Bulletin Numismatique n°241 62 Quand on regarde ce tétradrachme des Celtes de l’Est, on a l’impression de découvrir un tétradrachme de Philippe II de Macédoine à l’envers. En effet, naturellement les types « classiques » du βασιλεωσ macédonien regardent à droite pour l’avers et le revers. Ce type au cavalier et au triskèle se caractérise dans le cas présent par l’adjonction d’une tresse au cavalier que les germaniques nomment « Zopfreiter » ou cavalier à la tresse. Ce type d’après G. Dembski dans le catalogue du Kunsthistorisches Museum Wien indique, comme source de provenance et de production en suivant les conclusions de Pink, que ce type se rencontre dans le nord-ouest de la Hongrie et le sud-ouest de la Slovaquie. La collection de Vienne rassemble une douzaine de tétradrachmes (Wien n°1358-1368) dont les poids varient de 10,87 g à 12,26 g, conformes à la masse de notre exemplaire (11,87 g). Notre exemplaire est de très bon style et les traits du visage au droit et les caractéristiques du revers sont particulièrement bien venus à la frappe. Le graveur de ce type s’est aussi attaché à accentuer les détails, la tresse du cavalier et le triskèle aux extrémités bouletées. CELTES DU DANUBE - IMITATIONS DES TÉTRADRACHMES DE PHILIPPE II ET DE SES SUCCESSEURS (IIIe - Ier siècle avant J.-C.) Sous ce titre, sont regroupés généralement tous les monnayages qui ne possèdent pas d'attribution précise. Parfois, le terme de « Celtes de l'Est » est proposé. Après que les Celtes aient pillé Delphes et se soient répandus en Grèce et en Asie Mineure, ils s'emparent d'une quantité importante de butins, grâce à leurs rapines. Les rois hellénistiques, Diadoques ou Épigones, les utilisèrent comme mercenaires dans leurs armées où le salaire moyen était normalement d'un statère d'or correspondant à cinq tétradrachmes d'étalon attique ou vingt drachmes. Les prototypes qui représentaient la tête de Zeus avec un cavalier furent largement copiés et imités dans l'ensemble des Balkans, le nord de la Macédoine et de la Thrace. La phase finale du monnayage se produit à la fin du IIe siècle ou au début du premier siècle avant J.-C. où il ne subsiste des traits du droit et du revers ainsi que des légendes plus qu'une face bombée d'une pièce pratiquement lisse des deux côtés. Tétradrachme « au cavalier et au triskèle », IIe – Ier siècle avant J.-C. (Ar, 11,84 g, 22,50 mm, 6 h) A/ Anépigraphe Tête stylisée et barbue de Zeus à gauche, la chevelure laurée et décomposée en petites mèches ; grènetis circulaire. R/ Anépigraphe Cavalier casqué au pas à gauche ; ligne d’exergue perlée ; un V, un Pi et un triskèle entre les jambes du cheval. LT – KO 729 – Pink MON, p. 71, n° 436 – Göbl OTA 436/3 var. - Wien 1361 (mêmes coins) Magnifique exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Superbe portrait stylisé de Zeus ainsi qu’un revers finement détaillé. Patine grise. SPL 600€/1 200€ Exemplaire provenant de la vente Numismatik Naumann, Auction 106, lot n° 30. Les exemplaires du musée de Vienne possèdent plusieurs liaisons de coins de droit (n° 1358, 1360, 1363, 1365, 1366). Quant à notre exemplaire, il est de mêmes coins que l’exemplaire n° 1361, provenant de la collection Leypold en 1994. Notre exemplaire semble présenter au droit les traits d’un animal dans la barbe (un équidé). L’œil est en amande. Au revers, entre les antérieurs du cheval, on remarque un pi, peut-être les restes d’une partie de la légende. Ce type finalement beaucoup moins courant que de nombreuses imitations de Philippe II de Macédoine est un intéressant témoignage de ces monnayages des Celtes du Danube et de l’Est et ces monnaies constituent des adaptations stylisées d’un prototype dont le rayonnement a pénétré l’ensemble de la « Mitteleuropa » pendant deux siècles. Nous sommes persuadés qu’après avoir parcouru cet article, vous ne regarderez plus jamais ces pièces avec le même œil. Viviane BÉCLIN et Laurent SCHMITT CELTES DU DANUBE, TÉTRADRACHME AU CAVALIER ET AU TRISKÈLE, VU DU BARABARICUM
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