Bulletin Numismatique n°241 36 La mort d’Alexandre III le Grand survenue à Babylone en juin 323 avant J.-C. sans successeur désigné et en pleine grossesse de son épouse Roxane, laissait l’Empire dans une situation instable. Un conseil de régence était alors constitué des amis (philoi) du roi défunt en attendant la naissance de l’enfant, le futur Alexandre IV associé à son oncle épileptique, demi-frère du roi, Philippe III Arrhidée. Après la mort de Philippe III en 316 avant J.-C., le pouvoir fut largement disputé entre Olympias, mère d'Alexandre, Alexandre IV et les Diadoques, en particulier Cassandre et Antigone. Antigone le Borgne apparaît sur la scène politique en 321 avant J.-C. en écrasant Eumène, satrape de Cappadoce, qui sera assassiné par Antigone en 316 avant J.-C. À partir de l'année suivante, Antigone entre en lutte contre Séleucus, Ptolémée, Cassandre et Lysimaque. Antigone occupe la Syrie et proclame la liberté des cités grecques en 314 avant J.-C. Antigone et son fils Démétrius sont battus à Gaza en 312 avant J.-C. Une paix qui exclut Séleucus est signée en 311 avant J.-C. En 306, Démétrius remporte la victoire navale de Salamine de Chypre. Antigone prend le titre de Roi, imité par les autres Diadoques. Finalement, Antigone est battu et tué à la bataille d'Ipsos en 301 avant J.-C. MACÉDOINE - ROYAUME DE MACÉDOINE - DÉMÉTRIUS POLIORCÈTE (306/5 – 283 avant J.-C. Démétrius, fils d'Antigone le Borgne qui fut tué à la bataille d'Ipsos en 301 avant J.-C., écrasa la flotte de Ptolémée à la bataille de Salamine (parfois injustement identifié avec la statue de la Victoire de Samothrace). Grand stratège, il reçut le titre de Poliorcète (le preneur de villes). Roi de Macédoine après la mort de Cassandre, en 294 avant J.-C., il fut détrôné par Lysimaque et Pyrrhus en 288 avant J.-C. et mourut prisonnier d'Antiochus en Syrie (283 avant J.-C.) Tétradrachme, Eubée, Chalcis, 291-290 avant J.-C. (Ar, 17,10 g, 26 mm, 12 h), Poids théorique : 17,20 g, 4 drachmes A/ Anépigraphe Tête de Démétrius Poliorcète diadémée à droite, ornée d’une corne de taureau ; grènetis circulaire. R/ ΒΑΣΙΛΕΩΣ / ΔΗΜΗΤΡΙΟΥ (du roi Démétrius). Poséidon nu, debout à gauche, le pied droit posé sur un rocher, le bras droit posé sur son genou et tenant un trident de la main gauche ; dans le champ à gauche, un monogramme (peu visible). CDP 147, 295, pl. XV, 9 (A/ CXLVIII) – RQEMH 131 – HGCS 3.1/ 1014f (291-290 avant J.-C.) Superbe exemplaire sur un flan court idéalement centré des deux côtés. Très beau portrait de Démétrius Poliorcète, bien venu à la frappe. Joli revers. Patine grise de collection ancienne. SUP 1 200€/2 200€ Exemplaire provenant du stock de Thomas Bentley Cederlind (USA), de la vente Gorny & Mosch 233, n° 1331 (mal décrit), de la vente CNG 102, lot n° 248 et de la collection P-R. B. Ce monnayage est le quatrième de l’Épigone (successeurs des Diadoques). Il a commencé à utiliser les types au nom d’Alexandre avant d’y apposer le sien à partir de 306/5 avant J.-C. Avant d’adopter un monnayage qui rappelle sa victoire navale de Salamine (HGCS 3.1/ 1012) avec la Nikè sur la proue de Navire et un Poséidon martial brandissant son trident. C’est seulement à partir de 292 que son buste fait son apparition sur la monnayage, la tête coiffée du diadème (tainia) et orné d’une corne de taureau à l’instar de Lysimaque qui porte lui une corne de bélier. Poséidon est cette fois-ci nu à mi-corps, assis sur un rocher tenant un asphlaton (aplustre) qui ornait les poupes de navire, symbole de victoire et un sceptre (HGCS 3.1/ 1013). Enfin le dernier monnayage avec la même tête nous laisse découvrir un élégant Poséidon nu le pied reposant sur un rocher et s’appuyant sur son trident (HGCS 3.1/ 1014). La plus grande partie des ateliers ayant frappé ce type se trouve en Macédoine et en Grèce comme pour notre exemplaire à Chalcis. Dans son ouvrage consacré à Démétrius Poliorcète, E. T. Newell avait recensé sept numéros avec treize coins de droit et quatorze coins de revers pour dix-neuf exemplaires. Le même auteur faisait remarquer (op. cit. p. 139) que l’atelier semblait moins rare que sa production monétaire ne semblait l’indiquer. La cité semble avoir été un relais important de la puissance macédonienne sur la Grèce centrale. François de Callataÿ dans son Recueil a recensé 217 tétradrachmes avec 84 coins de droits et 159 coins de revers et un indice charactéroscopique moyen de 2,58 exemplaires par coin de droit pour l’ensemble du monnayage. Avec notre monogramme nous avons trois coins de droit et quatre de revers et un total de cinq exemplaires. Newell signale sans l’illustrer un exemplaire dont la masse est de 17,09 g et l’axe des coins à 12 h (Newell, 147/ 295) qui pourrait bien être notre exemplaire. Dans un article récent, P.-O. Hochard, Et si la Maccédoine n’était pas le cœur du domaine antigonide ? Retour sur le règne de Démétrius Poliorcète, publié dans le dernier volume de la série Numismatica Antiqua 15, Ausonius, Bordeaux, 2023, p. 79-94 revient sur le monnayage du génial, impétueux, mais malheureux fils d’Antigone. Dans cette contribution, agrémentée de très nombreuses cartes et tableaux, il actualise le travail de Newell en relevant au total 162 coins de droit et 316 coins de revers pour POSÉIDON ET DÉMÉTRIUS : TÉTRADRACHME DU POLIORCÈTE !
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