cgb.fr

Bulletin Numismatique n°242 22 Samuel Gouet – Marc Petit, Surréelles monnaies gauloises La collection Marc Petit, Art & Coins Éditions, Callengeville/ Paris, 2024, 160 pages, relié cartonné, 21,5 x 30,5 cm, illus. en couleur, 265 n°, nombreux agrandissements dans le texte. Code : Ls 108. Prix : 38€. C’est avec un vif plaisir que j’ai découvert cet ouvrage et que je vous livre mes réflexions après l’avoir lu. En propos liminaire, je connais Samuel Gouet depuis un quart de siècle, on était encore au millénaire précédent. Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble pendant un long laps de temps. Nous avons collaboré à la réalisation de deux ouvrages sur les monnaies celtiques le Boudeau II et le Latour II avant de réaliser MONNAIES XV qui reste encore aujourd’hui, bien que dépassé sur de nombreux sujets et attributions, bien plus qu’un catalogue, un ouvrage de référence. La série CELTIC débutée en 2010 a permis de vulgariser les monnaies gauloises auprès d’un public averti. Cette fois-ci, c’est avec Marc Petit, que je connais aussi, qu’il s’est associé pour nous livrer son premier ouvrage sous le label « Art & Coins Editions » avec un titre un peu irréel, interrogateur et rêveur : Surréelles Monnaies Gauloises, où en 160 pages, tous les deux nous entraînent pour une invitation au voyage. Un voyage onirique et initiatique, mais aussi technique et érudit tel le visage de Janus. Nous découvrons sous une élégante reliure cartonnée, un livre particulièrement agréable dans sa présentation, sa mise en page et son traitement. Le choix du papier, la qualité des illustrations, des monnaies et des textes, mais aussi des œuvres d’art de Marc Petit qui égrainent le parcours rappellent qu’« Ici tout est ordre luxe, calme et volupté ». Un sobre avant-propos (p. 3-4) sous la plume des deux auteurs accompagné d’un magnifique revers du statère Parisii, classe V (p. 2 et n° 158 du catalogue) raconte la rencontre improbable, mais bien réelle, de ces deux passionnés par le monde celtique. Ces deux pages constituent l’ossature de l’ouvrage, un programme, une raison d’être, un viatique et l’invitation à prendre son bâton de pèlerin afin de parcourir les chemins, sinueux et parfois tortueux, mais qui, à destination, provoquent émotion, extase et illumination. L’ouvrage s’articule autour de deux grandes parties, la première sous la plume de Marc Petit (p. 5-49) et la seconde sous celle de Samuel Gouet, le catalogue de cette collection de 265 monnaies en or, en électrum, en argent, en billon en cuivre et en potin (p. 49-144). La première partie est émaillée de dessins (tirés en autres du La Tour II) et de photos issues de la collection autour des « brefs mémoires d’un archidruide » (p. 5-7), avec un survol historique d’une découverte (p. 8-14). L’auteur rappelle le rôle tenu par Lancelot Lengyel au début des années 50 et sa rencontre avec André Breton, père du surréalisme, qui a conduit à une alchimie où mystique se conjugue avec numismatique, sublimée par l’éloge de Breton dans l’ouvrage de Lengyel : l’Art Gaulois dans les médailles, premier manifeste et « déclaration d’amour » pour ces objets et la manière de les mettre en scène. Cette vision est complétée par l’apparition dans ce paysage de Jean-Baptiste Colbert-de-Beaulieu et sa rencontre avec Breton. L’auteur aborde ensuite avec question de style (p. 14-15), suivi d’abstraction et reconfiguration (p. 16-21) un monde de féerie (p. 22-24) où mythes et symboles (p. 24-33) côtoient jeux et enjeux (p. 33-34). S’ensuit au travers de détournements (p. 35) une lecture et une interprétation au travers de figures réversibles avec des images à double lecture que nous avons parfois appréhendées et confrontées avec Samuel (p. 36-39) avec parfois des énigmes non résolues. Marc Petit nous livre un secret bien gardé, celui des visages cachés (p. 40-41), avant d’aborder un délire partagé entre images et scénarios (p. 42-45). Marc Petit termine son voyage initiatique par un retour à Broceliande (p. 46-48). La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée à la collection Marc Petit qui a été dispersée en avril 2023 (MDC 11, Monaco, 23 avril 2023, n° 103 à 365). Je fais à cette occasion une des rares critiques que je réserve à l’ouvrage. Il eût peut-être été bon de fournir au lecteur un tableau de correspondance en fin d’ouvrage entre les deux entités ou bien de l’indiquer dans le corps du catalogue. Celui-ci est détaillé, il donne outre le poids, le diamètre et l’orientation des coins de chaque exemplaire, avec une description précise. Cette description est complétée d’une bibliographie détaillée et à jour avec la liste des « pedigree » et provenances de pratiquement tous les exemplaires. Un commentaire concis, dans la plupart des cas, enrichit la description des monnaies. Les photos sont de très grande qualité, il aurait cependant été loisible d’indiquer que l’ensemble des monnaies n’était pas à l’échelle 1, et le cas échéant d’indiquer le pourcentage d’agrandissement. La beauté des images peut tromper le néophyte qui pourrait imaginer que les monnaies sont plus grandes qu’elles ne le sont en réalité. Il faudra donc se reporter systématiquement au diamètre indiqué dans le corps du texte. Sinon, la lecture du catalogue n’est pas fastidieuse et la mise en page aérée rend celle-ci agréable et fluide. Le choix des agrandissements est judicieux. Le tout est agrémenté de quinze planches de tableaux issus du projet « 1000 peintures » réalisées par Marc Petit dont le lecteur trouvera la liste en page 146. Un index des peuples, très utile, se trouve à la page 148 ainsi que celui des « pedigrees » et provenances. Sur la petite centaine de ces provenances, notons au passage que dix-sept émanent de Cgb.fr (p. 149-150). Ces index sont rehaussés par ceux provenant de trésors (p. 151) et de collections privées comme celles d’André Breton, de Georges Savès ou de Jean-Baptiste Colbert-de-Beaulieu. À la page 152, vous trouverez la liste des légendes figurant sur les monnaies, suivie d’un tableau de concordance entre les quatre volumes du Delestrée-Tache, Nouvel Atlas des monnaies gauloises (DT) p. 153-153, du Savès pour les monnaies à la croix(S), de l’ouvrage de Chris Rudd pour les monnaies de Bretagne (ABC) ou bien celui de Günther Dembski pour le Danube (D). La bibliographie se trouve à la page 155. En annexe, vous trouverez un encart pour un ouvrage de Marc Petit, Le Testament d’Ausone, un roman (p. 156-157) ainsi que la bibliographie de Marc Petit, (p. 159-160). Quand vous avez refermé l’ouvrage, vous n’avez plus qu’une envie : l’ouvrir à nouveau pour votre plus grand plaisir ! Pour ceux qui me connaissent bien, ce livre me ferait presque aimer les monnaies celtiques, à consommer sans modération. Laurent SCHMITT (ADR 007) LE COIN DU LIBRAIRE, SURRÉELLES MONNAIES GAULOISES LA COLLECTION MARC PETIT

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=