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Bulletin Numismatique n°241 60 Avec ce statère d’or, nous redécouvrons un sujet que nous avions eu l’occasion d’aborder dans MONNAIES XV. Depuis plus de vingt ans, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et un nombre important de publications, articles, ou ouvrage sont venus compléter notre vision sur un monnayage connu depuis longtemps, puisque découvert en 1893, et largement étudié depuis, dont une partie est conservée au musée d’Aquitaine à Bordeaux. L’apparition au début des années 1990 d’un nouveau fragment de ce monnayage au travers peut-être d’un nouveau trésor ou de la redécouverte d’un morceau plus ancien de l’ensemble de Tayac a relancé à la fois la polémique et l’étude sur ce trésor qui n’a pas fini de nous livrer tous ses secrets. En revanche le type de Pons (Charente-Maritime) et Saint-Eanne (79) distants de plus de 120 kilomètres, nous offre un nouveau visage des premiers monnayages, typiquement celtiques, inspirés et copiés directement sur les statères macédoniens de Philippe II (359-336 avant J.-C.) qui ont connu une longévité prolongée jusqu’à l’aube du IIIe siècle avant J.-C. Ce sont les invasions celtiques qui ont traversé la Grèce et l’Anatolie à ce momentlà, qui nous ont transmis ces monnaies qui font leur apparition en Gaule dans la seconde moitié du IIIe siècle avant J.-C. pour les imitations les plus anciennes et qui vont se propager à l’ensemble du territoire avec des adaptations iconographiques diverses et multiples. La fabrication de ces types, plus ou moins « stylisés » ou « dégénérés » semble prendre fin dans la second moitié du IIe siècle avant J.-C., dont certains placent le terminus vers 140-130 avant J.-C., avant la chute de l’empire Arverne. MONNAIES XV, n° 1368 OUEST ET SUD-OUEST DE LA GAULE (IIIe - début IIe siècle avant J.-C.) Le trésor de Tayac fut découvert en Gironde, en novembre 1893 ; il était composé de torques brisés en deux, d’un fil d’or roulé en spirale, de 73 petits lingots décrits comme des flans monétaires (de 7,60 grammes), de lingots d’or (de formes et de poids variés) mais surtout de 325 statères. La composition aurait été d’environ quatre cinquièmes de statère Arvernes (en fait Éduens et incertaine de l’Ouest) et un cinquième de Bellovaques (en fait des statères de flan large des ambiens). Malheureusement, « comme de nombreuses pièces ont été fondues », il est difficile de donner une composition et une répartition précise. « Le musée de Bordeaux a acquis, outre les torques ; deux petits lingots, deux pièces non frappées, deux pièces frappées d’un seul côté, dix pièces arvernes et une bellovaque ». A. Blanchet qui décrit cette trouvaille aux pages 561 et 562 de son Traité a pu examiner quelques monnaies de cette trouvaille que MM. Rollin et Feuardent ont eue entre les mains… Malheureusement, l’étude moderne du trésor de Tayac, qui est en cours (peut-être même achevée, selon certains) tarde à être publiée, mais l’a été depuis, juste avant son décès. L’auteur aurait tenté de reconstituer l’ensemble, à partir des monnaies officiellement connues et de celles passées depuis dans le commerce ; certains lots (sans doute issus des prélèvements effectués par MM. Rollin et Feuardent) ayant vu le jours, principalement dans des ventes Vinchon et Bourgey au cours du XXe siècle. L’ensemble proposé et dispersé ici présente des monnaies constituant, à en croire A. Blanchet, les monnaies les plus représentées dans le trésor (pour sept d’entre elles) mais aussi un statère vénète ! Si aucune monnaie vénète n’est mentionnée par A. Blanchet, l’exposition « L’art Celtique en Gaule », de 1983-1984, un siècle après la découverte, donnait bonne part à cet ensemble en illustrant un torque, quatre flans ou lingots, 17 monnaies éduennes / incertaines de l’Ouest, deux monnaies ambiennes, mais aussi deux quarts de statères et une monnaie vénète. Le catalogue d’exposition mentionne effectivement une monnaie vénète, acquise par le musée de Bordeaux (cf. « L’art celtique en Gaule », couverture, n° 145 pages 123-125). Ces éléments concordants pourraient paraître insuffisants pour restituer la provenance de ces monnaies au trésor de Tayac… ce serait sans considérer la présence d’une monnaie presque lisse avec une cassure de coin (?) illustrée sur la couverture précitée, au-dessus du tampon du torque. Cette monnaie est à notre connaissance inconnue par ailleurs, sans doute massivement fondue pour son manque d’intérêt iconographique. La monnaie de Bordeaux, dont la provenance est certaine, est issue du même coin de droit que celle proposée ici ! Il est certes regrettable de devoir faire avec une couverture de catalogue d’exposition pour étudier des liaisons de coins… mais nous sommes en France et la fin justifie les moyens, à défaut d’avoir une Sylloge gauloise… Statère du type de Pons - Sainte-Eanne, IIIe-IIe siècle avant J.-C. (Or, 8,37 g, 21 mm, 9 h) A/ Anépigraphe Tête à droite ornée d’une couronne de laurier. R/ ΠΙΔΙΠΠΟΥ (de Philippe). STATÈRE D’OR AU TYPE « DE PONS – SAINTE-EANNE » : TAYAC QUAND TU NOUS TIENS !

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