Bulletin Numismatique n°242 46 Un solidus de Valens pour l’atelier d’Antioche de la prochaine Live Auction a retenu notre attention. Il présente en effet un christogramme (chrisme) qui coupe la légende de revers. Le commun des mortels imagine toujours que l’Empire romain est devenu chrétien après la victoire de Constantin Ier à la bataille du Pont Milvius (Rome) le 28 octobre 312. Après un songe, il aurait placé, d’après Lactance, le chrisme sur ses étendards avec la motto « In hoc signo victor eris », (Sous ce signe tu seras vainqueur) que l’on retrouve sur les monnaies de Vétranio (1er mars – 25 décembre 350). Si l’Édit de Milan, en fait un rescrit, pris par Constantin Ier et Licinius en mars 313, met fin aux persécutions et reconnaît le christianisme, il faudra attendre la fin du IVe siècle pour qu’il devienne religion d’État. D’ailleurs, le 13 décembre 394, Théodose Ier supprime les Jeux Olympiques, considérés comme païens, qui ne seront rétablis qu’en 1896 ! Mais nous nous éloignons du sujet. Le chrisme, plus exactement le nom complet christogramme, est un monogramme ou une combinaison de lettres qui forme une abréviation pour le nom de Jésus Christ, symbole chrétien. Le premier monogramme pour le désigner est inspiré par son titre « Christos » en grec ou l’oint du Seigneur abrégé par les deux lettres grecques X (khi) et P (rhô) formant le binaire XP souvent inscrit dans un cercle ou une couronne, symbole géométrique pour la perfection divine, parfois accosté de la lettre A (alpha) et Ω (oméga), première et dernière lettre de l’alphabet grec de 24 lettres faisant référence à l’Apocalypse de saint Jean (Ap. 24,13) à l’origine et à la fin de toute chose ! C’est donc ce chrisme que le Seigneur aurait invité à placer sur le labarum (étendard romain sur lequel Constantin l’aurait mis) afin d’obtenir la victoire contre son ennemi et beaufrère Maxence (Maxentius) en 312. Dans le remarquable ouvrage édité par William Metcalf, The Oxford Handbook of Greek and Roman Coinage, London & New York, 2012, à la fin de l’ouvrage, dans l’appendix 2, p. 663-666, Richard Abdy donne une liste et un tableau des premiers signes chrétiens. La première attestation dans le monnayage concernerait le multiple d’argent de Constantin Ier en 315 pour l’atelier de Ticinum, placé sur le casque de l’Auguste en position frontale (RIC VII/ 364, 36). Il ferait son apparition sur le bronze l’année suivante pour le même atelier, mais sous la forme d’une petite croix dans le champ du revers (RIC VII/ 366, 43-47). C’est ensuite à l’atelier de Siscia qu’il prend place sur le casque dans les émissions de 318-319 sous la forme d’un chrisme primitif (RIC VII/ 433, 61). Progressivement, à partir des années 320, le symbole se retrouve uniquement sur des monnaies de bronzes (Æ 2 ou 3) dans les ateliers occidentaux de Trèves, Arles et Aquilée, à savoir sur le casque de l’Auguste ou le bouclier de Crispus à Trèves, avant de gagner le revers des différents ateliers à la fin du règne de Constantin Ier avec les émissions GLORIA EXERCITVS en 336-337 où il est entre les deux soldats. Mais, il faut attendre la réforme de 348 à l’occasion du 1 100e anniversaire de Rome pour le voir se propager à l’ensemble des ateliers. À partir de cette date, il envahit le champ du revers et se retrouve partout, sur le labarum ou bien seul, comme sur le monnayage de Magnence et de Décence ainsi que celui de Constance II en 353. De la même manière, ses apparitions sont fugaces sur l’or et l’argent. Il se retrouve sur une série de solidi de l’atelier d’Antioche à partir de 336-337 (RIC VII/ 695, 98-103). Le labarum seul orne le revers d’un nummus de l’atelier de Constantinople au moment de l’ouverture de l’atelier, fiché sur un serpent et VALENS : SOLIDUS DE L’ATELIER D’ANTIOCHE AU CHRISME
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