cgb.fr

Bulletin Numismatique n°241 32 Au moment ou paraîtront ces lignes, vous aurez déjà eu connaissance de MONETAE 34, notre nouveau catalogue dédié aux monnaies grecques, provinciales, byzantines et celtiques. Cependant, nous souhaitions attirer votre attention sur un des tout premiers monnayages de l’histoire de l’Antiquité qui est né en Asie Mineure. Outre l’exemplaire de référence mis en exergue ici, vous pourrez aussi acquérir plusieurs autres trités issus du même catalogue. Les prix des exemplaires soumis à votre sagacité varient entre 2 800 et 5 800€. Il reste assez exceptionnel de voir proposés plusieurs exemplaires à la vente en même temps. Depuis 1995, nous avons eu l’occasion de vous soumettre au total dix-sept exemplaires de ce type qui reste un des plus mythiques et emblématiques de la naissance de la Monnaie. LYDIE - ROYAUME DE LYDIE (VIIe – VIe siècle avant J.-C.) Nous ne savons pas exactement quand est née la Monnaie (nomisma). Il semble qu’elle fasse son apparition dans le royaume de Lydie dans la seconde moitié du VIIe siècle avant J.-C. Mais de petits lingots estampillés sont aujourd’hui recensés et constituent peut-être les prototypes de la monnaie elle-même au tout début du VIIe siècle avant J.-C. La naissance de la monnaie révolutionne les habitudes de troc et permet d’évaluer les objets à partir d’un étalon et d’en garantir la valeur. Ce changement s’accompagne d’une multiplication des échanges et de l’ouverture des marchés. Le fait que les premiers monnayages d’électrum (métal natif charrié par les fleuves d’Asie Mineure comme le Pactole) soient apparus en Asie Mineure occidentale n’est peut-être pas dû au hasard, mais à la volonté des possédants (royaume de Lydie ou cités grecques d’Asie Mineure) de créer un système de valeur et des moyens d’échanges afin de les garantir. La monnaie c’est aussi la Loi (nomos) et elle revêt un caractère sacré. La Lydie était située au carrefour de grands axes routiers et commerciaux, le bassin méditerranéen et l’Asie centrale. Elle a su tirer avantage de cet emplacement stratégique en mettant en place des taxes et des droits de douane. Disposant d’importantes ressources minières et métalliques grâce à l’électrum (alliage naturel au départ d’or et d’argent) dont le fleuve Pactole charriait les pépites et dont le mont Tmole détenait des filons, la Lydie fut pour le monde grec « l’Eldorado » de l’Antiquité. Les rois de Lydie entretenaient de nombreux échanges commerciaux avec ce monde grec, notamment par l’intermédiaire des cités grecques des côtes. Puissance économique, la Lydie était aussi une puissance bancaire, puisque les Lydiens inventèrent l’usage de la monnaie. Les rois de Lydie participèrent aussi à la vie religieuse et sacrée des grands lieux de culte comme Delphes. Aucune chronologie certaine ne peut être établie quant à l’apparition de la monnaie. C’est sous la dynastie des Mermnades entre Gygès (685-644 AC.) Alyatte II (610-561 AC.) et avant Crésus (561-546 AC.) que la monnaie fit son apparition dans cette partie du monde. Trité d’électrum, Lydie, Sardes ? 610-560 avant J.-C. (El, 4,68 g, 11 mm, - h) étalon milésiaque (poids théorique : 4,76 g) (tiers de statère ou tetrobole) A/ Anépigraphe. Tête de lion à droite, verrue sur le front (étoile). R/ Anépigraphe. Double carré creux informe. BMC 7 – coll. Pozzi 2471 (attribué à Milet) – SNG Aulock 2868 – coll. Rosen 656 – B. traité 44 - A. R. Bellinger, Electrum coins from Gordion, Essays Stanley Robinson, Londres, 1968, p. 10-15, pl. I - L. Weidauer, Probleme der frühen Elektronprägung, Typos I, Fribourg, 1975, p. 24, n° 86, pl. 10 (type XVI) Bel exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Jolie tête de lion, bien venue à la frappe. Patine de collection. TTB+ 5 800€ Avec son certificat d’exportation n°240818 délivré par le ministère français de la Culture. La richesse du royaume de Lydie est restée proverbiale. Le Pactole qui coulait à Sardes charriait des pépites d’or, ou plutôt d’électrum. Le Monnayage lydien, l’un des premiers du monde grec, débuterait au milieu du VIIe siècle avant J.-C. Nous avons d’abord un statère d’électrum natif, d’étalon milésiaque à 14,20g. Notre série la XVI du classement de Weidauer comprend des trités (1/3 statère) et des demi-hectés (1/12 statère). Ce type présente toujours une tête de lion avec une verrue sur le front. Le choix de cet animal n’est peut-être pas anodin et il orne, au départ, de nombreux monnayages archaïques. Le carré creux bipartite est un déjà un progrès par rapport au carré de même type, mais informe, sans division. Dans le trésor de Gordion (IGCH. 1176) trouvé à Gordion en Phrygie en 1963, il y avait 45 pièces d’électrum, 26 trités, 1 hecté et 18 douzième de statères. Le trésor pourrait avoir été enfoui vers 610 avant J.-C. Prenez le temps d’examiner ce type et les autres exemplaires qui l’accompagnent. De nombreuses monnaies de cette série présentent des contremarques de changeurs ou de banquiers et semblent démontrer avec leurs différents taux d’usure une utilisation soutenue et une circulation véloce. Si vous vous intéressez à cette période et à cette région, nous vous invitons à consulter un ouvrage qui vient de paraître de Kévin Leloux, Crésus le roi le plus riche des rois de Lydie, Paris, 2023, 298 pages, 23€ ! Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT AUX ORIGINES DE LA MONNAIE : LA LYDIE, UN PACTOLE POUR L’ANTIQUITÉ !

RkJQdWJsaXNoZXIy MzEzOTE=