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Bulletin Numismatique n°240 46 Les nombreuses pièces de 4 sols et de 12 kreutzers en argent bas-titre, voire billon, frappées en principauté de Château-Regnault de 1617 à 1619 par Paul Manlich, maître et fermier de la Monnaie de la principauté, sont dans leur très grande majorité dépourvues de millésime. On en connaît toutefois quelques-unes millésimées 1617 frappées dans l’atelier de Château-Regnault et quelques autres millésimées 1619 frappées dans l’atelier de Linchamps. Ces deux pièces sont connues de Jean-René de Mey qui les répertorie à la principauté de Château-Regnault dans son ouvrage de 1985, Les monnaies ardennaises. N°1 – De Mey D56 p.32 : Quatre sols 1617 (fig.1) A/ Ecu couronné surmonté du millésime 1617, écartelé au 1 et 4 de Hongrie (contre-écartelé de Hongrie ancien et moderne) et au 2 et 3 d’Aragon, le tout posé sur une croix de Bourgogne formée de sarments. La légende entourant l’écu est MONETA. NOVA. ARG(ENTIA). CHAST qui signifie : « monnaie nouvelle d’argent de Château-Regnault ». R/ Aigle bicéphale couronnée éployée en plein champ, accompagnée de la légende INITIVM. SAPIENTIE. TIMOR. DOMINI. qui signifie : « la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse » (verset extrait de la Bible). Cette pièce était connue d’Arthur Engel qui l’a publiée dans la Revue numismatique 1885 p.305 n°2 et planche XII n°2. Elle figurait dans la collection Henri Meyer (1890 n°3153, 1902 en lot). Le présent exemplaire provient de la célèbre collection Fernand David, dispersée à Monaco (Alain Weil et Editions Victor Gadoury) le 12 mars 2022, n°771. N°2 – De Mey D63 p.34 : Quatre sols 1617 (fig.2) A/ Ecu couronné surmonté du millésime 1617, écarté au 1 et 4 d’un quartier contre-écartelé de Hongrie ancien, Juliers, Juliers et Hongrie moderne ; au 2 et 3 d’Aragon, le tout posé sur une croix de Bourgogne formée de sarments. La légende entourant l’écu est MONETA. NOVA. ARG(ENTIA). CHAST qui signifie : « monnaie nouvelle d’argent de Château-Regnault ». R/ Aigle bicéphale couronnée éployée en plein champ, accompagnée de la légende SIT. NOMEN. DOMINE (sic, au lieu de DOMINI). BENEDICTUM qui signifie : « que le nom de Dieu soit béni ». Cette devise est celle du roi de France, elle figure sur la plupart des monnaies françaises. A. Engel publie cette monnaie dans la Revue numismatique 1886 p.390 n°2, avec dessin. Il précise qu’elle figure dans la collection du vicomte Baudouin de Jonghe, ce que De Mey indique également en omettant la référence à Engel. Nous l’avons retrouvée également dans la collection Henri Meyer (1890 n°3152, 1902 en lot). Nous n’avons plus souvenance de la provenance de notre exemplaire. HISTORIQUE DE LA FABRICATION DE CES MONNAIES Les décris successifs prononcés en France par Louis XIII le 5 décembre 1614 puis par la Cour des monnaies de Paris le 19 décembre 16161 dissuadent la princesse de Conty, Louise-Marguerite de Lorraine-Guise, de frapper des espèces imitées des espèces françaises dans sa principauté de ChâteauRegnault. La princesse qui a engagé Paul Manlich comme maître de la Monnaie de sa principauté et lui accorde la permission de frapper des espèces imitées de celles de l’Empire (4 sols, 12 kreutzers, 3 kreutzers). La première émission, accordée en 1617, n’a pas été retrouvée, mais on a connaissance de son existence par celle de 1619 signalée par Adrien Blanchet en 1907 puis en 19432. Le texte publié par Blanchet décrit expressément les pièces de 4 sols et de 12 kreutzers. En raison de leur bas-titre, inférieur à celui des espèces impériales qu’elles imitaient, ces imitations castelréginaldiennes furent rapidement décriées, tant en 1618 qu’en 1619, à Strasbourg et Francfort notamment. D’où l’absence d’exemplaires millésimés 1618 et le fait que les millésimées 1619 sont des pièces de 12 kreutzers, à l’exclusion des pièces de 4 sols. On connaît également par un placard alsacien de 1619, une pièce de 6 batzen millésimée 1617 au buste de François de Bourbon-Condé, prince de Conty, le défunt mari de Louise-Marguerite. Cette monnaie n’a pas été retrouvée (De Mey 1985, p.31 n°D52). Les pièces de 4 sols 1617 et de 12 kreutzers 1619 frappées en principauté de Château-Regnault, à Château-Regnault et à Linchamps, ainsi peut-être que dans d’autres ateliers dont alors la Tour à Glaire, sont extrêmement rares. On en rencontre moins d’une pour 20 exemplaires non millésimés. Les décris qui frappèrent les unes et les autres dans les villes impé1 Imprimés Collection Morel-Fatio (BnF, Cabinet des Médailles) n°190 et 191 (1614) ainsi que n°193 et 194 (1916), répertoriés par DEPEYROT 1997 n°345 et 350. 2 BLANCHET 1907 pp.416-417 et 1943, pp.177-178. DEUX EXEMPLAIRES VARIÉS DE LA PIÈCE DE 4 SOLS DE CHÂTEAU-REGNAULT AU MILLÉSIME 1617

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