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Bulletin Numismatique n°244 22 Pourquoi avons-nous choisi ce titre ? Ce type est très particulier et semble un « hapax » dans le monnayage de Lysimaque, s’il doit rester attribué à ce dernier. De même pour la dévolution de son atelier, ce type est donné à Lysimachia (Lysimacheia) depuis les travaux de M. Thompson, mais aujourd’hui remis en question. Ce divisionnaire, de par son iconographie, appartient typiquement au monnayage macédonien, bien référencé pour les ateliers de Pella et d’Amphipolis dans les travaux de G. Le Rider, frappé dès les années 342/341 – 337/336 avant J.-C., puis dans les années 323/322 – 315 avant J.-C. pour Pella et 323/322-315 avant J.-C. pour Amphipolis au nom de Philippe. C’est l’une des raisons pour lesquelles D. Hoover a assigné cette dénomination à l’atelier d’Amphipolis pour la période comprise entre 323/322 et 315 avant J.-C. Il l’attribue à Cassandre (317-297 avant J.-C.), mais à cette date, ce dernier ne contrôlait pas encore la Macédoine. Il n’en devient maître qu’après l’assassinat de Philippe III Arhidée (317 avant J.-C.) et avant celui d’Alexandre et de sa mère, Roxane (310/309 avant J.-C.). Le protomé de lion est souvent utilisé dans les ateliers asiatiques, mais c’était aussi l’épisème, avant sa destruction, de la cité de Cardia, dépeuplée par Lysimaque et refondée sous le nom de Lysimachia. Ce serait donc en réalité le tout premier monnayage frappé par Lysimaque qui a pris le titre de Basileos en 306/305 avant J.-C. Ce type serait frappé entre cette date et la bataille d’Ipsos ou Lysimaque et ses alliés triomphent du vieil Antigone le Borgne qui trouve la mort dans ce conflit. Ce type est normalement décrit comme un tétrobole d’étalon thraco-macédonien ou chalcidique et comme un pentabole d’étalon attique. L’ensemble de ces données doit nous amener à réfléchir et à rester prudent, mais ce type unique dans le monnayage suscite beaucoup d’intérêt et de controverse. Monnayage au nom et au type de Philippe II Lysimaque (323-281 avant J.-C.) Satrape (323 - 306/305 avant J.-C.) – Basileos (306/305 – 281 avant J.-C.) Monnayage au type de Philippe II de Macédoine et au nom de Lysimaque Lysimaque (c. 360-281 avant J.-C.) était l’un des principaux généraux d’Alexandre. Après la mort du génial conquérant le 14 juin 323 avant J.-C., un combat fratricide opposa les Diadoques, ses successeurs. Lysimaque, d’abord favorable à la survie de l’Empire, soutient Antipater avant de devenir indépendant en 315 avant J.-C., recevant l’administration de la Thrace. En 306 avant J.-C., après la bataille navale de Salamine de Chypre, Lysimaque, imitant Antigone le Borgne, son ennemi irréductible, prend le titre de roi (Basileos), tous deux suivis par Démétrius, Ptolémée, Séleucus et Cassandre. Allié à Ptolémée, ils écrasent Antigone qui meurt à la bataille d’Ipsos en 301 avant J.-C. C’est la naissance du royaume de Thrace et le début du monnayage personnel de Lysimaque. Il doit lutter contre Démétrius en Macédoine et en Thrace. Après 288 avant J.-C., il reste le plus puissant des monarques régnant sur l’Europe et l’Asie Mineure. Lysimaque, âgé de 80 ans, trouve la mort à la bataille de Couroupédion, en 281 avant J.-C. Cinquième de tétradrachme, Thrace, Lysimacheia, 306-305 - 301/300 avant J.-C. (Ar, 2,56 g, 14,5 mm, 5 h) (étalon thraco-macédonien, poids théorique : 2,88 g ; pentobole attique ou tétrobole thracomacédonien). A/ Anépigraphe Tête d’Apollon à droite, coiffé de la tainia. R/ Λ-Υ (Λυσιμαχια) (Lyismaque). Cavalier nu galopant ; sous le cheval, protomé de lion bondissant à droite ; à l’exergue un épi de blé couché à droite. ANS cf. 829 – MP P 5A - HGCS 3. 2/ 1746 M. Thompson, The Mints of Lysimachus, Essays Robinson, p.163-182, n° 3 - Boston Museum n° 821 Magnifique exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Portrait d’Apollon finement détaillé. Joli revers. Patine grise avec de légers reflets dorés. Très rare. SPL/ SUP 600€/ 1200€ Ce type monétaire est servilement copié ou emprunté au monnayage macédonien de Philippe II de Macédoine (359-336 avant J.-C.) père d’Alexandre le Grand et ami de Lysimaque. Lysimaque se tailla un domaine sur mesure en s’opposant en particulier à Antigone le Borgne dès 312 avant J.-C. Cardia, cité importante, fut fondée par des colons Milésiens sur la côte Thrace. La cité fut finalement détruite par Lysimaque en 309 avant J.- C. avant d’être reconstruite sous le nom de Lysimachia et devint la capitale du diadoque. La cité contrôlait le commerce qui transitait dans la région entre la mer Égée et le Pont-Euxin. En choisissant un modèle emprunté au monnayage de Philippe II de Macédoine, Lysimaque se place bien en successeur du monarque macédonien. Il n’ose pas encore prendre le titre de roi (basileos), ce qu’il fera à partir de 306/305 avant J.-C. En copiant le cinquième de statère de Philippe qui commémorait comme le tétradrachme, sa victoire aux Jeux olympiques de 356 avant J.-C., l’année de la naissance d’Alexandre le Grand, il se pose en digne successeur de ce dernier. Le fait de placer seulement les deux premières lettres de sa nouvelle capitale éponyme confirme ses ambitions à succéder au trône de Macédoine, ce qu’il fera à partir de 288 avant J.-C. et l’éviction de Démétrius Poliorcète. Le petit protomé de lion placé sous le cheval rappelle le monnayage de Cherronesos et de sa pérée, monnayage qui avait débuté au Ve siècle avant J.-C. à Cardia. Ce type qui passe souvent inaperçu est en fait très rare et mérite toute notre attention. Comme vous pouvez l’imaginer, avec sa légende énigmatique, ce cinquième de tétradrachme n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT *Actuellement sur la boutique Grecques de Cgb.fr, vous pouvez choisir parmi dix-sept tétroboles de Philippe III Arrhidée. CINQUIÈME DE STATÈRE DE LYSIMAQUE : UN FAUX FRÈRE !

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