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Bulletin Numismatique n°242 20 LE COIN DU LIBRAIRE, LA RÉPUBLIQUE ROMAINE FACE AUX CRISES La République romaine face aux crises. Traumatismes, résilience, et recompositions aux temps des guerres hannibalique et civiles, (218201/ 49-30 a.C.) Tome 1. Texte réunis et édités par Maria Bats, Jean-Claude Lacam et Raphaëlle Laignoux, Ausonius, Scripta Ausonius 174, Bordeaux, 2023, broché, 17 x 24 cm, 343 pages, illus. n&b, tableaux. Code : Lr 119 ; Prix : 25€. On ne présente plus la collection Scripta Antiqua des éditions Ausonius à Bordeaux dont voici le 174e volume. Plusieurs fois déjà, nous avons eu l’occasion de rendre compte de volumes de cette série, de grande qualité et accessible entre 19€ et 30€ pour un volume, la plupart du temps à 25€, dont la qualité n’est plus à démontrer tant sur le plan rédactionnel que sur celui de l’édition. Ce premier volume d’un binôme est une invitation méthodologique qui vise à revisiter deux événements « traumatiques » de l’histoire de Rome qui lui ont permis de trouver « les ressources nécessaires pour faire perdurer la res publica, la régénéner même ». « Resiliare » qui débute l’accroche de la quatrième de couverture se retrouve dans le ternaire d’une partie du titre de l’ouvrage et ne demande qu’à s’ouvrir à notre lecture et à notre réflexion. Construit autour de deux thèmes principaux : adaptations et renouvellements militaires et diplomatiques (p. 69-174) et reconfiguration des pratiques et des représentations politiques (p. 175-329), les dix-sept contributions développées par vingt auteurs, autour de propos liminaires et d’introductions respectives aux deux grands chapitres, offrent une ossature et un développement propres à stimuler notre analyse et notre réflexion sur un sujet qui peut sembler éculé, mais qui en réalité, ne demande qu’à être revisité. Le sommaire (p. 7-8) suit la liste des contributeurs de cet ouvrage (p. 5-6) et précède la préface sous la plume de JeanMichel David (p. 9-11) auteur remarqué en autres de La Romanisation de l’Italie, Paris 1994. Des « propos liminaires » sous la forme d’un triptyque proposent une série de réflexions avec Maria Bats, l’une des éditrices de l’ouvrage (p. 15-21) suivis par deux visions différentes et complémentaires de l’historiographie de la République romaine. La première avec Arnold Toynbee vue au prisme de Jean-Claude Lacam (p. 2334) et la seconde au travers de la vision de Ronald Syme et de sa « révolution romaine » et la perception de Raphaëlle Laignoux (p. 35-68), les deux autres compères du trio éditorial. Chacune des contributions est accompagnée d’une bibliographie et de résumés (p. 331-343). Parmi l’ensemble des contributions qui sont toutes de qualité, trois ont retenu notre attention car elles font appel à la numismatique ou ont pour thème cette dernière. La première, celle de Charles Parisot-Sillon, traite de « Mille manières de braconner ». Pratiques monétaires irrégulières et activités militaires en temps de crise (p. 123-138). Point de départ du thème, la réforme qui introduit le denier romain entre 215214 et 212-211 avant Jésus-Christ et les adaptations qu’elles ont nécessitées et provoquées au cours de la deuxième guerre Punique autour de deux dossiers. Le premier traite des surfrappe, découpes et accommodements monétaires au temps de la guerre d’Hannibal (p. 124-126). Quant au second, il a pour thème une étude sur les espèces irrégulières de César à Auguste : l’exemple des ateliers lémaniques (p. 127-135). Il étudie tout d’abord un ensemble de monnaies plaquées à Genève (p. 128-131) constitué de 85 monnaies rassemblées, découvertes en 1858 lors du démantèlement des fortifications de la ville de Genève. Un tableau (p. 129) donne la liste de 81 exemplaires entre 125 et 59 avant J.-C., suivant les différentes chronologies retenues dont celle de M. Crawford (RRC), qui pourraient provenir d’un même atelier. Le second cas concerne le coin monétaire de Gressy-Sermuz (Yverdon-lesBains) trouvé en 2012 dans le canton de Vaud et qui a fait l’objet d’une publication de A. Geiser en 2017 (prototype, denier serratus RRC 382/1b pour C. Naevius Balbus), photo et dimensions (p. 131), reconstitution d’empreinte et denier correspondant (p. 132). Le troisième ensemble est constitué de 43 quinaires en cuivre découverts en 1938 à LausanneVidy, en bordure du Lac du Léman, des monnaies datées entre c. 97-94 avant a. C. (RRC 331/1, 9 ex.) et Auguste, c. 29-26 a. C. (RIC I², 276, 16 ex.). En résumé, entre les dates limites du sujet, à savoir entre 218 et 30 a. C., l’auteur a essayé à l’aide d’exemples de mettre en exergue les difficultés politiques, militaires et économiques qui ont permis la mise en place en région lémanique « de mettre en évidence la multiplicité des solutions d’accommodement employées par les agents économiques de terrain afin de surmonter ces crises et de sauvegarder leur épargne ». La seconde contribution est celle de Thibaud Lanfranchi autour du thème : « Octave, L. Flaminius Chilo et le tribunat de la plèbe » (p. 243-257) qui aborde la numismatique au travers du monnayage de L. Flaminius Chilo, IIII VIR, le quatrième monétaire ayant été créé à l’instigation de Jules César pour les magistrats mineurs en 45 a. C. Cette série monétaire et ce denier pour Chilo (RRC 485/2) ont vu leur datation modifiée plusieurs fois entre 45 et 41 a. C., très disputée entre différents auteurs, dont M. Crawford (43 a. C.) et B. Woytek (41 a. C.). Finalement la datation de ce denier prendrait place en 43 a. C., mais le débat ne semble pas clos. Le troisième article retenu est celui de Guillaume de Méritens de Villeneuve, Être appelé imperator pendant les guerres civiles (49-31 a. C.) : quelques remarques sur Octavien, Antoine, Lépide et le fils aîné de Pompée (p. 259-269) qui fait appel à la numismatique pour comparer plusieurs « imagines » d’imperator : Ovtavien ou le modèle césarien de l’Imperator (p. 261-262) ; Antoine, l’Imperator d’adhésion (p. 262-265) ; Lépide, l’Imperator pacifique (p. 265-266) et Cnaeus Pompée, un anti-modèle de l’Imperator (p. 266-268). Nous ne pouvions pas clore ce compte-rendu sans évoquer le denier de Q. Metellus Pius Scipio, frappé en 47-46 a. C. en Afrique (RRC 459) et vous inviter à découvrir cet ouvrage qui vous ouvrira de nouvelles perspectives sur l’histoire de la République romaine. Laurent SCHMITT (ADR 007)

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