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Bulletin Numismatique n°241 30 Tout ce qui est petit est mignon dit l’adage. Malgré son diamètre, notre solidus de l’atelier de Carthage possède une masse respectable avec ses 4,44 g pour un poids théorique de 4,51 g. Souvent ces solidi étaient un peu plus légers. L’atelier de Carthage a ré-ouvert en 533 après la reprise de la cité par Bélisaire, général de Justinien Ier, sur les Vandales. L’atelier byzantin ferme définitivement ses portes en 695 sous Justinien II quand les Arabes s’emparent de la cité. Le monnayage d’or est frappé dans l’atelier à partir de 540 environ. Mais dès le règne de Maurice Tibère (582-602) si le solidus conserve son poids, son diamètre a tendance à se réduire pour devenir « globulaire » à partir d’Héraclius (610641). Les dernières frappes importantes ont lieu pendant le règne de Constantin IV (668-685), le fils de Constans II. Quelques rares solidi sont encore recensés pour Justinien II (685-695 et 705-711) au début de son premier règne. Pourquoi nommons-nous ces pièces sur flan épais des solidi globulaires ? Parce qu’ils ressemblent à des petites galettes très épaisses à bord renflé qui donnent l’impression, quand on les a au creux de la main, d’avoir un globule d’or d’un peu plus de quatre grammes ! D’autre part, malgré leur taille, la plupart des exemplaires sont épigraphes et comportent en fin de légende des lettres numérales d’indiction (annonce, cycle de quinze ans). Introduite par Constantin Ier en 312, elle devient obligatoire dans les actes sous le règne de Justinien Ier à partir du 1er septembre 537. Cependant, en numismatique, elle ne se rencontre que sur les monnaies de Carthage et certains autres ateliers comme les premières monnaies de Syracuse. CONSTANS II (septembre 641 – 15 juillet 668) Constans II, Constantin IV, Héraclius et Tibère (2/08/659-15/07/668) Constans II, né en 630, était le fils d’Héraclius Constantin et le petit-fils d’Héraclius. Il fut associé au pouvoir dès septembre 641 et le début de son règne vit la perte définitive de l’Égypte emportée par l’islam. Constans, dans les années 65054, dut faire face à de nombreuses séditions et révoltes, en particulier en Afrique du Nord. En 654, son fils Constantin IV devient auguste. À partir de 659, Héraclius et Tibère sont associés au pouvoir et, sur les monnaies, ils figurent au revers. C’est Constantin, le fils aîné de Constans, qui est toujours représenté au droit à côté de son père. À la fin de son règne, Constantin IV abandonna Constantinople pour s’établir finalement à Syracuse. C’est là qu’il fut assassiné en 668. Solidus globulaire, Carthage, 662-667 (Or, 4,44 g, 12 mm, 6 h) (taille 1/72e livre romaine, poids théorique 4,51 g, 7200 noummia) A/ D - O-N Buste barbu, couronné de Constans II de face, vêtu de la chlamyde, tenant le globe crucigère de la main droite et buste imberbe de Constantin IV, vêtu de la chlamyde ; au milieu, une petite croisette. R/ Anépigraphe Bustes de face d’Héraclius et de Tibère imberbes, couronnés et vêtus de la chlamyde ; au milieu, une croix posée sur un globe. BMC 273 - Ratto 1617 - Do – BN/B 9 var., pl LV - MIB 73-b - BC 1044 (350£) - DMBR 12/70 (850€) - BcAS 376a Superbe exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Très beaux bustes. Patine de collection. Très rare. SUP 900€/1 500€ Solidus globulaire. Par analogie avec les solidi de l’atelier de Constantinople, nous datons ce type entre 662 et 667. Sur notre exemplaire la croix potencée posée sur deux degrés vient se placer sous les butes qui sont minuscules comme sur l’exemplaire Do 128 = = MIB 74a = BC 1045 = DMBR 12.71 N avec la lettre A dans le champ à droite que ne semble pas présenter notre exemplaire et qui est beaucoup plus rare que les autres solidi avec une petite croix posée au niveau des bustes des deux Césars ! Si l’atelier de Carthage était encore très important au début du règne de Constans II, il est progressivement remplacé par les ateliers italiens, Syracuse en particulier, à la fin du règne. Les petites monnaies d’argent, siliques et demi-siliques, deviennent très rares et disparaissent à la fin du VIIe siècle. Les solidi avec Constantin IV, Héraclius et Tibère étaient datés traditionnellement entre 659 et 668. Pour l’atelier de Constantinople, nous avons trois types : le premier avec la croix posée sur un globe daté entre 659 et 661 ; le deuxième avec la croix posée sur trois degrés entre 661 et 663 ; enfin le dernier type où Constantin IV est rejeté au revers avec ses frères entre 663 et 668. Pour l’atelier de Carthage, nous n’avons que les deux premiers types. Normalement les exemplaires de l’atelier de Carthage présentent des restes de légende, très parcellaires sur notre exemplaire. Notre exemplaire, bien que sur un petit flan globulaire de 12 millimètres, est parfaitement identifiable et présente le plus grand intérêt. La dextérité des graveurs devait être indiscutable afin de pouvoir travailler sur des coins de taille aussi réduite. Même si les bustes ne sont pas parfaitement identifiables, ils sont néanmoins calibrés. Il est rare de voir ce type d’exemplaire proposé à la vente. Nous sommes persuadés que les spécialistes auront remarqué ce solidus et lui rendront l’hommage qu’il mérite. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT SOLIDUS GLOBULAIRE DE L’ATELIER DE CARTHAGE POUR CONSTANS ET SES FILS : QUATRE BUSTES POUR DEUX FACES !

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