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Bulletin Numismatique n°238 28 L’histoire de la fin de l’Empire romain est complexe et mouvementée. Aujourd’hui, on n’évoque plus le basEmpire, mais l’Antiquité tardive. La frontière entre la fin de l’Empire romain d’Occident et de l’Empire d’Orient n’est plus aussi tranchée que par le passé, fixée par la déposition du dernier auguste, Romulus « Augustulus » par Odoacre le 4 septembre 476. En effet, aujourd’hui le dernier empereur romain est considéré comme Zénon (474-491) dont le règne est coupé par l’usurpation de celui qui va nous occuper maintenant, Basiliscus. L’Empire byzantin ne débutant qu’avec Anastase (491-518) alors qu’avant ce même Empire romain d’Orient pouvait débuter, soit sous Constantin Ier (307-337), ou à la mort de Théodose Ier le 17er janvier 395 avec la séparation en deux de son héritage, pars occidentalis avec Honorius (393-423) et pars orientalis avec Arcadius (383-408), ses fils. Dans la prochaine LIVE AUCTION du 5 mars 2024, ce solidus nous a interpellés, raison pour laquelle, nous avons décidé de le présenter dans le Bulletin Numismatique. BASILISCUS (9/01/475-08/476) Flavius Basiliscus Léon Ier (457-474) avait succédé à Marcien le 7 février 457 à Constantinople dans une période troublée, marquée par des vagues successives d’invasions qui ravageaient l’Empire depuis la deuxième moitié du IVe siècle, et cela s’était intensifié au siècle suivant avec la prise de Rome deux fois, en 410 par les Wisigoths et en 455 par les Vandales. Si le sort de la nouvelle capitale, fondée par Constantin en 330, semblait plus enviable, la cité était déchirée par des querelles religieuses et ethniques, l’armée, comme celle d’Occident, dominée par des Patrices d’origine étrangère. Léon avait confié à son beaufrère, Basiliscus, le frère de son épouse, Vérina, le soin de reprendre l’Afrique en 468, aux mains des Vandales depuis 430. Ce fut un échec complet. Léon avait perdu un fils en 463 et en 467, il avait marié sa fille aînée, Ariadne, à Zénon, un officier d’origine Isaurienne. Un fils, Léon, naquit de cette union en 467 et fut déclaré César en octobre 473 avant d’être élevé à l’Augustat le 18 janvier 474, à la mort de son grand-père, Léon Ier. Il régna seul entre cette date et le 9 février où son père lui fut associé. Léon II mourut le 17 novembre de la même année, son père fut accusé de l’avoir empoisonné. Détesté à Constantinople de par ses origines, Zénon dut s’enfuir de sa capitale et Basiliscus fut proclamé Auguste le 9 janvier 475. Impopulaire à son tour, il essaya d’asseoir son pouvoir en associant son fils, Marcus, nommé d’abord César à la fin de l’été 475, puis Auguste peu de temps après. Basiliscus fut trahi par Armatus, son neveu et amant de sa femme, Zenonis. Finalement Zénon reprit le pouvoir en août 476. Basiliscus, Marcus et Zenonis furent exilés en Cappadoce, condamnés à mort et moururent de faim. Zénon associa Léon, le fils d’Armatus, en 476 avant de les éliminer l’année suivante et régna alors seul jusqu’à sa mort, survenue le 11 avril 491. Ariadne, née en 457, sa veuve, la fille de Léon Ier, fut chargée de choisir le nouveau basileus en la personne d’Anastase, qu’elle épousa et qui lui survécut jusqu’en 518. Elle mourut en 515. Pendant ce temps en Occident entre 473 et 476, Glycère (473474), Julius Népos (474-475) et Romulus Augustule (475476) s’étaient succédé. Quant à Vérina, la belle-mère de Zénon, après une énième révolte en 484 contre son gendre, elle mourut de sa belle mort ! Pour l’ensemble de cette période, même les plus courtes, nous avons des monnaies d’or presque exclusivement. Pour notre solidus, il a été frappé très précisément entre la prise de pouvoir de Basiliscus en janvier 475 et l’association de Marcus, son fils au pouvoir en août 475. Le nombre de solidi conservés pour une aussi courte période est impressionnant d’après les résultats des recherches de G. Depeyrot. Cependant, la période d’instabilité politique, militaire et économique peut laisser envisager l’enfouissement de nombreux dépôts. Il est imaginable que ce type, sans lettre d’officine, ait été frappé pendant toute la durée du règne. Seule une étude charactéroscopique (recension des coins) permettrait de se faire une idée sur l’organisation monétaire et de la production pendant cette courte période. Sans lettre d’officine, on peut aussi penser à un atelier militaire (itinérant) accompagnant l’armée, ou à une production contantinopolitaine destinée à stipendier les Barbares pour ne pas franchir le limes (tribut). Solidus, Constantinople ?, janvier – août 475 4,53 g, 21 mm, 6h (1/72 L) (poids théorique 4,51 g, 7200 nummi A/ D N bASILIS-CYS PP AVG « Dominus Noster Basiliscus Perpetuus Augustus », (Notre seigneur Basiliscus perpétuel auguste) Buste diadémé, casqué et cuirassé de Basiliscus de face, tenant de la main droite la haste qui repose sur l'épaule et de la gauche, un bouclier orné d'un cavalier chargeant à droite (N’a) R/ VICTORI-A AVGGG/ -|* CONOB « Victoria Augustorum », (La Victoire des Augustes) Victoria (La Victoire) debout à gauche, tenant une longue croix de la main droite; dans le champ à droite, étoile à huit raies RIC 1003 (R) – RCV 5/ 21477 – Depeyrot 101/1 – LRC 607 SUP 1 500€/3 000€ BASILISCUS : UN USURPATEUR À LA COUR DE CONSTANTINOPLE

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