare. SUP 1 700€/ 2 500€ Notre exemplaire est très proche de celui du trésor de Carie (IGCH 1180) trouvé en 1932, enfoui c. 460 AC. (TPQ), publié par E. S. G. Robinson, A find of archaic coins from South-West Asia Minor, NC, 1936, p. 265-280, pl XIV, cf n° 1 provenant du fonds E. Bougey, sans que nous puissions l’établir avec certitude du fait de la mauvaise qualité de la reproduction photographique. Ce trésor contenait au total plus de 144 statères d’argent de Carie de notre type. Cette monnaie est énigmatique. L’étalon semble éginétique alors que dans la région nous avons plutôt les étalons babyloniens ou l’étalon persique. Le monnayage est archaïque et difficile à interpréter. Le droit est censé représenter un dieu indo-iranien, Ahura Mazda. Ce dernier figure le bien et s’oppose à Arhiman, chef des démons. Le mazdéisme fut adopté par les Perses à l’époque achéménide. Mais récemment, K. Konuk identifie le droit comme étant la déesse Iris. Le droit a aussi été interprété comme représentant Nikè (la Victoire) qui pourrait être une solution alternative. Au revers, nous trouvons un bétyle, ici une pierre conique à arête saillante que l’on peut rapprocher de la Pierre Noire d’Émèse d’Élagabal ou bien de celle de La Mecque. Ces monnaies ont parfois été données aux Incertaines de la Carie. E. Levante n’a pas retenu l’attribution à Mallos dans ses différents corpus consacrés à la Cilicie. Pour C. M. Kraay, au droit, nous avons une victoire et non pas la représentation du dieu iranien. Aujourd’hui, ces monnaies seraient à attribées à Kaunos (Caunos). Au total dans son étude, K Konuk a recensé 560 exemplaires fabriqués entre 490 et 370 avant J.-C., comprenant principalement des statères, mais aussi des monnaies divisionnaires d’argent ainsi que quelques bronzes. Pour la deuxième période comprise entre 470 et 450 avant J.-C., K. Konuk a relevé 30 exemplaires pour quatorze combinaisons de coins avec treize coins de droit et treize coins de revers avec un faible indice charactéroscopique. Pour notre combinaison (A/ 26 - R/ 22), nous avons trois exemplaires dont un correspond peut-être à notre statère, le n° 81). Ce très beau statère de conservation excellente pour ce type de monnayage souvent mal frappé ou mal conservé est tout à fait exceptionnel pour ce type de monnayage qui mérite toute notre attention, vous l’aurez compris, l’acquisition de cette pièce n’est pas la fin de l’aventure, mais le début d’une quête en devenir. À vous de chercher. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT LA LUMIÈRE VIENT DE KAUNOS

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