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Bulletin Numismatique n°241 68 La découverte de plaquettes et médailles autour du thème de la médecine nous amène à partager, dans ce bulletin, quelques éléments biographiques d’un chirurgien reconnu et graveur de talent. Charles Hyacinthe Villandre est né à Falaise dans le Calvados le 13 juillet 1879. Son père Hyacinthe est employé des postes et sa mère se nomme Marie Angevin. Sa famille paternelle est originaire de Caulnes, commune rurale de 2 300 habitants dans les Côtes d'Armor (Bretagne). Son père débute en 1866 sa carrière dans les Postes à Falaise puis aura plusieurs affectations, à Vendôme, Blois et Chartres. Sa famille maternelle est de Rouessé-Vassé, village de la Sarthe. Après avoir été, à 11 ans, boursier en demi-pension du gouvernement à Vendôme, Charles rejoint en 1896 le Collège Augustin Thierry de la ville de Blois. Il s’inscrit ensuite à la faculté de médecine à Paris, et va y poursuivre brillamment ses études, devenant en 1907 aide d’anatomie à la faculté. Son attirance pour la dissection et l’anatomie explique sa carrière de chirurgien. Il effectue son service militaire en 1900- 1901 au 102e régiment d’infanterie en garnison à Chartres. Il est reçu externe, 19e au concours de 1899 et interne, 46e au concours de 1903. Il va alors enrichir son expérience médicale au sein de différents hôpitaux parisiens au sein desquels il s’illustre également par son art du dessin : l’Hôtel Dieu, Trousseau, Bichat, Beaujon… Partout, il ne reçoit que des appréciations et compliments élogieux1. En 1911 il soutient, à Paris, sa thèse sur les « Anévrismes de l’artère hépatique ». Sa thèse est très argumentée. Il y propose une classification anatomo-pathologique, décrit la difficulté du diagnostic et le traitement chirurgical. La même année, il publie dans Le Progrès médical une revue générale sur les artères mésentériques supérieure et inférieure. Cet article important, assorti de dessins précis, décrit leur développement embryonnaire, leurs caractéristiques anatomiques, leur distribution et leur analyse comparée2,3. Dans la revue Aesculape, la même année, on en apprend également un peu plus sur lui, sa belle carrure, sa barbe blonde, son optimisme, ses goûts artistiques, son admiration des portraitistes et son idéal « de faire en premier de la belle chirurgie »4. Il souligne que ses dessins, pastels, ses sculptures en diverses matières font la part belle aux portraits et aux jeux de lumière. CHIRURGIEN AU SERVICE DES BLESSÉS MILITAIRES Il se marie à Paris en janvier 1912 avec Jeanne Boehler, fille de médecin parisien. Parmi les témoins, se trouvent des noms prestigieux de la médecine parisienne. En 1912, à l’hô1 Archives APHP, fiche 774FOSS/290/2. Dans son dossier étudiant, son stage à l’Hôpital Necker est qualifié de « parfait ». 2 C. Villandre, Thèse de doctorat en Médecine, Anévrismes de l’artère hépatique, 1911, 138p 3 C. Villandre, J. Gatellier, Les artères mésentériques, Le progrès médical, 1911, pp.621-629 4 P. Ameuille, Le docteur Villandre, chirurgien et peintre, Aesculape 1911, pp.198-199 pital Saint-Louis, il se fait remarquer par une opération délicate, avec une nouvelle technique de greffe osseuse jugée, par ses confrères, responsable de son succès. Pendant la guerre 1914-1918 il est affecté au centre neurologique militaire de la XIVe région (Lyon–Grenoble). Il dirige un service et met au point des greffes de cartilage pour les trépanés, en remplacement des prothèses par plaque métallique, d’ivoire ou d’os stérilisé. Ses qualités, sa dextérité de neurochirurgien, discipline naissante, sont unanimement reconnues. Il publie ses expériences et réflexions chirurgicales dans différents journaux médicaux. En 1918 il participe à la rédaction d’un remarquable Traité de neurologie de guerre, ouvrage de 862 pages où il traite en détail du traitement chirurgical des plaies du crâne et des blessures des nerfs, qu’il a pratiqué avec succès. Puis pendant un peu moins de deux décennies, il exerce les fonctions de chirurgien à l’hôpital privé parisien Saint Joseph et dans une maison de santé - clinique voisine. (Fig.1) Fig 1 : Charles Villandre par lui-même © coll. privée VILLANDRE LE DESSIN ET LA SCULPTURE Villandre, excellent observateur, a été vite reconnu pour ses talents de dessinateur. Il n’a suivi aucun cours, aucune école de dessin. Ses inspirations sont ses contemporains mais aussi les maîtres modernes et anciens qu’il a chez lui sous forme de reproductions et de photographies. Au premier salon des médecins en 1909, il expose un portrait sépia du professeur Lucas-Championnière. Dans une sculpture en terre cuite, il fixe les traits du docteur Rieffel, témoin de son mariage, puis au cours de sa carrière, d’autres médecins collègues et amis. Il participe à de nombreux salons exposant essentiellement des sculptures. Charles Villandre est également passionné de photographie et en réalise de nombreuses dans son cadre familial. En 1936, dans la revue l’Art et les artistes, il explique comment il travaille, ses conceptions artistiques et le rôle de la lumière : « un éclairage violent peut tuer une œuvre et en faire un squelette sans intérêt alors que les rayons lumineux savamment dirigés ou dosés, assurent aux masses musculaires, à la peau, aux yeux même, la vie qui leur fut infusée par les doigts du sculpteur »5. Il exécute aussi des bronzes et travaille avec la fonderie A. Valsuani alors installée dans Paris. 5 P. Ratouis de Limay, Un chirurgien sculpteur : Le Dr Charles Villandre, l’Art et les artistes, 1936, pp.236-239 CHARLES VILLANDRE, CHIRURGIEN, SCULPTEUR ET GRAVEUR

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