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Bulletin Numismatique n°244 23 Alexandre, en mourant en juin 323 avant J.-C. à Babylone, n’avait pas pris de décision successorale, mais Roxane, sa femme, était enceinte. Un conseil de régence fut organisé. Mais très vite, Diadoques et Épigones se déchirèrent pour prendre possession de l’héritage du conquérant. Ils se proclamèrent rois (basileis). C’est finalement Ptolémée qui s’empara de la dépouille d’Alexandre entre Babylone et Aigai (Vergina) où il aurait dû reposer près des autres souverains de la dynastie des Argéades. Ptolémée installa le Sôma (corps) à Memphis, puis momifié, il le transporta à Alexandrie, non loin du Phare. Il y construisit un mausolée. Ptolémée II, fils et successeur de la dynastie Lagide, en fait un outil de propagande à son profit et à celui de ses successeurs. Il sera visité par de nombreux empereurs romains dont Auguste, Hadrien et Caracalla. Alexandre, en entrant en Égypte en 332 avant J.-C., ne s’était pas présenté comme un conquérant, mais comme le descendant des pharaons. Lors de son passage dans l’oasis de Siwa où était vénéré le culte de Zeus Amon, sa conquête fut légitimée par les prêtres de l’oracle d’Amon qui virent en lui le fils du dieu, prophétie que sa mère Olympias lui avait déjà inculquée depuis son enfance. C’est ainsi qu’Alexandre est représenté sur le monnayage de Lysimaque, cornu et diadémé, divinisé. C’est un moyen d’affirmer son pouvoir et de rattacher sa filiation divine, le liant au basiléos décédé. Le choix par Lysimaque de cette « imago » n’est pas anodin et sans raison. Il veut reconstituer l’unité de l’Empire autour de sa personne. Son rêve sombre dans sa défaite à la bataille de Couroupédion en 281 avant J.-C., avec le mythe de l’unité. On considère que ce type est le premier qui reprend les traits réels d’Alexandre si on considère que le type à l’Héraclès n’est pas iconique et ne représente pas ceux du monarque macédonien. Après la mort de Lysimaque, la plupart des cités abandonnent la référence, excepté les ateliers de la Propontide, mais ce type reviendra en force à la fin du IIIe siècle avant J.- C. et sera copié ou imité jusqu’à la fin du Ier siècle avant J.-C., en particulier par les ateliers qui entourent la mer Noire. Quant à l’atelier de Lampsaque, un écart de dix ans sépare M. Thompson et D. Hoover pour l’introduction du type pour l’atelier Mysien entre 297/296 et 287/286 avant J.-C. La frappe semble s’arrêter avec la mort de l’avant-dernier des Diadoques pour Lampsaque. THRACE - ROYAUME DE THRACE – LYSIMAQUE (323-301-281 avant J.-C.) Monnayage au nom et au type de Lysimaque Lysimaque (c. 360-281 avant J.-C.) était l'un des principaux généraux d'Alexandre. Après la mort du génial conquérant le 14 juin 323 avant J.-C., un combat fratricide opposa les Diadoques, ses successeurs. Lysimaque, d'abord favorable à la survie de l'Empire, soutient Antipater avant de devenir indépendant en 315 avant J.-C., recevant l'administration de la Thrace. En 306 avant J.-C., après la bataille navale de Salamine de Chypre, Lysimaque, imitant Antigone le Borgne, son ennemi irréductible, prend le titre de roi (Basileos), tous deux suivis par Démétrius, Ptolémée, Séleucus et Cassandre. Alliés ensemble à Ptolémée, ils écrasent Antigone qui meurt à la bataille d'Ipsos en 301 avant J.-C. C'est la naissance du royaume de Thrace et le début du monnayage personnel de Lysimaque. Il doit lutter contre Démétrius en Macédoine et en Thrace. Après 288 avant J.-C., il reste le plus puissant des monarques régnant sur l'Europe et l'Asie Mineure. Lysimaque, âgé de 80 ans, trouve la mort à la bataille de Couroupédion, en 281 avant J.-C. Tétradrachme, Lampsaque, Mysie, 297/296 – 281/280 avant J.-C. (Ar, 16,73 g, 31 mm, 12 h) (étalon attique, poids théorique : 17, 28 g, 4 drachmes) A/ Anépigraphe Tête divinisée d'Alexandre le Grand sous les traits de ZeusAmmon, cornu et diadémé à droite. R/ ΒΑΣΙΛΕΩΣ// ΛΥΣΙΜΑΧΟΥ// (ΔΞ) (du roi Lysimaque). Athéna nicéphore assise à gauche sur un trône, tenant une petite Niké de la main droite qui couronne le nom de Lysimaque, le coude gauche reposant sur un bouclier orné d'un masque de lion ; à l'exergue, un croissant tourné à gauche. M 399 - SB cf. 2636 = coll. Pozzi 1175-1176 – Gülnar II, 2613 – HGCS 3.2/ 1750b M. Thompson, The Mints of Lysimachus, Essays Robinson, p.163-182, n° 49 - M. Thompson, Armenak Hoard, MN.31, n° 723. Magnifique exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Revers finement détaillé. Très joli portrait, bien venu à la frappe. Patine grise avec de légers reflets dorés. Rare. SPL 1 200€/ 2 000€ L’atelier de Lampsaque était l'un des plus importants de Lysimaque. Après la mort du Diadoque, la frappe cessa, mais reprit après 225 avant J.-C. d'après les travaux d'Henri Seyrig, Parion au 3e siècle avant notre ère, ANS, Centenial Publication, New York, 1958, p. 603-625, pl. XL – XLII. Le lecteur, s’il ne doit avoir qu’un portrait d’Alexandre le Grand, privilégiera celui de Lysimaque, d’une plasticité et d’une beauté sans pareilles avec ses cheveux flottants au vent et cette corne de bélier qui s’insère dans la chevelure comme si elle était une composante intrinsèque du buste. Cette beauté figée dans l’expression et le temps est encore renforcée par l’aspect du flan et la patine qui recouvre l’exemplaire, et bien entendu, l’état de conservation qui permet d’examiner jusqu’à la pupille de l’œil et fait que le portrait semble s’animer et prendre vie sous notre regard. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT * Dans la boutique Grecques de Cgb.fr, vous avez actuellement plus de 60 monnaies en vente en ligne tant en argent qu’en bronze, mais vous n’avez que quatre tétradrachmes avec la tête d’Alexandre divinisé, mais aucun de la qualité proposée dans la Live Auction du 24 septembre 2024. LYSIMAQUE : ALEXANDRE DIVINISÉ

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