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Bulletin Numismatique n°243 48 Un dessin passé récemment en vente a interpellé l’un d’entre nous. Sa composition lui a rappelé les esquisses réalisées par Augustin Dupré (1748-1833) pour les travaux préparatoires de la mort de Milon de Crotone qui sont rassemblés dans le Franc d’Augustin Dupré, aux pages 988-989. Cet ensemble de dix dessins est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de France (BnF) pour six d’entre eux, un autre se trouve dans les collections historiques de la Monnaie de Paris (MdP), et enfin trois se trouvent au musée des Arts Décoratifs (MAD). Tous, excepté un, présentent différentes phases préparatoires de la mort de Milon de Crotone (c. 552- après 510 avant J.-C.). Ce dessin inédit d’Augustin Dupré semble plus abouti que les différents dessins préparatoires et avoir été également réalisé dans la première période de la carrière de l’artiste entre 1778 et 1782, période où il appartenait à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture, comme « protégé » par le sculpteur Jean-Antoine Houdon (1741-1828). En plus de son travail chez un joaillier, il y suit des cours de deux heures par jour (en hiver de 15 à 17 h et en été de 18 à 20 h), six jours sur sept. La mort de Milon de Crotone connaît deux versions bien différentes. Dans la première, il aurait péri dans l’incendie criminel de sa maison où les pythagoriciens se réunissaient à Crotone lors d’une rixe. Nous reviendrons sur ce point. La seconde est plus mythologique et romanesque et se trouve l’objet de notre représentation. Milon, déjà âgé, alors qu’il serait mort dans la quarantaine en réalité, aurait trouvé, au cours d’un périple en Italie, un arbre mort, un vieux chêne abattu et entrouvert. Il décida d’achever de le fendre à mains nues, mais le lutteur se retrouva prisonnier de l’arbre, ses mains coincées, comme dans un étau. Épuisé, après de vains efforts, il n’arriva pas à se dégager et surtout se trouva incapable de se défendre. Il aurait alors été dévoré par des loups. Une autre version indique que Milon, poursuivi par une meute de ces mêmes animaux, aurait trouvé refuge dans une souche où finalement il aurait été déchiqueté par les loups, son corps découvert au pied d’un arbre. C’est bien cette scène qui semble représentée sur notre dessin, mais c’est un lion qui s’attaque à notre héros. Il faut en rechercher l’origine dans un tableau du Pordenone (14831539), peintre de l’école vénitienne qui a réalisé vers 1535 un AUGUSTIN DUPRÉ & MILON DE CROTONE : UN CLIN D’ŒIL OLYMPIQUE !

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