cgb.fr

Bulletin Numismatique n°242 32 Les monnaies antiques de grand module ne sont pas très répandues. Nous connaissons tous les décadrachmes de Syracuse ou les octodrachmes archaïques macédoniens, le décadrachme d’Athènes, les multiples de cinq shekels de Carthage ou bien encore les grands modules Lagides de dix et de quinze drachmes pour les reines Arsinoé ou Bérénice. Mais la pièce qui figure dans la prochaine Live Auction du 4 juin 2024 est beaucoup moins populaire tout en étant aussi rare, mais beaucoup plus accessible au niveau de son prix. Ces grands modules de poids élevé ont souvent été frappés sur de courtes périodes ou afin de commémorer un événement comme le « Demareteion ». Il en est tout autrement pour le monnayage de Sidon où ces doubles shekels furent frappés pendant presque un siècle, sans discontinuité jusque sous la domination macédonienne puisque l’ultime double shekel de Mazaios de l’an 21 correspond à 333-332 avant J.- C. La cité de Sidon, en dehors de ces grosses monnaies, ne frappa que des monnaies divisionnaires du demi-shekel au 1/128e de shekel pour certains rois, la plus petite division ne pesant que 0,08 g environ et correspondant à l’hemitetartemorion Athénien. PHÉNICIE – SIDON (IVe SIÈCLE AVANT J.-C.) Sidon était avec Tyr l’un des principaux ports de la côte phénicienne, essentiellement un port militaire. Sidon était l’une des cités les plus anciennes de la Phénicie. Elle était réputée pour l’exploitation commerciale de la pourpre (murex). Son monnayage semble avoir débuté dans la seconde moitié du Ve siècle avant J.-C. et dura jusqu’à la conquête macédonienne en 332 avant J.-C. La ville se soumit au conquérant sans combat à l’opposé de sa voisine, Tyr, qui résista pendant sept mois. Le nouveau monnayage de Sidon commença en 112-111 avant J.-C. Pompée a maintenu le statut de cité libre, confirmé ensuite par Marc Antoine. Le monnayage autonome cessa en 30/29 avant J.-C. TENNES (351-347 AVANT J.-C.) Sous la domination Achéménide (539-333 avant J.-C.), Sidon fut incorporé dans la satrapie de Eber-Nari (sous la rivière ou Transeuphratène) en Phénicie. Elle fut l’un des principaux ports de la flotte achéménide et devint capitale de la province et la résidence du satrape. Les rois de Sidon dont les noms nous sont connus sur les monnaies à partir d’Abdamon (c. 425-410/407 avant J.-C.) jusqu’à ’Abd’Ashtart (342333 avant J.-C.) sont au nombre de sept et ont frappé monnaies à leurs noms : Ba ‘ana (409/406-402 avant J.-C.), Ba’alshillem II (401-366 avant J.-C.), ’Abd’Shtart Ier (365352 avant J.-C.), Ténnès (351-347 avant J.-C.), Évagoras (346-343 avant J.-C.). Le joug achéménide étant de plus en plus lourd, Sidon se révolte entre 359 et 355 avant J.-C. Les rois de Sidon se retrouvent alors placés sous l’autorité de Mazaios (353-333 avant J.-C.), satrape de la région et le restera jusqu’à l’arrivée dAlexandre III le Grand auquel il se rallie et ouvre les portes de la cité. Si nous avons peu d’information sur le règne de Tennes (351347 avant J.-C.), des double shekels sont recensés de l’an I (1 = 351-350 avant J.-C.) à l’an IIIII (5 = 347-346 avant J.- C.). Cependant le roi de Sidon entama une deuxième révolte (350-347 avant J.-C.) allié à Tyr et à Arados contre le pouvoir Achéménide. Face à la menace perse, Tennes implora le pardon d’Artaxerxès III (359-338 avant J.-C.) qui le fit arrêter et exécuter. La cité ne se releva pas de ce dernier conflit. Évagoras de Kition (Chypre) pourrait s’être momentanément emparé du pouvoir (346-343 avant J.-C.) avant que la dynastie locale ne le recouvre. Après la victoire d’Issos d’Alexandre III le Grand sur Darius III Codoman en 333 avant J.-C., le roi de Sidon se rallia au monarque macédonien. Le monnayage de Sidon fut très important aux Ve et IVe siècles avant J.-C. L’étalon phénicien, poids théorique 13,75 g au départ fut allégé sous le règne de ’Abd’ashtart Ier en 365 avant J.-C. à 12,90 g environ. Au droit figure sur l’ensemble du monnayage Sidonien de cette période une galère, en général sans voile avec un certain nombre de rameurs, parfois figurée devant les murs de la cité. Un type très rare présente un navire muni d’une voile (J. & E. A. Elayi, AJN 3-4, 1991-1992, p. 6-13). La galère qui est un navire militaire est toujours figurée sur les vagues représentées en zig zag. La scène du revers a souvent été commentée et décrite avec au moins trois interprétations principales dont le char du roi des rois achéménides, suivi du souverain de la ville. En fait, c’est un type purement religieux d’après J. & E. A. Elayi, La scène du char sur les monnaies de Sidon d’époque perse, Transeuphratène 27, 2004, p. 89-108), présentant tout simplement une scène de procession avec la Baal de Sidon ou Eshmun ou bien encore Resef. DOUBLE SHEKEL DE SIDON : SIGNE EXTÉRIEUR DE RICHESSE !

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=