Bulletin Numismatique n°244 18 Quand on examine un statère d’or avec la tête d’Apollon au droit et le bige au revers, les numismates pensent immédiatement à Philippe II de Macédoine. Ce type fut frappé principalement pour les ateliers de Pella et d’Amphipolis, et a été magistralement publié par Georges le Rider (1928-2014) dans son remarquable ouvrage sur ce monnayage en 1977. Faut-il rappeler que ce type serait frappé à la suite de sa victoire aux Jeux olympiques où il participait pour la première fois, lors de la 81e Olympiade en 356 avant J.-C., et où il remporta la palme, grâce à la course de chevaux. Cette même année et pratiquement au même moment, Alexandre, son fils, naissait le 22 juillet. Mais tous les statères d’or ne sont pas de Philippe II, ni des ateliers macédoniens. En effet et comme l’a démontré tout d’abord Ludwig Müller (1809-1891) en 1855 dans son ouvrage consacré aux monnayages de Philippe II et de son fils, le monnayage au nom de Philippe II ne s’arrêta pas en 336 avant J.-C., au moment où il était assassiné. Il fut frappé en Macédoine jusqu’au début des années 320 sous Alexandre le Grand. Il fut pour le grand conquérant le premier monnayage avant la création de son propre type à la tête d’Athéna au droit et à la Niké au revers avec la stylis après sa victoire et la prise de Tyr en 332 avant J.-C. Philippe III Arrhidée, le demi-frère de l’Argéade, reprit le monnayage de son père et après son assassinat en 317 avant J.-C., ses successeurs en Macédoine, dont Cassandre le reprendront également et ce jusqu’au début du IIIe siècle avant J.-C. Cependant, outre les ateliers macédoniens déjà précités, des ateliers asiatiques, en particulier Lampsaque et Abydos, frappèrent des statères d’or, nommés philippoi (Filippoi) dans les textes, mais pas seulement puisque on les rencontre aussi pour Magnésie du Méandre, Téos ou Colophon par exemple. Sardes et Milet n’ont pas produit de statères au nom de Philippe. Ce sont d’ailleurs ces statères d’or asiatiques qui ont été imités par les Celtes, dont les principaux prototypes ont étés au départ servilement copiés sur des exemplaires des ateliers de Lampsaque ou d’Abydos avant d’être partiellement puis totalement réinterprétés (cf. LIVE AUCTION, 24 septembre 2024, bga_934779). Pour les atelier de Lampsaque et d’Abydos, nous avons la très belle monographie de Margaret Thompson, Alexander drachm Mints II : Lampsacus and Abydus, ANS, NS 19, New York 1981. Dans cet ouvrage, pour l’atelier de Lampsaque, les statères au nom de Philippe débutent avec la 6e série (n° 109-126) puis avec la 7e série (n° 153-164), se continuent avec la 8e (n° 165169) et la 9e et ultime série (n° 171-172. Notre exemplaire appartient à la sixième série, mais présente une variété de revers qui ne semble pas recensée, qui appareille les restes de la tête de face (n° 109-120, mais associé au serpent enroulé, caractéristique des exemplaires n° 121 à 126). ROYAUME DE MACÉDOINE - ROYAUME DE MACÉDOINE - PHILIPPE III (323-316 avant J.-C) Monnayage au nom et au type de Philippe II de Macédoine Philippe, fils de Philippe II et demi-frère d’Alexandre, n’avait pas toute sa raison. À la mort du conquérant et devant la carence du pouvoir, afin de maintenir la fiction de l’unité de l’Empire, il fut proclamé roi, mais en fait, il n’avait aucun pouvoir. Il fut assassiné à l’instigation d’Olympias, la mère d’Alexandre, en 316 avant J.-C Statère d’or, Lampsaque, Mysie, c. 323-317 AC. (Or, 8,55 g, 19 mm, 6h) (20 drachmes) A/ Anépigraphe Tête laurée d’Apollon à droite avec baies dans la couronne. R/ ΦΙΛΙΠΠΟΥ Φιλιπου,(de Philippe) Bige galopant à droite, conduit par un aurige, tenant les rênes et le kentron ; au-dessous du bige, une tête d’Hélios et un monogramme ou plutôt un serpent enroulé. M – Copenhague 532 - ANS 283 – Le Rider 24 var., pl. 93 – M. Thompson ADM 116 et suivants, pl. 5 Superbe exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Portrait de toute beauté, finement détaillé. Patine de collection Très rare. SPL 5 000€/ 8 000€ Notre exemplaire semble de même coin de droit que les exemplaires du numéro 116 de l’ouvrage de M. Thompson. Sur cet exemplaire qui semble indiscutablement de l’atelier de Lampsaque, nous semblons bien avoir les restes d’une tête humaine, précédée d’un objet ou de la fin de la jambe du second cheval du bige accompagné d’une cassure de coin, mais derrière la tête, plutôt qu’un monogramme, nous semblons bien distinguer un serpent enroulé sur luimême et dans ce cas cette variété ne serait pas signalée ! Dans son corpus, Margaret Thompson, pour la sixième série associée au monogramme (alpha & gamma) avec la tête (n° 109120), a recensé 27 combinaisons au total avec plusieurs liaisons de coins entre les droits et les revers. Les photos de la publication ne permettent pas toujours une vérification assurée. Notre exemSTATÈRE D’OR : UN PHILIPPE PEUT EN CACHER UN AUTRE
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