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Bulletin Numismatique n°244 29 Dans son corpus publié en 1977, Georges Le Rider, Le monnayage d’argent et d’or de Philippe II frappé en Macédoine de 359 à 294, avait établi une somme de connaissances et un ensemble qui reste inégalé pratiquement cinq décennies après sa parution. S’il avait établi un catalogue très documenté pour les ateliers de Pella et d’Amphipolis pour la période comprise entre l’accession au trône de Philippe II en 359 avant J.-C. et 315 avant J.-C., il était resté plus généraliste pour les émissions postérieures à cette date jusqu’à l’arrêt de la fabrication de ce type au début du IIIe siècle avant J.-C. Il revient à H. Troxell d’avoir complété magistralement ce travail en publiant vingt ans après Studies in the Macedonian Coinage off Alexander the Great, ANS, NS 21, New York, 1997. Une grande partie de ce travail reposait sur la publication de la collection de l’American Numismatic Society (ANS) par le même auteur en 1994. De la même manière que nous avons pour Alexandre le Grand des « Alexandres » du vivant et des posthumes, le même phénomène se répète ou plutôt précède le premier avec les « Philippes ». Mais ces derniers sont plus difficiles à identifier et à répertorier sans l’aide d’un vademecum. Si de nombreux tétradrachmes au nom et au type de Philippe peuvent être assignés à Philippe III Arrhidée, ceux de son successeur en Macédoine, pour Cassandre, ne sont pas moins nombreux et parfois tout aussi difficiles à interpréter. En plus, ces « Philippes » tardifs ont largement été copiés et imités par les Celtes du Danube, après que ces derniers se soient répandus en Grèce et en Asie Mineure dans le premier quart du IIIe siècle avant J.-C. CASSANDRE (317-297 avant J.-C.) Régent (317-306 avant J.-C.) – Basileos (306/305 – 297 avant J.-C.) Monnayage au nom et au type de Philippe II de Macédoine Cassandre, le premier des Épigones, succéda à son père, Antipater, en 319 avant J.-C. Il s’allia en 315 avec Séleucus, Ptolémée et Lysimaque pour combattre Antigone et Démétrius. En 311 avant J.-C., il fit périr Roxane et Alexandre IV. En 305 avant J.-C., il prit le titre de roi. Cassandre triompha d’Antigone à Ipsos où ce dernier trouva la mort. Il fut tué en 297 avant J.-C. avec son fils Philippe IV. Après la mort de Démétrius Poliorcète en 283 avant J.-C., c’est son fils Antigone Gonatas qui montera sur le trône de Macédoine. Tétradrachme, Macédoine, Amphipolis, 315/314 – 295-294 avant J.-C., groupe 8 (Ar, 14,37 g, 23,5 mm, 7 h) (Étalon thraco-macédonien, poids théorique : 14,60 g, 4 drachmes) A/ Anépigraphe Tête laurée de Zeus à droite. R/ ΦΙΛΙΠΠΟΥ/Γ (de Philippe) Cavalier au pas à droite, tenant une palme de la main droite ; le cheval lève l’antérieur à droite ; sous le cheval, un bouclier. Le Rider 7, pl. 46 – ANS 692 (R/) - 695 (R/) - NS 321 - HGCS 3. 1/ 988 Très bel exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Portrait bien venu à la frappe, finement détaillé. Marque de démonétisation au revers mais il reste agréable. Patine grise avec de légers reflets dorés. Très rare. SUP/ TTB+ 600€/1 200€ Même coin de droit que l’exemplaire de l’American Numismatic Society (ANS 695, pl. 25). Même coin de revers que l’exemplaire (ANS 692, pl. 25). G. Le Rider a isolé plusieurs exemplaires de l'émission associant le gamma à de multiples symboles supplémentaires. Ces pièces sont datées de 315-294 avant J.-C. Dans son étude, H. Troxell, Studies in the Macedonian Coinage of Alexander the Great, ANS, NS 21, New York 1981, p. 53, n° 321 et 54, pl. 13, a recensé au total 93 exemplaires dans ce groupe sur un total de 491 tétradrachmes au nom de Philippe pour la période. Avec 29 coins de droit, nous avons un indice charactéroscopique de 3,18, représentatif de l’échantillon. Pour notre variété, H. Troxell n’a recensé au total que cinq exemplaires dans les collections de l’American Numimsatic Society (ANS 692 à 695) sur un total de six exemplaires. Au revers, nous sommes en présence d’un bouclier macédonien stylisé. Les pièces du groupe 8 peuvent être mises en comparaison avec les tétradrachmes posthumes d’Alexandre du groupe J où nous ne pas de correspondance exacte pour notre tétradrachme avec le gamma associé au bouclier macédonien. Une autre variété avec le même bouclier macédonien est recensée dans le même groupe, mais cette fois-ci avec l’armement vu de profil (ANS 21, n° 318 = ANS 688-690). Notre exemplaire porte au revers une encoche, marque d’une démonétisation qui se rencontre très souvent au revers de ces tétradrachmes, plus ou moins profonde, suivant les cas, transformant peut-être ces monnaies en hacksilber (lingots dont la seule valeur repose sur le poids et le titre). Les tétradrachmes au type et au nom de Philippe II recèlent de nombreuses pépites qui ne demandent qu’à être découvertes et des filons monétaires à exploiter. Il reste encore un travail considérable à effectuer sur ces monnayages aux tournants des quatrième et troisième siècles avant notre ère. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT CASSANDRE DERRIÈRE PHILIPPE II DE MACÉDOINE

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