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Bulletin Numismatique n°242 41 la main gauche les Évangiles, qui sont plus ou moins richement décorés sur leur reliure. Pour comprendre, allez voir les Évangéliaires de Saint-Denis conservés aujourd’hui au musée de la BnF (ancien Cabinet des médailles) et vous saurez alors ce que « richement décoré » signifie ! Un sixième représente le Christ, cette fois-ci en buste (en gloire) mais dans la même attitude, souvent nommé Pentocrator et symbolisant le luxe des édifices religieux byzantins. En avons-nous fini ? Non point. La septième représentation, si nous n’avions pas son nom inscrit en grec (ΜΡ - ΘΥ) de chaque côté, pourrait nous laisser croire que c’est encore Lui. En effet, c’est bien de la Mère de Dieu dont il s’agit, comme elle est décrite dans la liturgie byzantine. Mais sur certaines d’entre elles, le nom de son fils était aussi inscrit dans le métal précieux (IC – XC). Avons-nous terminé avec les avers ? Il semble bien que oui ! Tournons-nous maintenant vers les revers. Vont-ils présenter la même unité ou au contraire nous livrer un message diamétralement différent ? Nous pourrions faire une réponse de normand. Si la deuxième proposition s’impose à notre vue, l’ensemble du message reste tourné vers Dieu, même si celuici peux sembler un peu différent. Au droit, c’est Jésus ou ses représentants, sa mère ou les Saints qui nous regardent et nous observent dans une représentation hiératique. Au revers le Basileos est figuré avec ses attributs du pouvoir, religieux et emblèmes militaires ou régaliens de ce pouvoir qui ne sont jamais éloignés ni absents. Le divin accompagne le Basileos. Il est souvent béni ou couronné par la Mère de Dieu quand son fils orne le droit et autrement quand il est seul, c’est la main de Dieu qui sort des nuées qui vient accomplir cette mission, rappelant certains solidi du Ve siècle de notre ère. L’empereur n’est jamais seul dans son périple. Seul un saint accompagne Manuel Ier Comnène dans son voyage cosmique, en l’occurrence, Saint-Théodore, son protecteur. Si nous nous penchons maintenant sur les attributs dont son parés nos personnages. Le métal utilisé pour les mettre en valeur, ici l’or et l’électrum, renforce la pompe et le cérémonial qui ont fait la gloire de l’Empire byzantin, mais donne une impression d’effigies figées dans le métal, enfermées dans leurs costumes cérémoniels comme des icônes, au sens profane du terme. Le Basileos est couronné, mais pas avec n’importe quel emblème. C’est le diadème, stemma, hérité des monarques hellénistiques dont il est paré, revu au prisme de l’Antiquité Tardive avec des perles et des gemmes et toujours surmonté d’une croix. Ses « regalia » sont principalement le globe crucigère (surmonté d’une croix souvent richement ornementée), l’akakia ou anexikakia, utilisé lors des cérémonies, cylindre de soie pourpre contenant de la poussière censé rappeler à celui qui le tient son rôle éphémère et sa nature mortelle. Outre l’un ou l’autre de ces symboles, le Basileos tient seul ou avec la divinité le Labarum, signe que Dieu a confié à Constantin Ier le Grand à la veille de la bataille du Pont Milvius, le 28 octobre 312, qui lui promettait la Victoire et l’Empire si ce dernier plaçait sur le vexillum (l’étendard) le chrisme (monogramme grec du Christ). Si les vêtements que porte Jésus Christ, chiton et himation ou pallium (manteau) et colombium (tunique sans manche) dans la liturgie christique ainsi que ceux de la Mère de Dieu avec le pallium et le maphorion (manteau de la Vierge) sont identiques, la tenue du Basileos enrichie de pierreries est lourde de sens et de poids avec au choix : loros (écharpe de 6 à 8 m de long), saccos ou divitision (longue tunique de soie portée sous le loros) et maniakon (torque). Après la lecture de cet article, nous espérons que vous ne regarderez plus jamais les monnaies byzantines avec le même œil. Vous l’aurez compris, ces pièces qui semblent au premier abord standardisées recèlent en réalité de véritables trésors et pas seulement au sens figuré du terme. Ces monnaies diffusent un message qui ne demande qu’à être traduit et réinterprété. La riche iconographie des monnaies propose une lecture renouvelée à la fois du monnayage et de l’histoire de l’art. Véritables chefs-d’œuvres au même titre que les icônes, les monnaies sont les reflets d’une civilisation qui ne demande qu’à livrer ses secrets et ouvrir les portes de son imaginaire sanctifié. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT BYZANCE HISTAMENON NOMISMA, ASPRON TRACHY, HYPERPERE : MÊME COMBAT Lm 309 : 69€ Lb 49 : 65€

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