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Bulletin Numismatique n°238 26 Dans la prochaine LIVE AUCTION du 5 mars 2024, nous avons remarqué un tétradrachme macédonien pour la cité d’Acanthe qui a retenu notre attention et sur lequel nous aimerions revenir. MACÉDOINE – ACANTHE (Ve-IVe siècle avant J.-C.) Acanthe, fondée au VIIe siècle avant J.-C., était une colonie d'Andros, île de la mer Égée située sur la presqu'île d'Acté dans le golfe qui porte son nom, ayant d’importantes relations avec la Chalcidique. Lors de la deuxième guerre Médique, elle accueillit Xerxès Ier. Après la défaite perse, cependant, la cité entra très tôt dans l’alliance athénienne et devint tributaire de la ligue de Délos à partir de 450 avant J.-C. Pendant la guerre du Péloponnèse, Acanthe se rallia à Sparte et à son général Brasidas en 424 avant J.-C. Deux ans plus tard, l’autonomie d’Acanthe fut reconnue par les belligérants. Acanthe dut ensuite faire face à la ligue Chalcidique conduite par Olynthe, cité voisine. Acanthe s’opposa à sa rivale avec l’aide d’Amyntas III, roi de Macédoine et des Spartiates, en particulier dans le conflit olynthien entre 382 et 379 avant J.-C. À partir de 350, la cité doit faire face à Philippe II de Macédoine (359-336 avant J.-C.). La cité fit appel à Athènes. Philippe II s’empara d’Olynthe en 348 avant J.-C. et la détruisit. Acanthe à partir de ce moment déclina. Après 146 avant J.-C. et la conquête romaine, la cité fut rattachée à la province de Macédoine. D’un point de vue monétaire, Acanthe est une cité très intéressante. Elle monnaya d’abord sur un étalon euboïco-attique de 17,28 g environ des origines vers 525 avant J.-C. Jusqu’à la guerre du Péloponnèse (461-404 avant J.-C.) Acanthe abandonne l’alliance athénienne après l’expédition de Brasidas en 424 avant J.-C. pour entrer dans l’orbite macédonienne, d’où le changement d’étalon monétaire. L'atelier eut une production très importante à partir de la fin du VIe siècle avant notre ère grâce aux mines qui se trouvaient dans cette région. Le symbolisme du monnayage d’Acanthe rappelle les premières émissions d'Asie Mineure, au VIe siècle, où le lion symbolise le soleil (le principe masculin), et le taureau la lune (le principe féminin). Le type de notre tétradrachme serait l'un des plus anciens du monnayage grec d’argent. Notre exemplaire appartient à la dernière phase du monnayage d’argent frappé à partir de 430 avant J.-C., qui comprend de nombreuses variétés. C’est le Dr. J. Desneux qui, le premier, livra une monographie consacrée au monnayage d’argent dans la RBN de 1949 avec une étude de coins, toujours d’actualité, augmentée de 38 planches dont de nombreux agrandissements, qui fait encore autorité aujourd’hui. Avec seulement 67 exemplaires recensés et 39 coins de droit et 44 de revers, l’indice charactéroscopique est mauvais avec 1,72 (F. de Callataÿ). De nombreux nouveaux exemplaires sont venus enrichir la base statistique du monnayage et l’étude serait à reprendre aujourd’hui. C’est le cas de notre exemplaire qui ne semble pas appartenir au catalogue de Desneux. Tétradrachme, Acanthe, Thrace, c. 430-390 AC. 14,22 g, 23 mm, 6h, étalon thraco-macédonien (14,56 g) A/ AΛE (Alexis ou Alexios) Lion attaquant à droite un taureau tourné à gauche ; ligne de sol ; à l'exergue légende. R/ ΑΚΑ/ΝΘ/Ι/ΟΝ (d’Acanthe) Carré séparé par des lignes formant quatre compartiments pyramidaux granuleux, entouré de la légende, le tout dans un carré creux. ANS - J. Desneux, les tétradrachmes d’Akanthos, RBN. 1949, p. 5-122 – HGCS 3/ 391 Notre exemplaire est cependant très proche de l’exemplaire 141 du classement de Desneux, pl XVIII (A/ 133 – R/ 127) (cf. BnF, Babelon Traité, 1060, pl/ CCCXIX, 5 mais avec de petites variantes au niveau de la queue du lion). Un autre exemplaire figurait en 1949 dans le stock de Spink. Notre exemplaire présente aussi des similitudes avec l’exemplaire 142 du même inventaire, provenant de Berlin TTB+ 1 500€/2 500€ Exemplaire sur un flan idéalement centré des deux côtés. Très belle représentation du droit. Patine grise. Le coin est légèrement bouché et rouillé au droit, en particulier dans la partie inférieure gauche et au niveau de l’exergue et de la légende. Au revers, le carré creux est de haut relief avec les « quatre pyramides très soigneusement granulées » comme le faisait remarquer Desneux dans sa description. La composition de la scène, l’aspect « archaïsant » du tétradrachme rendent cet exemplaire attachant et devraient susciter l’intérêt des collectionneurs. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT ACANTHE : UN MONNAYAGE POUR LA MACÉDOINE Lh 49 : 65€

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