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Bulletin Numismatique n°244 20 Les Dioscures (Dioskoiroi, jumeaux : Castor = Kastor et Pollux = Poludeuses) sont les fils de Zeus et de Léda. Pour s’accoupler à Léda, Zeus a pris la forme d’un cygne. Dans d’autres traditions Castor est le fils de Tyndare, mari de Léda, et donc mortel tandis que Pollux est bien celui de ZeusZeus. Tous deux auraient été fécondés successivement la même nuit. Les deux frères sont inséparables. Ils se joignent aux Argonautes partis à la conquête de la Toison d’or. Castor trouve la mort en combattant et son frère pour ne pas se séparer de lui décide de se partager entre le monde des morts et l’Olympe un jour sur deux. Dans certains cas, ils sont considérés comme Sauveurs (Swthres). À Tripoli, d’origine sémitique, ils représentent aussi les Cabires (Kabeiroi), divinités chtoniennes, originaires d’Asie Mineure. PHÉNICIE – TRIPOLIS (IIe-Ier siècle avant J.-C.) Tripoli du Liban, l’antique Tripolis, fut fondée conjointement par trois des principales cités de Phénicie : Arados, Sidon et Tyr. Elle était placée à mi-distance sur la côte entre Arados et Byblos. La cité n'obtint son autonomie que tardivement à la fin du IIe siècle avant J.-C., en 112-111 avant J.-C., bien que des monnaies soient déjà connues dès le début du IIe siècle avant J.-C. La cité semble être restée indépendante jusqu'en 84-83 avant J.-C., moment où la cité fut conquise par Pompée. En 50 avant J.-C., elle est sous la domination lagide de Cléopâtre VII Théa avant d'échoir à Marc Antoine en 41-40 avant J.-C. Après avoir adopté l'ère pompéienne en 64 avant J.-C., elle prit l'ère actienne à partir de 31 avant J.- C. Tétradrachme stéphanophore, Tripolis, Phénicie, 104-103 avant J.-C. (Ar, 15,02 g, 28,50 mm, 12 h) (étalon aradien, poids théorique : 15,50 g, 4 drachmes ou 24 oboles) A/ Anépigraphe Bustes accolés des Dioscures laurés et drapés à droite, surmontés chacun d’une étoile ; le tout entouré de la stemma. R/ ΤΡΙΠΟΛΙΤΩΝ/ ΤΗΣ ΙΕΡΑΣ ΚΑΙ// ΑΥΤΟΝΟΜΟΥ/Γ/ ΗΖ/ΘΣ (de Tripoli la sainte et autonome, an 3 et 209) ? Tyché tourelée debout à gauche, vêtue du chiton, tenant un timon de la main droite et une corne d’abondance de la main gauche ; le tout dans une couronne de laurier. BMC 3 – GC 3050 –Copenhague 270 – Dewing 2667 – RQEMH 311 – DCA 715/209 – DCA 2 903/ 3 HGCS 10 / 305 F. de Callataÿ, Les tétradrachmes hellénistiques de Tripolis, NAC. 22, 1993, p. 111-126, pl. 1-3, p. 112 (A/ 1 – R/2, cet ex.) Exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Jolis bustes, bien venus à la frappe. Revers à l’usure régulière. Patine grise avec de légers reflets dorés. Très rare TTB+/ TTB 950€/ 1 800€ Cet exemplaire provient de la vente Kricheldorf 30, du 5-6 avril 1976, n° 197. Cet exemplaire est illustré dans l’article de F. de Callataÿ, p. 112 (A/ 1 - R/ 2, n° a, pl. I). Sur ce tétradrachme, la stemma n’est pratiquement pas visible. Nous avons une double datation en ère séleucide (an 209) à l’exergue et ère tripolitaine (an 3) dans le champ à gauche qui correspond à l’année 104-103 avant J.-C. L’année de l’ère séleucide est fausse. Tripolis s’émancipa de la tutelle séleucide d’Antiochus VIII Grypus en 112-111 avant J.-C. (an 201 de l’ère séleucide) et obtint l’autonomie en 105 avant J.-C. Commence alors un monnayage autonome au nom de la cité qui dura dix-huit ans. Les dernières pièces sont de cette année-là (95-94 avant J.-C.). F. de Callataÿ a répertorié au total 85 exemplaires pour huit coins de droit et trente coins de revers. Pour l’an 3, nous avons trois coins de droit et neuf coins de revers pour 41 exemplaires. L’indice charactéroscopique (n/d) (13,66) est excellent. Ce premier indice est confirmé pour les revers avec 30 coins soit un indice de 2,83. Lié au coin de droit A1, nous n’avons qu’un unique singleton (représenté par un seul coin de revers (R2), notre exemplaire. Sur 85 exemplaires recensés dans l’étude, plus de 48 % proviennent de notre combinaison qui constitue l’émission inaugurale de l’atelier. Cependant, E. Cohen (DCA 2) place une émission basée sur l’ère séleucide, recensée pour deux années, 201 et 209, alors qu’ensuite la cité utilise l’ère de la cité. Mais néanmoins, nous pourrions avoir sur notre exemplaire une double datation en ère séleucide et locale. Quand à O. D. Hoover, il retient une double datation, la première en tenant compte de l’ère locale (an 3), et en place la fabrication entre 103/102 et 94/93 avant J.-C. Le poids modal de 34 exemplaires est compris entre 15,20 g et 15,29 et la médiane est fixée à 15,11 g pour un poids théorique de 15,50 g environ pour l’étalon aradien (d’Arados), très proche de ceux des cités d’Arados et de Laodicée à la même époque. Quant aux diamètres des monnaies de l’an 3 il varie de 26 à 29 mm pour 15 exemplaires, soit une moyenne de 28 mm. Notre exemplaire n’est donc pas si petit que cela et souvent la stemma (bandelette de laine entourant les Dioscures) est souvent absente ou incomplète ! Ce type qui peut sembler anodin au premier abord est en fait très intéressant, et grâce à l’article de F. de Callataÿ, nous avons pu tracer son pedigree et retrouver notre exemplaire provenant d’une vente de près de cinquante ans (1976). Pour les monnaies antiques, la recherche de la provenance apporte une plus-value certaine aux exemplaires qui en sont pourvus. La recherche de ces pedigree dans les catalogues de vente ou sur Internet est devenue pratiquement un sport et certains professionnels se sont spécialisés dans leur recherche. Aujourd’hui quand vous acquérez une monnaie antique, le pedigree ne doit pas être le déclencheur de l’achat, la cerise sur le gâteau. Vous achetez avant tout une monnaie ! Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT LES DIOSCURES À TRIPOLIS

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