Bulletin Numismatique n°243 28 Quand les Croisés s’emparèrent de Constantinople lors de la quatrième croisade en avril 1204, ils massacrèrent une partie de la population et instituèrent un Empire latin d’Orient (1204-1261). Une partie de la noblesse byzantine réussit à fuir et à se réfugier dans différentes parties de l’Empire. Ce fut le cas de Théodore Ier Comnène Lascaris, qui se réfugia à Nicée où il fonda une principauté qui devait se maintenir pendant un demi-siècle. Théodore était le gendre d’Alexis III Ange Comnène (1195-1203). Il fut couronné empereur de Nicée en 1208. À sa mort en 1122, c’est Jean III, né en 1192, son gendre, marié à Anna Ange, qui prit sa suite. Quand Jean III disparut, son fils Théodore II Ducas Lascaris monta sur le trône pour une courte période (1254-1258). Finalement, le dernier basileos de Nicée, Jean IV Lascaris (1250 - c. 1300) fut déposé à l’âge de onze ans, aveuglé et relégué par Michel VIII Paléologue, arrière-petit-fils d’Alexis III (1155-1195), restaurateur de l’Empire byzantin. Jean III Ducas Vatatzès (1222- 3 novembre 1254) Jean III Ducas Vatatzès ou Jean I de Nicée est le beau-fils de Théodore Lascaris, le fondateur de la dynastie. Il continua l’œuvre de son prédécesseur et fut l’un des plus grands souverains de l’histoire byzantine. Il réussit à contenir ses compétiteurs : l’empereur de Thessalonique, le tsar des Bulgares (Asên II) et l’empire latin dont la vie ne tenait déjà plus qu’à la désunion entre ses ennemis. Épargné in extremis par le déluge mongol, Nicée tira avantage de l’affaiblissement de ses voisins. Malgré les guerres, Jean III releva l’économie du pays et Nicée connut un bien-être comme l’Empire byzantin n’en avait pas eu depuis longtemps. Hyperpère, Ionie, Magnésie, 1225-1250 (Or, 4,49 g, 27 mm, 5h) A/ IC – XC (Jésus Christ) Le Christ trônant de face sur un siège sans dossier, vêtu du pallium et du colombium, bénissant de la main droite et tenant les Évangiles de la main gauche. R/ MR - ΘΥ/ Iω/ ΔΕ/ΣΠ/ - Tων/Π/Φ/Ρ/Γ (mère de Dieu/ Jean despote né dans la pourpre) Jean III couronné par la Vierge nimbée, portant la tunique et le maphorion ; l’empereur porte la stemma, le divitision, le maniakon et le loros simplifié ; il tient de la main droite un labarum et l’akakia de la main gauche. R 2283 - Do – BC 2073 (175€) - DMBR 70/1 (550€) Monnaie centrée des deux côtés. Magnifique revers finement détaillé. Frappe plus brouillée au droit. Patine de collection Rare. TTB+/ SPL 500€/ 950€ Flan scyphate (concave). Les hyperpères de Jean III Vatatzès ressemblent beaucoup à ceux de l'atelier de Thessalonique sous Jean II Comnène. Jean III inclut « porphyrogénète » dans sa titulature, alors qu'il ne peut pas revendiquer une « naissance dans la pourpre ». C'est une marque de l'insistance des souverains de Nicée pour se fabriquer une accession légitime. L'empire de Nicée est le plus important des nouveaux États fondés par les nobles byzantins en fuite près la prise de Constantinople en 1204 par la quatrième croisade. Michel VIII Paléologue mettra fin à cinquante-sept ans de domination latine sur Constantinople en 1261. L’histoire de l’Empire byzantin est complexe après 1204. Divisé en plusieurs principautés dont celles de Nicée en Asie Mineure et de Thessalonique en Grèce sans compter les multiples principautés franques instituées après la chute de Constantinople en 1204. L’histoire de cette période n’en n’est pas moins intéressante numismatiquement, au moment où les monnaies sont plus rares et plus frustes dans leur fabrication, mais aussi souvent beaucoup plus rares ! Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT * Les autres monnaies de cet article sont en vente sur la boutique, Cgb.fr. JEAN III DUCAS VATATZÈS : QUAND BYZANCE ÉTAIT À NICÉE !
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