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Bulletin Numismatique n°241 63 Cette drachme, si elle ne présentait pas un revers épigraphe (IALKOVESI), serait tout à fait banale et pourrait être considérée comme une imitation servile d’une monnaie grecque. Cependant, outre la légende, cette pièce présente aussi une iconographie originale, en particulier dans le traitement de la chevelure et de la couronne au droit et dans la représentation du cheval au revers. La manière de traiter les naseaux et la crinière du cheval est originale, ainsi que le rendu de la nervosité de la tête, le tout n’étant pas sans rappeler les monnaies siculo-puniques d’Entella (HGCS 2/ 284-290) datées entre 320/315 et 305/300 avant J.-C. Quant aux auteurs du Diconum, ils indiquent que deux exemplaires ont été trouvées à Bollène et à Jonqiuères (84) et que ce type se rencontre dans les trésors de Lambesc et de Valence (4 ex.) CAVARES (région d’Avignon et d’Orange) (IIe siècle avant J.-C.) Les Cavares étaient installés sur la rive gauche du Rhône entre la Durance et le Tricastin. Le territoire comprenait les cités d’Arausio (Orange), de Cabellio (Cavaillon) et d’Avenio (Avignon). Originairement sous la dépendance des Voconces ou des Allobroges, ils ont dû devenir indépendants après la défaite des Allobroges alliés des Arvernes en 121 avant J.-C. À partir de 118 avant J.-C., les Cavares se trouvèrent intégrés dans la nouvelle province de Narbonnaise. Ils furent de fidèles alliés des Romains lors de l’invasion des Cimbres et des Teutons qui furent finalement arrêtés par Marius à Verceil et à Aix en 102 et 101 avant J.-C. Ils participèrent à la révolte qui secoua la Provincia. On ne sait pas si les Cavares prirent part à cette sédition, au moment de la révolte de Sertorius en Espagne. Pompée fut obligé d’intervenir et de rétablir l'ordre dans la nouvelle province. Marseille resta fidèle à l'alliance romaine, mais les tribus vaincues de la Provincia se virent confisquer une partie de leur territoire, qui aurait pu être alors confié à l'administration bienveillante de la cité massaliote, d'après les conclusions d'A. Deroc. Source : Strabon (G. IV, 1) ; Ptolémée (G. II, 10). Denier ou drachme IALKOVESI au buste de cheval, Série 821A, var. 1 (Ar, 2,51 g, 14 mm, 10 h) A/ Anépigraphe Tête laurée à droite ; le cou orné d’un collier de perles ; l’oreille marquée ; l’ensemble dans un grènetis. R/ IALKOVESI Buste de cheval à droite, la crinière en petites boucles, légende en dessous ; listel. BN 2537 - LT – ABT, p. 257-258, pl. II/ 13 - Deroc p. 103, pl. II, n° 43-44 - Sch/ D 26 Sch/ SM 44-45 – Sch L/ 129 – CNR 6, pl. II. 2 - DT 3046 -DICOMON VDR 2537 Flan un peu court, centré. Superbe portrait au droit, très bien venu. Beau revers avec une légende bien lisible. Patine grise aux légers reflets dorés. SUP 450€/ 900€ Ces drachmes au buste de cheval sont traditionnellement attribuées aux Cavares. Le monnayage des Cavares était précédemment attribué aux Allobroges (La Tour). D’abord de poids lourd, peut-être rattaché à la drachme légère de Marseille avec laquelle les Cavares faisaient beaucoup de commerce, le monnayage des classes 2 et 3 est plutôt calqué sur le système monétaire du denier de la vallée du Rhône. A. Deroc proposait une attribution de ce type aux Cavares, comme l’avaient déjà fait Muret et Chabouillet. Son attribution repose principalement sur la carte de répartition ; 72% des monnaies de ce type dont l’origine est sûre ont été trouvées dans le pays cavare, et la majorité des autres à proximité. La conclusion d’A. Deroc est que ces monnaies “ont été frappées par les Cavares vers la fin du second siècle avant J.-C.”. Le revers s’inspire des monnaies romano-campaniennes ainsi que des tétradrachmes puniques répandus par Hannibal pour acheter le passage du Rhône (cf. CRN 6 page 65 à 71). D’après les auteurs du DT, ces monnaies (drachmes ou tetroboles, ou deniers) épigtaphiques avec IALIKOVESI (DT3045-3046), KASIOS (DT 3047-3051) ou IAZVS (DT 3052-3055) devraient voir leur chronologie remonter jusqu’à la fin du IIe siècle avant J.-C. La masse moyenne des exemplaires se situe entre 1,75 g et 2,85 g avec un poids moyen de 2,39 g, un diamètre compris entre 14 et 16 mm. Pour M. Feugère et M. Py, la datation de ces monnaies se situe bien entre 125 et 100 avant J.-C. Ils rappellent que ces monnaies sont en alphabet lépontique comme les monnaies ligures (Pautasso). Ce type monétaire méritait que nous nous y attardions. Nous aurions pu encore développer notre article, tant la bibliographie sur le sujet est vaste et a intéressé de nombreux chercheurs et pas seulement français depuis un demi-siècle. Nous espérons que vous ne regarderez plus ce type monétaire avec le même œil. N’hésitez pas à collectionner ces monnaies de la basse vallée du Rhône, et en particulier celle épigraphes au cheval qui sont beaucoup moins courantes que nous pouvions l’imaginer au départ. Viviane BÉCLIN et Laurent SCHMITT DENIER OU DRACHME IALKOVESI : LES CAVARES N’ONT PAS LE MELON !

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