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Bulletin Numismatique n°241 77 1,721,591 objects within 1,117,028 records Tout collectionneur attentif a pu remarquer la mention sous la valeur faciale en lettres du 100 Francs LOM : « Payables en espèces, à vue, au porteur ». Mention fréquente au XIXe mais seulement sur le 100 Francs Luc Olivier Merson (tous types) au XXe. J’explicite : En espèces : en pièces À vue : sur présentation du billet Au porteur : à celui qui le détient Concrètement cela signifie qu’un billet de 100 Francs Luc Olivier Merson était échangeable à tout guichet de la Banque de France contre des espèces sonnantes et trébuchantes, comprenez échangeable en or… et ce jusqu’en juin 1928, date de la loi Poincaré. Avec cette réforme, le Franc est dévalué de 80 %, la Banque de France fait émettre la pièce de 100 Francs Or Bazor qui pèse à peine plus qu’un Napoléon de 20 Francs ! Imaginons alors qu’un quidam, pris de panique en août 1914, se soit présenté au guichet pour échanger deux 100 Francs Luc Olivier Merson contre 10 pièces de 20 Francs or. Imaginons qu’il ait caché ces pièces et que son fils, collectionneur de billets, les retrouve par hasard en 1973, donc au moment de la fabuleuse vente de Besançon. Celui-ci vend alors les 10 pièces pour la somme de 1 900 Francs (cours du Napoléon en 1973) et s’empresse d’acheter pour la même somme le 100 Francs vert type provisoire du 04 mai 1848 (lot 13 de la vente), unique exemplaire connu. En 2024, le petit-fils hérite du 100 Francs 1848 et consulte le dernier Fayette-Dessal : une cote de 25 000 euros ! Soit l’équivalent de 67 pièces de 20 Francs or à débourser pour le collectionneur fortuné qui souhaite l’acquérir ! Et peut-être plus encore si le billet est proposé aux enchères car 50 ans après il n’y a pas d’autre billet connu. Pure fiction me direz-vous… certes ! Mais cela donne à réfléchir : le papier monnaie de collection serait-il un investissement meilleur que le métal jaune ? En réalité tout est une question de rareté et de timing. Car si dans la même vente de 1973, le collectionneur avait acheté un billet courant, il aurait réalisé une bien mauvaise affaire : ainsi un 5000 Francs Victoire en TB du 04 mai 1939 proposé à 100 Francs (soit plus d’un demi Napoléon) ne vaut pas ce prix aujourd’hui. La réponse la plus pertinente est, à mon avis, celle-ci : un patrimoine doit être diversifié et il faut faire des allers-retours métal contre papier-monnaie (et vice versa) et au bon moment. Ainsi celui qui a vendu un Debussy alphabet B.26 à 2 250 euros en 2009 (Vente CGB Papier-Monnaie 13) aurait pu acheter avec cette somme 15 pièces de 20 Francs Napoléon. Une seule de ces pièces suffit aujourd’hui pour racheter le même B.26 (le dernier vendu 350 euros le 10 février 2024 au salon de l’AFEP). Le B.26 était à la mode en 2009, seulement voilà : la mode est ce qui se démode ! Les modes changent et c’est tant mieux, elles permettent de belles opportunités qu’il ne faut pas manquer de saisir. Max RÉGNIER DU PAPIER QUI VAUT DE L’OR ?

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