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Bulletin Numismatique n°242 42 Pourquoi plaçons-nous un point d’interrogation derrière Occident ? Nous pensions que ce tremissis (tiers de sou d’or) devait appartenir au départ aux émissions des ateliers de Rome ou de Ravenne. Mais en reprenant l’étude d’une manière plus approfondie, cette première attribution qui nous semblait la bonne doit au moins être discutée et peut-être remise en question en vue d’une autre attribution. C’est tout le problème que posent ces monnaies en or du Ve siècle après J.-C., où il est parfois difficile de trancher entre ateliers orientaux et occidentaux, entre monnaies officielles ou imitations, monnaies d’Empire ou des royaumes barbares installés sur le territoire en tant que fédérés. Avec cette pièce, nous allons essayer de répondre à ces différentes questions et nous verrons si à la fin de cet article, nous pouvons lever cette interrogation ou bien si nous laisserons notre attribution confirmée, modifiée ou suspendue ! C’est donc à une enquête policière que nous vous proposons de nous livrer à partir des indices que nous possédons. Pour l’étude du monnayage frappé dans les ateliers occidentaux, l’ouvrage de référence reste celui de Guy Lacam, La fin de l’Empire Romain et le monnayage or en Italie 455-493, 2 volumes, Lucerne, 1983. D’autres ouvrages ont bien sûr été publiés depuis. En premier lieu, nous fut livré l’ouvrage de P. Grierson et de M. Mays, Catalogue of Late Roman Coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection from Arcadius and Honorius to the Accession of Anastasius, Washington, 1992. Puis ce fut en 1994 J. P. Kent qui nous offrait le dernier volume du Roman Imperial Coinage (RIC), volume X. The Divided Empire ad the Fall of the Western Parts 395-491, London, 1994. Ces deux ouvrages furent suivis par les trois volumes de G. Depeyrot consacrés aux monnaies d’or de l’Antiquité Tardive avec en particulier le deuxième volume, Les monnaies d’or de Constantin II à Zénon (337-491), Moneta 5, Wetteren, 1996 et son supplément paru en 2004, L’or du Bas-Empire, Inventaire justificatif des tomes 1 et 2, Moneta 40, Wetteren, 2004. Dans le RIC X, Kent, à la page 372, n° 2058-2074, donne une série de tremisses pour les ateliers de Rome ou de Ravenne avec six grandes variétés de revers de la couronne auxquels il ajoute trois tremisses pour l’atelier de Milan (RIC X/ 368, 2029-2031) et deux numéros pour les monnayages non impériaux (RIC X/ 454, 3721-3722). Notre exemplaire avec la légende de droit sans césure : D N PLA VALENTINIANVS PF VG (sic!) pour « Dominus Noster Placidius Valentinianus Pius Felix Augustus » (Notre Seigneur Placidius Valentinien pieux et heureux Auguste) est une titulature fautive. Il manque le A de AVG qui n’est recensé dans aucun ouvrage. Cependant notre légende est proche de celle décrite par Kent (V5) qui comporte le A de AVG. Le buste est classique : Buste diadémé, drapé et cuirassé à droite vu de trois quarts en avant ; le diadème est perlé (A’a), les extrémités des rubans (2) sont bouletées. Une mèche en forme de sigma part de l’oreille et descend dans le cou. C’est la mèche de cheveux qui est stylisée et prend la forme d’une quenouille ou d’une massue. Le cabochon du diadème qui ne présente qu’une grosse perle semble orné d’un décor en forme d’oméga minuscule (ω). Le paludamentum et la cuirasse sont rudimentaires et la fibule d’accroche sur le paludamentum est peu identifiable. Le buste est légèrement stéréotypé avec un œil en amande, une lèvre en V et un nez marqué, proéminent. Avec notre légende et notre buste, nous ne pouvons avoir que les RIC X/ 2029 et 2030 pour Milan, 2059, 2061, 2065 et 2072 pour Rome ou Ravenne et 3722 pour les monnayages non impériaux. C’est donc le revers qui pourrait nous apporter sinon la réponse, du moins un début de solution. Nous avons une croix dans une couronne fermée par une couronne globulée posée sur une base au-dessous de laquelle nous trouvons la marque [C]OMOB. Aucune pièce du RIC X ne correspond à notre exemplaire. Les photos à l’échelle 1 et parfois de qualité moyenne ne facilitent pas la lecture et l’identification. Le RIC X ne nous ayant pas apporté de réponse satisfaisante, nous nous tournons désormais vers l’ouvrage de G. Lacam dont la qualité des photos et des agrandissements est irréprochable. Dans les prolégomènes, nous trouvons à la planche VII-B quatre tremisses pour les ateliers de Ravenne (3), Rome (4), Milan (5) et Arles (6) ainsi que des agrandissements à la planche 8. En examinant attentivement la planche 3 du second volume où sont rassemblés et photographiés l’ensemble des tremisses au nombre de 17 pour les ateliers cités, nous pouvons éliminer ceux des ateliers de Rome, de Ravenne et d’Arles. Pour ce dernier, l’ouvrage récent de P. Ferrando, L’atelier monétaire d’Arles, Arles, 2010 ne retient aucun tremissis. Il nous reste donc en course les ateliers de Milan (n° 45 et 46) et les tremisses attribués par l’auteur aux Wisigoths (n° 51 et 52). VALENTINIEN III : UN TREMISSIS POUR L’OCCIDENT ?

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