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Bulletin Numismatique n°243 36 Nous avons déjà eu récemment l’occasion d’évoquer ce Prince dans le Bulletin Numismatique du mois de juin (BN 242, p. 44, à propos des monnaies percées et fourrées). Cette fois-ci, nous vous présentons un denier de Caligula de la première émission de Lyon, frappé au début du règne en 37, dans la période heureuse du Prince avant qu’il ne tombe malade et ne sombre progressivement dans la mégalomanie et la folie qui se termineront par son assassinat le 16 janvier 41. Notre type de denier a bien été frappé à Lyon. Même C. H. V. Sutherland qui conteste une partie des monnaies de Caligula attribue bien les monnaies de la première émission à l’atelier gaulois. Les monnaies d’or et d’argent peuvent avoir été frappées avec les mêmes coins comme le signale J.-B. Giard, n° 157/ 3 (Ar) frappé avec le même coin que le n° 156/ 3 (Or) ou bien encore le 157/ 5 (Ar) et l’aureus 156/ 6. Mais nous avons aussi des liaisons de coins de revers entre le 157/ 2 (Ar) et les 156/ 2 a et b pour l’or, mais aussi le 157/ 4 (Ar) et le 156/ 4 (Or) ou bien encore le 157/ 5 (Ar) avec les aurei 156/ a, b et c. Pour les Aurei de ce type, J.-B. Giard avait recensé, dans son catalogue du musée de Lyon en 1983, 23 aurei avec 17 coins de droit et autant de revers, tandis que pour le denier du même type, il avait recensé 23 deniers avec 19 coins de droit et 20 coins de revers. Les 46 exemplaires recensés aurei et deniers ont été frappés à l’aide de 34 coins de droit et 34 coins de revers, soit un indice charactéroscopique faible de 1,35 (l’échantillon est considéré comme représentatif quand ce chiffre est supérieur à 3). La datation de ces monnaies est aussi sujette à question. Pour l’école anglaise, les monnaies auraient pu être frappées à Lyon dès que l’investiture du Prince fut connue. Tibère est mort à Capri le 16 mars 37 et Caligula, reconnu le 18 mars, il arrive à Rome le 28 mars. D’après Suétone (17, 1), il ne prendrait le Consulat qu’à partir de 1er juillet 37 et le conserverait pendant deux mois, jusqu’au 30 ou 31 août 37 au moment de la dedicatio (dédicace) du Temple du Divin Auguste à Rome (Dion Cassius 59, 7, 1-2). Les deniers non fourrés de Caligula comme ceux de Claude ou de Néron avant la Réforme sont toujours beaucoup plus rares car lourds, ils ont fait l’objet de refonte au moment de la réforme monétaire de Néron en 64. Souvent ces deniers sont fourrés ou ont été percés comme l’exemplaire que nous avons déjà présenté. CALIGULA (18 mars 37 – 24 janvier 41) Caius Cæsar Augustus Germanicus Caligula naît le 31 août 12. Neuvième enfant de Germanicus et d’Agrippine l’Ancienne, il est l’arrière-petit-fils d’Auguste par sa mère, Agrippine l’Ancienne, elle-même fille de Julie. Par son père, Germanicus, fils de Néron Drusus, il est le petit-neveu de Tibère. Il est aussi l’arrière-petit-fils de Marc Antoine et l’arrière petit-neveu d’Auguste par sa grandmère Antonia. Caligula va s’appuyer sur les liens dynastiques pour asseoir sa légitimité. Caligula est très attaché à ses parents. Son père Germanicus est le fils de Drusus senior, frère de Tibère et d'Antonia minore, fille de Marc Antoine et d'Octavie. À l’âge de sept ans, Caligula perd son père, Germanicus (le 10 octobre 19). Sa mère Agrippine, fille de Julie et d'Agrippa, l'élève dans le souvenir de ce père disparu. Le temps passant, elle monte ses enfants contre Tibère, son beau-père, car ce dernier a été le troisième mari de Julie. Elle l'accuse d'avoir fait empoisonner son mari par l'intermédiaire de Pison, gouverneur de Syrie. Tibère finit par prendre sa bru « en grippe » et la fait finalement exiler. Ensuite, il exécute ou relègue les autres enfants de la descendance de Germanicus : Néron et Drusus sont successivement éliminés, Agrippine jeune et Drusilla sont exilées, Agrippine mère se laisse mourir. Tibère ne conserve auprès de lui que Caligula qui finit par lui succéder après avoir fait étouffer son protecteur, comme le rapporte le témoignage de Suétone. Son véritable nom est Caius Caesar. Son surnom lui vient d’une chaussure militaire « caliga » qu'il porte enfant avec son père, à l'armée. Après des débuts prometteurs en 37-38, il périt assassiné en 41 avec sa femme et sa fille. Il est l’un des Douze Césars de Suétone. Denier, Lyon, 1re émission, (mars/ 1er juillet 37 – 31 août 37) (Ar, 3,69 g, 18,50 mm, 8 h) (taille 1/84 L., poids théorique 3,87 g, 95 %) 4 sesterces A/ C CAESAR AVG GERM P M TR POT COS « Caius Cæsar Augustus Germanicus Pontifex Maximus Tribunicia Potestate Consul », (Caius césar auguste germanique grand pontife revêtu de la puissance tribunitienne consul). Tête nue de Caligula à droite (O°). R/ Anépigraphe Tête radiée d’Auguste entre deux étoiles (O). C. 11 (8f.) – RIC – RIC I²/ 2 (R3) – BMC 4 – BNC 7 – Giard Lyon, 157/ (A/ 7b – R/ -) – RCV 1/ 1808 (4460$) Très beau denier frappé sur un flan idéalement centré et très bien venu à la frappe. Une fine usure superficielle, mais de très beaux portraits de chaque côté. Patine grise aux très légers reflets dorés. Très rare. TTB+ 4 000€ Ce type a certainement été le premier frappé pour le règne de Caligula. Il était tout à fait normal que Caligula choisisse le portrait d’Auguste afin de rappeler sa filiation. Le buste du divin Auguste est radié et placé entre les étoiles des Dioscures. Ces étoiles pourraient rappeler les deux frères aînés de Caligula, Néron et Drusus césars ? C’est certainement le plus bel exemplaire que nous ayons eu l’occasion de présenter depuis trois décennies. Les têtes de Caligula et d’Auguste sont bien conservées et de haut relief. Avec deux têtes dont celle du divin Auguste, ces pièces ont rencontré un grand succès auprès du public qui chérissait les héritiers d’Auguste et de Germanicus, appartenant à la double filiation des Julio-Claudiens. Faut-il rappeler que les deniers sont aussi difficiles à trouver que les aurei, même si les deniers se vendent moins cher que leurs homologues en or. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT DENIER D’AUGUSTE ET CALIGULA OU L’INVERSE ?

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