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Bulletin Numismatique n°241 78 Depuis la fin du billet Banque de France, plus le temps passe, plus les trouvailles sont rares mais plus elles sont répertoriées de façon précise. Autrefois, lorsqu’un « lot » apparaissait, il se trouvait rapidement réparti entre dix, quinze, cent collectionneurs, sans réelle étude, sans même être listé. Ces trouvailles anciennes se repèrent aujourd’hui dans les vieilles collections, les inventaires, les pointages… et en notas dans la Cote des Billets. L’information existe mais reste parcellaire : combien d’exemplaires, dans quel état, y en a-t-il d’autres… Ce qui semblait anecdotique est désormais essentiel, et chaque trouvaille importante doit être répertoriée dès sa découverte, sinon les informations qu’elle apporte sont définitivement perdues. Bien entendu nous ne sommes pas sur des monnaies antiques ou royales et une découverte de deux cents billets ne va pas permettre de découvrir des données nouvelles sur les échanges commerciaux ou des migrations de population. L’intérêt est ailleurs : le billet français est rare, et une trouvaille modifie cette rareté, en apportant un ensemble - souvent de belle qualité - permettant aux collectionneurs de posséder un exemplaire SUP ou SPL à prix correct, en complétant des séries, ajoutant une référence, ou découvrant une variante. En juin 1945, les Français ont quelques jours pour échanger leurs « gros » billets contre de nouvelles coupures. Les profiteurs de guerre ont des stocks considérables, ils n’auront pas le temps de changer leurs 1000F Demeter ou leurs 5 000F Victoire. Tant pis pour eux, par peur ou par honte, les billets seront détruits ou resteront cachés. Après cette « purge », dès décembre 1945, la Banque de France émet son nouveau billet. D’une valeur de 10 000 Francs, appelé « Génie Français », c’est un billet magnifique, la plus grosse valeur faciale jamais émise, un format imposant et le symbole de la paix retrouvée. Il sera émis jusqu’en juin 1956, avant d’être remplacé par le Bonaparte, préfigurant l’arrivée du nouveau Franc. Nous sommes donc en 1956, voilà onze ans que ce billet circule, un papier léger et un grand format le rendent fragile et le renouvellement est rapide, les première émissions sont extrêmement rares en belle qualité. Quelque part en France, une somme de deux millions est payée en espèces sous la forme de deux liasses de cent billets. On est en 1956, les billets, ou les pièces d’or, ne vont pas à la banque, ils se retrouvent dans une pile de draps, sous un plancher ou dans un grenier (pourvu qu’il n’y ait pas de rongeurs !). Mais les gens se taisent, oublient, disparaissent, et le trésor s’endort. Au début des années 2000, sept personnes se retrouvent copropriétaires de la maison de famille, acquise par le grandpère en 1952. Un jour vient la décision de vider le grenier…et ce n’est pas rien, une famille entière de journalistes, d’écrivains, pour qui tout papier imprimé est sacré : on ne jette pas, on ne brûle pas, on garde. Soixante-ans de stockage, des documents, des revues, des ballots de journaux, une centaine de paquets ficelés. « Bon sang ne saurait mentir », les ballots ne seront pas envoyés en déchetterie sans avoir été déliés, et examinés. Surprise, un des colis est différent, deux journaux sont pliés et servent d’enveloppes : Les Échos du 19 décembre 1956 et Le Monde du 20 décembre 1956. Chacun contient une liasse de billets tamponnée « 1 000 000 » sur une petite bande de papier kraft : Un Trésor ! Deux cents billets de 10 000 Francs, soit deux millions, pas un billet de plus, pas un de moins. Pourquoi l’arrière-grand-père a-t-il caché son magot ici, pourquoi n’a-t-il rien dit à personne ? Nul ne sait, il décède en 1969, avec son secret. Les derniers billets datent du 05 avril 1956, les journaux de décembre 1956. Il est donc à peu près certain que ce magot a été caché fin décembre 1956, il refait surface aujourd’hui 68 ans après ! Un grenier sain, sans rongeurs, sans humidité, sans moisissure, et nous voici face à deux cents exemplaires du 10 000F Génie Français exactement dans l’état ou ils ont été cachés, nous l’appellerons la Trouvaille de 1956. Avec ses onze années d’émissions et ses 81 références, le 10 000F Génie Français n’est pas un billet rare, mais les trouvailles sont très peu nombreuses et de par son grand format et l’épinglage systématique de la Banque de France, les états de conservation sont généralement moyens. Les découvreurs ont accepté que l’ensemble soit publié et proposé à la vente. Voici donc la liste complète des 200 exemplaires, tous sont disponibles à la vente immédiate à prix fixe, sauf dix conservés par la famille et les cinq plus beaux qui seront présentés dans une prochaine vente-sur-offres. Bien entendu, et c’est une chance, aucun n’est aplati ou nettoyé ! LA TROUVAILLE DE 1956 « LES ÉCHOS DU MONDE »

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