Bulletin Numismatique n°239 25 Quand on ouvre l’ouvrage qu’O. Hoover a consacré aux monnayages de Sicile (HGCS 2), malheureusement actuellement épuisé, nous sommes surpris par l’apparition de l’or dans le monnayage syracusain alors que l’argent y régnait en maître depuis bien longtemps. En effet, l’or ne fait pas son apparition avant la fin du Ve siècle avant J.-C, sous Denys l’Ancien vers 405-400 avant J.-C. Il faut ensuite attendre plus d’un siècle sous Agathoclès à partir de 317 avant J.-C. en dehors d’un épisode éphémère sous Timoléon (343-336 avant J.-C.). Sous Hicétas, l’hémistatère ou drachme d’or, d’étalon attique, est la dénomination la plus forte battue (environ 4,30 g), mais elle équivaut à un décadrachme d’argent de 43,00 g environ. T. Buttrey dans son étude (NC 1973) a montré les limites de ce monnayage avec seulement six coins de droit pour une période de neuf ans soit moins d’un coin de droit par an. Ce monnayage bien que conséquent n’a pas pu permettre au tyran de Syracuse de mener la politique à laquelle se livre alors la cité contre Carthage. Comme les monnaies romaines frappées à la même époque en Campanie, le monnayage possède un système sophistiqué de cryptage au niveau des droits où chaque symbole est associé à un unique coin alors que les revers au nombre de vingt ont recours à un système de codification encore plus complexe aboutissant au total à 29 combinaisons possibles. SICILE – SYRACUSE (287-278 avant J.-C.) Hiketas, stratège, succéda à Agathoklès et devint tyran de Syracuse. Il vainquit Phintias, tyran d'Agrigente, à Hyblaion, mais fut à son tour défait par les Carthaginois à Terias et expulsé de Thonion en 279 avant J.-C. avant d'être chassé de Syracuse et remplacé par Pyrrhus (Diodore de Sicile, 21, 16, 6 ; 18,1 ; 22, 2, 1 ; 7, 2-3) ; [KP. 1145, lignes 17-49] Drachme d’or, décadrachme ou 60 litrai (Or 4,24 g, 16,5 mm 3 h) 10 drachmes ou 60 litrai A/ ΣΥΡΑΚΟΣΙΩΝ (de Syracuse) Tête laurée de Perséphone ou d’Aréthuse à gauche, couronnée d’épis ; une corne d’abondance derrière la tête. R/ ΕΠΙ ΙΚΕΤΑ/ Θ (du magistrat Hicétas) Bige galopant à droite, conduit par une Nike, tenant les rênes et le kentron ; au-dessous, un croissant ; au-dessous, entre les jambes du cheval, une lettre grecque. ANS 777 – MIAMG 4826 – T. V Buttrey, The Morgantina Gold hoard and the Coinage of Hicetas, NC 1973, p. 1-17, pl. 1-2, type 4G (10 ex.) (mêmes coins). Magnifique exemplaire sur un flan bien centré des deux côtés. Joli portrait, finement détaillé. Revers agréable. Patine de collection. Monnaie montée anciennement. Notre exemplaire est très proche de plusieurs drachmes sans que nous puissions affirmer avec assurance une complète identification due en partie aux catalogues de la première moitié du XXe siècle où les photos sont réalisées sur des moulages pour des exemplaires en général de moins de 17 mm de diamètre et où n’avons pas d’agrandissement qui nous permettrait de trancher. Mais derrière notre exemplaire, un « pedigree » pourrait bien se cacher. RRR SPL/ SUP 6 500€/ 12 000€ Cette drachme d’or correspond à 10 drachmes d’argent attique. Le ratio or/argent qui était précédemment de 1 pour 10 serait ainsi passé à 1 pour 15, plus conforme à la réalité métallique du début du IIIe siècle avant J.-C. La plupart des exemplaires connus proviennent du trésor de Morgantina et ont été publiés par T. Buttrey, The Morgantina Hoard and the Coinage of Hicetas, NC. 1973, p. 1-17, pl. 1-2. Pour ce type de monnayage, F de Callataÿ a répertorié 176 drachmes d’or avec six coins de droit et vingt de revers. Dans le trésor de Morgantina, il y avait un exemplaire de ce type, tandis que le trésor contenait au total 21 drachmes d’or pour l’ensemble du monnayage d’Hicétas (IGCH 2204 Serra Olando, découvert en 1966 et enfoui vers 270 avant J.-C., TPQ). Nous sommes très heureux de pouvoir proposer ce type de monnaie qui, bien que peu spectaculaire au premier abord, est d’un intérêt numismatique et historique indéniable. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT UNE MONNAIE D’EXCEPTION POUR HICÉTAS, TYRAN DE SYRACUSE
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