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Bulletin Numismatique n°241 51 Non, ce n’est pas une notation pour un solidus de l’Antiquité Tardive. Mais c’est tout simplement le fait que la lettre numérale grecque (Z = 7e) est regravée sur un (S = 6e) pour l’officine. En effet l’atelier de Constantinople fonctionne avec dix officines (Α, Β, Γ, Δ, S, Ζ, Η, Θ, Ι). Notre solidus est en fait très rare, les cas de regravure de lettres d’officine sont rarement signalés, bien que se rencontrant quand on y fait attention. Nous allons découvrir pourquoi et comment. Il convient de revenir d’abord sur la répartition des territoires après la mort de Valentinien Ier le 17 novembre 375. La disparition de Valens à la bataille d’Andrinople, le 9 août 378, modifie la répartition des rôles. Gratien, le fils aîné de Valentinien Ier, reste l’Auguste le plus âgé après la mort de son père et de son oncle, il est auguste depuis le 24 août 367. Valentinien II (371-392) est le fils issu d’un second mariage de Valentinien Ier avec Justine (qui avait été l’épouse de Magnence). Il est élevé à l’Augustat le 22 novembre 375 sous la garde de sa mère. Gratien s’adjoint le général Théodose Ier (347-395) à partir du 19 janvier 379 qui reçoit la pars orientalis de l’Empire. En 383, le 25 août, Gratien est assassiné à Lyon par Andragathius, magister militum de Magnus Maximus. Valentinien II et sa mère restent en Italie (Milan) qu’ils doivent quitter en 387 afin de se réfugier auprès de Théodose Ier à Constantinople. Après l’élimination de Magnus Maximus le 28 août 388, Valentinien II rejoint Théodose en Occident en fin d’année avant de gagner Trèves où il est finalement assassiné ou suicidé par Arbogast, le 15 mai 492. Notre solidus est daté traditionnellement de la période comprise entre 388 et 392 au moment où le jeune Valentinien II se trouve à Trèves. Néanmoins, reconnu par Théodose Ier, des solidi sont frappés à son nom à l’atelier de Constantinople. Arcadius (377-408), fils de Théodose Ier et d’Aelia Flaccilla est nommé Auguste le 19 janvier 383. C’est la raison pour laquelle au revers de notre pièce, nous avons AVGGG pour Valentinien II, Théodose Ier et Arcadius, suivi de la lettre numérale d’officine. Au revers, pour notre solidus nous avons plusieurs variétés. La première présente Constantinople trônant de face, la tête tournée à droite, sur un siège terminé par des masques de lion ou pas (plats) suivant les cas, tenant un globe de la main gauche et un long sceptre de la main droite, le pied gauche posé sur une proue de navire comme sur notre exemplaire. Le second type présente la même entité mais qui tient au lieu du globe un bouclier sur lequel sont inscrits les vota : VOT/ X/ MVLT/ XV, à l’occasion des decennalia de Valentinien II. Pour le droit, les différents auteurs ont retenu deux variantes différentes de diadème. Le premier, le plus courant, est un diadème perlé seulement (A’a) et le second est un diadème perlé et gemmé (A’c), c’est le cas de notre exemplaire. Nous pouvons en conséquence rencontrer plusieurs types de variétés entre le droit et le revers. Enfin pour clore cette partie, la césure de la légende de revers CONCORDI-A AVGGG, est datée par les différents auteurs de la période 388-392. Pour la 45e émission de Constantinople, l’atelier a utilisé les dix officines. Pour Valentinien II, des solidi sont recensés pour les 5e, 6e, 7e, 9e et 10e officines. La septième officine a aussi frappé des solidi pour Arcadius (Depeyrot 45/4). Au total, nous avons dix solidi pour cette officine, 4 pour Valentinien II et 6 pour Arcadius. VALENTINIEN II (22 novembre 375 – 15 mai 392) Flavius Valentinianus Valentinien II, fils de Valentinien Ier, est proclamé auguste à l’âge de quatre ans. Après avoir été chassé d’Italie par Magnus Maximus en 387, il est rétabli sur le trône par Théodose Ier avant d’être assassiné en 392 par Arbogast, qui lui préfère Eugène. Solidus, Constantinople, 388-392, 7e off. (refait sur la 6e off.) (Or 4,44 g, 20,50 mm, 12 h) (taille 1/72 L., poids théorique : 4,51 g ; 7200 nummi) A/ D N VALENTINI-ANVS P F AVG « Dominus Noster Valentinianus Pius Felix Augustus », (Notre seigneur Valentinien pieux heureux auguste). Buste diadémé, drapé et cuirassé de Valentinien II à droite vu de trois quarts en avant (A’c) ; diadème perlé et gemmé. R/ CONCORDI-A AVGGGZ/ S/ -|-// CONOB « Concordia Augustorum », (La Concorde des trois augustes). Constantinople assise de face, tournée à droite sur un trône orné de têtes de lions, tenant de la main droite un sceptre long et de la gauche un globe, le pied posé sur une proue. C 4 – RIC IX/, 230, 67 b – Depeyrot 45/2 (4 ex.) – RCV 5/20167 (1200$) Superbe exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Très joli buste ainsi qu’un revers finement détaillé. Patine de collection. SUP 1 600€/2 500€ Lettre d’officine (Z= 7e) regravée sur une autre (S = 6e). Monnaie montée anciennement. G. Depeyrot a recensé seulement 4 exemplaires dans son inventaire. Le revers de notre solidus avec trois G peut se rapporter à plusieurs périodes bien précises. Le type fait son apparition en 380 pour l’atelier de Constantinople. Nous avons plusieurs variétés au revers avec trois ou quatre G, un grand ou un petit trône avec des accoudoirs en forme de tête de lion ou plats comme sur notre exemplaire. Avec trois G, les accoudoirs à tête de lions, notre solidus serait frappé entre 388 et 392, date de la disparition de Valentinien II. Notre solidus qui peut sembler anodin au premier abord est en fait beaucoup plus intéressant et rare qu’il n’y paraît avec son diadème au droit, la césure de sa légende au revers qui en fixe la chronologie, la présence des accoudoirs avec tête de lion et sa lettre d’officine regravée, preuve qu’il faut vraiment examiner chaque détail d’une pièce avant de lui donner un numéro de référence. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT SOLIDUS DE VALENTINIEN II : 7/6 ? Lr 80 : 65€

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