Bulletin Numismatique n°239 34 Dans la prochaine Live Auction du 5 mars 2024, nous avons la chance de pouvoir découvrir un énigmatique statère d’argent (bas titre) attribué aux Baïocasses. En fait la plupart de ces statères se rencontrent souvent sur l’île de Jersey. Ce type monétaire a toujours fait couler beaucoup d’encre depuis le XIXe siècle. Au XXe siècle, c’est Jean-Baptiste Colbert-de-Beaulieu qui a eu l’occasion de revenir plusieurs fois sur ce monnayage, en particulier dans la RBN, en 1959, 49-57 à propos du lot n° 3 de Jersey II, n° 1591-1595, p. 54 où cinq exemplaires proches de notre type sont décrits. Ils sont donnés aux Baïocasses (5°), mais en fait dans la note 14 à la même page, l’auteur revient sur cette attribution, leur substituant les Unelli, s’appuyant sur sa communication dans le BSFN, juillet 1951, p. 50-51. Avec la découverte de nouveaux dépôts dont le gigantesque trésor de Grouville (Catillon II, sur l’île de Jersey), découvert en 2012, contenant peut-être plus de 70 000 pièces, actuellement étudié par Philippe de Jersey et qui contient des espèces des différents peuples armoricains, nous connaîtrons, peut-être, des avancées profitables sur ces monnayages. Notre exemplaire, très proche du type DT 2285, correspond en fait au dessin de Dardel du LT 6985 qui semble et reste très rare. Ce type se caractérise par une bouche en forme de lambda bouleté d’où s’échappe un cordon perlé, un nez pointu à l’extrémité globulée. Sur notre statère, au revers, le vexillum placé devant le cheval androcéphale n’est pas visible. Mais ce type, actuellement, semble bien devoir rester attribué aux Baïocasses dans l’attente de nouvelles avancées numismatiques. BAÏOCASSES (Région de Bayeux) (IIe - Ier siècles avant J.-C.) Les Baïocasses ou Bodiocasses ne sont pas cités dans la Guerre des Gaules de César. C'est Pline l'Ancien qui en parle le premier. Les Baiocasses occupaient une partie de la Normandie actuelle, le Bessin. Ils avaient pour voisins les Unelles, les Viducasses et les Véliocasses. Leur principal oppidum était Augustodurum (Bayeux). Pline (HN. IV, 107). Ptolémée (G. II, 8). Statère d’argent au sanglier et à la lyre (Ar 6,82 g, 22,50 mm, 2h) A/ Anépigraphe Tête humaine à droite, les cheveux en grosses mèches ; un sanglier dans la chevelure d’où partent des cordons perlés, un autre s’échappe de la bouche. R/ Anépigraphe Cheval androcéphale galopant à droite ; une lyre entre les jambes ; restes de l'aurige au-dessus du dos ; vexillum devant la tête. LT 6985 - DT 2285 var. - Coll.E. Guiboug, Vinchon, 9 & 10 décembre 1974, n° 98 (très proche, sans pouvoir affirmer une liaison de coins possible) Belle monnaie sur un flan ovale et centré, un plat de frappe à douze heures. Quelques fines rayures. Patine grise. RRR SUP 3 500€/4 500€ Cette monnaie est intéressante avec cette volute perlée s’échappant de la bouche au droit. Ce type dont le poids est élevé pour une monnaie en argent (bas titre) de 6,82 g avec des exemplaires lourds avoisinant les 7,00 g, n’est pas très éloigné de monnaies en électrum des Baïocasses dont les masses sont comprises entre 7,20 g et 7,50 g et des premières imitations de Philippe II de Macédoine de la région. Ce type encore attribué aujourd’hui aux Baïocasses par convention est un excellent exemple de ces statères armoricains qui s’intègrent entre la fin du IIe siècle avant J.-C. et la guerre des Gaules, des alliances monétaires qui peuvent exister en Armorique et rendent parfois la lecture et l’interprétation des faciès monétaires complexes et aléatoires. Nous sommes persuadés que d’ici le 5 mars 2024, nombre d’entre vous vont examiner leur collection avec un intérêt renouvelé. Viviane BÉCLIN et Laurent SCHMITT STATÈRE AU SANGLIER ET À LA LYRE : BAÏOCASSES, UNELLI OU JERSEY ?
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