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Bulletin Numismatique n°244 30 Nous rencontrons très souvent pour la période hellénistique des tétradrachmes à flan large pour le IIe siècle avant J.-C. qui prennent la suite des tétradrachmes au nom et au type d’Alexandre III le Grand, des tétradrachmes portant une couronne de feuillage au revers qui sont appelés dans les textes des « stéphanèphoros » ou stéphanophores (qui porte une couronne de feuillage). C’est le nouveau nom sous lequel on rencontre les tétradradrachmes du nouveau style d’Athènes. Ces monnayages, souvent civiques, ne peuvent avoir été frappés avant la Paix d’Apamée (188 avant J.-C.) qui libéra une grande partie des cités d’Asie Mineure de la domination séleucide et qui n’appartenaient pas forcément au domaine Attalide, grand vainqueur de la guerre entre Romains et leurs alliés contre les Antiochus III le Grand (222-187 avant J.-C.). Ces principaux monnayages civiques, en dehors de quelques cités, dont Athènes, ne semblent pas survivre aux années 120 avant J.-C. C’est le cas de Myrhina (Éolide), cité portuaire au débouché de Pergame, qui était réputée pour son temple d’Apollon Grynion (Grynéen) ainsi que son oracle. Le temple semblait fédéral et dévolu aux onze cités éoliennes. Il est évoqué par Strabon (XIII, 2, 5). ÉOLIDE – MYRHINA (IIe siècle avant J.-C.) Myrhina, située au nord-est de Cymé, éclipsée par sa puissante voisine, n’apparaît qu’à l’époque hellénistique. Le monnayage débuterait vers 300 avant J.-C. La cité était réputée pour le culte rendu à Apollon Grynion. Mais le symbole (épisème) de la cité semble avoir été l’amphore qui se trouve placée aux pieds d’Apollon. Droit et revers se rapportent au culte très important que la cité de Myrhina rendait à Apollon. Elle était située entre Grynion, centre du culte, et sa puissante voisine Cymé. Le monnayage ne doit pas commencer avant la paix d’Apamée qui consacre entre autres le recouvrement de la liberté des cités grecques d’Asie Mineure. Nous avons là un exemple d’union monétaire de plusieurs villes qui émirent un monnayage civique avec le même étalon monétaire ayant pour trait commun la couronne du revers (stéphanophore) qui indique une victoire, sur qui, sur quoi ? Elle symbolise peut-être le recouvrement de la Liberté ? Tétradrachme stéphanophore, Éolide, Myrhina, 150-140 avant J.-C., série 27 (Ar, 16,29 g, 34 mm, 12 h) (étalon attique réduit ; poids théorique 17,00 g ; 4 drachmes) A/ Anépigraphe Tête d’Apollon Grynion laurée et diadémée à droite, les cheveux longs tombant sur le cou. R/ ΜΥΡΙΝΑΙΩΝ/ (TAY) (de Myrhina). Apollon marchant à droite, tenant de la main droite un phiale, sacrifiant, et de la gauche une branche de laurier à laquelle sont suspendues deux bandelettes ; à ses pieds à droite, l’omphalos et une amphore ; dans le champ à gauche, monogramme ; le tout dans une couronne de laurier. BMC 7 – Cop 222 – Aulock 1665 – RQEMH 217 K. S. Sacks, The Wreathed Coins of Aeolian Myrhina, MN.30, New-York 1985, p. 37, n° 44, pl. 13-14 Superbe exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Très beau portrait d’Apollon, bien venu à la frappe. Joli revers finement détaillé. Patine grise avec de légers reflets dorés Très rare. SUP 750€/ 1 500€ Pour cette pièce, d’après K. S. Sacks, pour la vingt-septième émission, nous avons quinze combinaisons pour vingt-huit exemplaires et treize coins de droit. Nous n’avons pas pu identifier de liaison de coin pertinente. Cependant elle semble de même coin de droit que l’exemplaire de la pl. 12, n° 44i. (série 26). F. de Callataÿ dans son étude générale, reprenant les conclusions de K. Sacks, a relevé 415 tétradrachmes au total avec 97 coins de droit. L’auteur faisait remarquer que 55 des 97 coins de droit ne sont représentés que par moins de quatre exemplaires, ce qui constitue un indice charactéroscopique faible. Ces monnaies civiques qui ont été frappées principalement entre 160-140 avant J.-C. ne pourraient être en réalité qu’un monnayage servant à stipendier les armées qui combattent pendant cette période et alimenteraient les caisses royales des différents monarques hellénistiques afin de payer les mercenaires dans les guerres qui opposent les Séleucides aux Lagides, sans oublier les Attalides qui, pour leur royaume, utilisent un autre étalon et des cistophores, plus légers. Si ces monnaies se retrouvent en grand nombre dans des trésors non loin des lieux de combats entre les monarchies grecques, on a du mal à appréhender pourquoi de riches cités auraient frappé de magnifiques tétradrachmes civiques avec pour but final uniquement de servir à payer des mercenaires. Nous pensons que ces tétradrachmes stéphanophores ne nous ont pas encore livré tous leurs secrets et qu’une partie du travail reste encore à faire, en particulier au niveau de l’interprétation. En attendant, vous avez un très bel exemplaire de Myrhina qui n’attend que vous à compter du 24 septembre 2024. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT MYRHINA, TÉTRADRACHME STÉPHANOPHORE : TOUT POUR APOLLON !

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