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Bulletin Numismatique n°244 24 Un tétradrachme d’argent d’Alexandre est souvent donné dans les catalogues de vente pour Alexandre III le Grand (336-323 avant J.-C.), donc frappé du vivant du conquérant. En fait, il n’en est rien. La plupart de ces pièces sont posthumes et ont été frappées après sa mort, et même parfois très longtemps après celle-ci, jusqu’au Ier siècle avant J.-C. Comment distinguer ces tétradrachmes, ceux qui ont été frappés du vivant, de tous les autres ? Nous allons vous donner quelques techniques afin de faire le tri. Le monnayage au nom d’Alexandre le Grand ne débute pas avant la prise de Tarse en 333 avant J.-C., dont il s’inspire pour les revers, du statère dit de « Mazaios » avec Baaltars au revers. Le monnayage d’argent au nom du basiléos (ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ) ne peut pas commencer avant cette date. Les productions avant les grandes batailles (Arbelès 333 et Gaugamèles 331 avant J.-C.) ont dû être sporadiques. C’est la prise de Babylone et des principales villes de l’empire Achéménide de Suse, Perspépolis ou Bactres qui marquent le début des frappes intensives qui perdurent jusqu’à la mort d’Alexandre en 323. Ces tétradrachmes d’argent ont la particularité de présenter les jambes de Zeus aétophore parallèles et plutôt croisées après cette date, voire 320 avant J.-C., comme l’a mis en lumière E. T. Newell grâce au trésor de Demanhour (IGCH 1164, TPQ 320-317 avant J. – C., TPQ = Terminus Post Quem). Les pièces sont sur des petits flans épais avec des diamètres de 25 mm environ. Peu avant ou après la mort du conquérant, le titre de B fait son apparition au côté du nom du roi. Les tétradrachmes les plus nombreux sont frappés entre la mort d’Alexandre et le dernier des Épigones (successeurs des Diadoques = généraux d’Alexandre). Cependant, la frappe au type et au nom d’Alexandre va continuer en Macédoine pour les souverains macédoniens ainsi que dans le royaume Séleucide, mais aussi dans les cités qui utilisent ce type de monnaie pour conserver une partie de leur autonomie. C’est la paix d’Apamée en 188 avant J.-C. et la fin de la domination Séleucide qui sonnent le glas de la frappe des « Alexandres ». Les derniers grands trésors, ceux de Tell Kotchek, en Mésopotamie (IGCH 1773) et de Kirikhan en Cilicie (CH 1, 87) sont enfouis dans la décennie 150-140 avant J.-C. Cependant les derniers tétradrachmes se rencontrent dans les trésors des contours de la mer Noire. Nous avons un « hapax » pour ces trésors, celui de Suse (IGCH 1812) dont le TPQ est fixé au début du Ier siècle avant J.-C. À partir du début du IIIe siècle, si la masse des tétradrachmes reste stable, les diamètres vont avoir tendance à s’agrandir de 24 mm sous Alexandre à plus de 35 mm au IIe siècle, et l’étalon attique (poids théorique 17,28 g) va avoir tendance à se replier d’abord autour de 17,00 g, puis à se réduire autour de 16,80g au moment de la paix d’Apamée en 188 avant J.-C. Mais pour Philippe V (221-179 avant J.-C.) ? Ces tétradrachmes sont frappés au début du règne (c. 220-218 avant J.-C.) pour l’atelier de Pella (MP 633-641) dont notre exemplaire avec un trépied dans le champ à gauche. La datation de 180 avant J.-C. a été remontée au début du règne. Le titre de ces monnaies est de plus 95 % d’argent d’après les analyses du DMMA de la BnF de Paris. Longtemps placé à la fin du règne de Philippe V, voire de son fils, avec une datation possible dans les années 170-160 avant J.-C. (S. Kremydi Alexander under the Late Antigonids), notre type, d’après S. P. Noe, aurait été présent dans le trésor de Corinthe de 1938 (IGCH 187) avec un enfouissement compris entre 220 et 215 avant J.-C., au moment où Philippe V balançait entre Rome et Carthage. Philippe V de Macédoine (223-179 avant J.-C.) Monnayage au nom et au type d’Alexandre III le Grand (336-323 avant J.-C.) Philippe V accéda au trône après la mort d’Antigone Doson en 221 avant J.-C. Il est le fils de Démétrius II (239229 avant J.-C.). Ayant eu la maladresse de soutenir ostensiblement Carthage et de s’allier avec Antiochus III, il fut battu par les Romains du Consul Flaminius en 197 avant J.-C. à Cynoscephales et dut laisser proclamer la liberté des Grecs l’année suivante aux Jeux isthmiques. En 183 avant J.-C., il fonda la ville de Perseis. Son fils, Persée, lui succéda en 179 avant J.-C. Tétradrachme, Macédoine, Pella, c. 220-218 avant J.-C. (Ar, 16,02 g, 28 mm 12 h) (Étalon attique réduit, poids théorique : 17,00 g ; 4 drachmes) A/ Anépigraphe Tête d’Héraklès à droite, coiffée de la léonté. R/ ΑΛΕΞΑΝΔΡοΥ / B (d’Alexandre). Zeus aétophore, les jambes croisées, assis à gauche sur un siège avec dossier, nu jusqu’à la ceinture, tenant un aigle posé sur sa main droite et un long sceptre bouleté de la gauche ; dans le champ à gauche, un trépied. M 1151 – Copenhague 758 - MP 633 – HGCS 3.1/ 1054 Monnaie idéalement centrée des deux côtés. Très beau portrait d’Héraklès ainsi qu’un revers agréable, bien venu à la frappe. Patine grise. Très rare. TTB+ 400€/ 800€ QUAND PHILIPPE V DE MACÉDOINE SE CACHE DERRIÈRE ALEXANDRE LE GRAND

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