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Bulletin Numismatique n°242 40 Quel peut être le lien entre histaménon nomisma, aspron trachy et hyperpère, excepté que ces mots sont incompréhensibles pour le commun des mortels et pourraient constituer les incantations de Merlin l’Enchanteur ou de Mary Poppins dans des films bien connus de nos enfants ? Ils sont tous issus de la civilisation byzantine. Cette civilisation qui débute soit sous Constantin Ier (306-307-337) avec la fondation de Constantinople, la nouvelle Byzance, lors de sa fondation en 330, soit à la mort de Théodose Ier en 395 avec la division de l’Empire romain entre ses deux fils, à Honorius l’Occident et à Arcadius l’Orient. Mais d’autres dates peuvent encore être invoquées comme 476 et la déposition de Romulus, surnommé l’Augustule ou bien en 491 avec la mort de Zénon et l’accession d’Anastase, aujourd’hui considéré comme le premier empereur byzantin. Cependant, un autre parallèle peut être établi. Tous ces termes ainsi que les sept monnaies qui les accompagnent se retrouvent pour votre plus grand plaisir dans la prochaine Live Auction du 4 juin 2024. Elles présentent aussi d’autres points communs. Elles ont toutes été frappées dans la seconde partie de l’histoire byzantine entre les XIe et XIIIe siècles. Elles sont toutes en métal précieux, or ou électrum et aucune n’est un solidus, si même pour quatre d’entre elles, les histamena nomismata en filiation, elle en sont les descendantes directes. Pour deux autres, les hyperpera (hyperpère), elles sont issues de la réforme monétaire instituée par Alexis Ier Comnène (1081-1118). L’ensemble de ces monnaies byzantines, classées traditionnellement dans les monnaies antiques, sont fabriquées en plein Moyen Âge. Trois d’entre elles, les plus récentes, sont contemporaines des Huit Croisades (1099-1270) qui rythmèrent l’histoire de l’Occident médiéval à la même époque. Alors que les solidi depuis l’origine étaient des monnaies qui dépassaient rarement les 20 mm, l’ensemble de ces sept pièces ont des modules plus larges, compris entre 24 et 32 mm, pour un poids voisin, voire moindre. Et six d’entre elles sont frappées sur des flans concaves, phénomène que nous avons eu déjà l’occasion d’évoquer dans les colonnes du Bulletin Numismatique (BN 233, p. 31) avec la dénomination usurpée qui leur est donnée : « scyphate ». Nous pourrions nous arrêter là et nous aurions rempli notre mission. D’un point de vue technique, mais cela a son importance, droit et revers sont entourés d’un double, voire d’un triple grènetis bouleté qui renforce l’idée d’espace déterminé, de profondeur et en rehausse les reliefs quand ils sont encore présents sur les pièces, mais dont le but primaire était de vérifier que les pièces n’étaient pas rognées. La forme ronde rappelle aussi le cercle et l’image dans laquelle elle s’inscrit, renforçant la représentation et enfermant la divinité dans un cadre clos, mais dans un espace indéfini, celui du divin. Cependant, nous pouvons encore remarquer plusieurs « PPCD ». En effet, elles présentent toutes au droit un personnage divin, le Christ, pour six d’entre elles ou sa mère, la Sainte Vierge (Marie). Mais ce n’est pas tout. Pour cinq d’entre elles, c’est un Christ trônant en majesté qui est représenté. Ce Christ est assis sur un trône, plus ou moins ornementé, et porte un nimbe crucigère. Il est barbu, il bénit celui qui le regarde, c’est à dire nous, de la main droite et tient de BYZANCE HISTAMENON NOMISMA, ASPRON TRACHY, HYPERPERE : MÊME COMBAT

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