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Bulletin Numismatique n°239 37 Dans la Live Auction du 5 mars 2024, une dénomination celtique inhabituelle a retenu notre attention : un rarissime hemistatère « au maillet » du Pays de Caux. Ce type fut seulement publié pour la première fois en 2008 dans les Cahiers Numismatiques de la SÉNA (Cah Num 175, mars 2008, p. 15-25, n° 1-4) par Louis-Pol Delestrée et Pierre-Marie Guilhard, ce qui permit d’inclure ce type rarissime dans le Supplément du DT IV (Louis-Pol Delestrée et Marcel Tache) publié la même année (DT S 2069 B). Cette série comprenait trois hémistatères et un quart de statère (CN 175, p. 16). Cette série particulière se caractérise par l’adjonction d’un petit maillet renversé placé sous l’équidé au revers, placé verticalement. Les auteurs du DT ont affiné le classement en différenciant les pièces et en référençant trois classes. Les exemplaires n° 1 et 3 de l’article des Cahiers Numismatiques sont de mêmes coins de droit et de revers, mais notre exemplaire (n° 3) présente un état plus récent de la frappe (cassure de coin au revers). Les auteurs du DT lui assignent la classe II des hémistatères au maillet. Cette série qui reste toujours très rare aujourd’hui est à rapprocher des types « au glaive » (DT 2041-2044). Ces monnaies sont attribuées à la Normandie, au Pays de Caux. Les auteurs aux pages 20 et 21 précisent la carte de répartition des trouvailles ainsi que l’inventaire de celles-ci qui débordent du cadre géographique imparti. GROUPE DE NORMANDIE, Indéterminées (IIIe - IIe siècles avant J.-C.) Les émissions d'or du IIIe siècle et du début du IIe sont variées mais assez mal connues, avec un petit nombre d'exemplaires et peu de provenances certaines. Néanmoins, l'aire de circulation semble concentrée sur la Normandie, regroupant ainsi des peuples comme les Baïocasses, les Unelles ou les Léxoviens. Ces peuples n'avaient probablement pas la même réalité au IIIe siècle qu'à l'époque de la Guerre des Gaules, lorsque Jules César les mentionne ! Certains n'hésitent pas à regrouper ces monnaies en « Léxoviens du IIIe siècle » (MONETA) alors que d'autres, plus prudents, les regroupent sous l'appellation « Groupe de Normandie », daté du IIIe siècle et de la première moitié du IIe siècle avant J.-C. (Nouvel Atlas) Hémistatère « au maillet » et au profil lauré, classe II (Or 4,07 g, 15,5 mm, 1h) A/ Anépigraphe Tête laurée à droite, la chevelure abondante. R/ Anépigraphe Cheval à gauche conduit par un aurige ; en dessous, maillet au manche vertical. DT S 2069 B (mêmes coins). Dans le DT, il y a une confusion dans les poids entre les deux exemplaires DT S 2069 B (4,07 g pour notre exemplaire et 3,98 g pour le second exemplaire). Très belle monnaie avec un droit presque SUP, bien centré. Revers agréable bien que plus usé. La monnaie semble en bon or. TTB+/ TTB 3 500€/6 500€ Monnaie exceptionnelle publiée dans les Cahiers Numismatiques (n° 175, mars 2008, p. 15-16, n° 3 et fig.) indiquée comme communiquée par Y. Cellard (Argenor). Sur les trois hémistatères et le quart de statère, deux hémistatères présentent le profil lauré (DT S 2069 B = CN 175, n°1 et 3) tandis que le troisième hémistatère (DT S 2069 A = CN 175, n° 2) ainsi que le quart de statère (DT S 2069 C = CN 175, n° 4) sont appelés « au profil non lauré » ; Mais tous possèdent au revers le petit maillet posé verticalement sur la ligne d’exergue du revers de cette série. Ces hémistatères de poids lourd (plus de 4 grammes) se rattachent aux imitations précoces des statères de Philippe II dont le prototype avait une masse de 8,60 g. Ces monnaies imitées dites « de la première génération » pourraient trouver leur origine chronologique dans la première moitié du IIIe siècle avant J.-C. Comme les originaux grecs, leurs dérivés celtiques présentent sous le cheval un symbole, le maillet qui n’est pas sans rappeler ceux des ateliers de Pella ou d’Amphipolis des prototypes. Le choix du maillet n’est pas anodin. Si c’est bien de lui qu’il s’agit, il pourrait rappeler l’épisème de l’un des principaux dieux celtes, Sucellus, assimilé après la conquête à Silvanus, dieu de la forêt. Cette entité serait alors identifiée comme le dieu de l’artisanat, du bois et de la fabrication des tonneaux comme l’indiquent les auteurs des Cahiers Numismatiques (CN, 175, p. 19). Notre hémistatère viendrait prendre place dans un groupe beaucoup plus large, comprenant de nombreuses séries et variétés, constitué principalement d’hémistatères et de quarts, peut-être aussi de tiers dont les exemplaires les plus lourds compris entre 4,20 g et 4,29 g, peu nombreux, seraient très proches des originaux grecs et certainement à placer haut dans la chronologie des imitations précoces ! Avec cet exemplaire de la Live Auction du 5 mars 2024, nous vous offrons un rare type du groupe de Normandie dont deux exemplaires sont réputés provenir de Caudebec-en-Caux (76, Seine Maritime) mais qui pourraient bien se rencontrer sur les deux rives de l’estuaire de la Seine. Viviane BÉCLIN et Laurent SCHMITT UN HÉMISTATÈRE EXCEPTIONNEL POUR LA NORMANDIE Ln 64 : 55,10€

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