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Bulletin Numismatique n°237 28 Grâce à l’aide continue et particulièrement efficace de mes deux excellents amis et collègues, Arnaud Clairand et Jacques Vigouroux, avec lesquels je travaille en équipe depuis des années, il me paraît aujourd’hui possible d’envisager en 2025 l’achèvement et la publication de mes recherches sur les monnaies ardennaises des Temps Modernes (1560-1690). J’ai entrepris ces travaux il y a plus de 40 ans et ils se sont déjà traduits par de nombreuses publications courtes (communications, articles, notices de catalogues, etc.). Le résultat de ces recherches est destiné à remplacer définitivement le triste Poey d’Avant, bourré d’erreurs importantes et même d’affabulations concernant le monnayage ardennais (et pas seulement celui-ci !), mais qui reste encore malheureusement, pour beaucoup de numismates, une référence (!), faute d’avoir été remplacé depuis 1862, c’est-à-dire depuis plus d’un siècle et demi1. L’échéance 2025 est citée par l’organisation au printemps 2025, au musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières, d’une exposition de prestige concernant l’ancien comté puis duché de Rethel, devenu en 1659 duché de Rethel-Mazarin, dont les limites recoupent et recouvrent partiellement celles du département des Ardennes, qui a pour chef-lieu CharlevilleMézières. Cette exposition est pilotée par la Direction des Archives départementales des Ardennes, en liaison avec les Archives et la Bibliothèque du palais princier de Monaco et le musée de l’Ardenne. Elle sera inaugurée par S.A.S. le prince Albert II de Monaco qui détient aujourd’hui le titre de duc de Mazarin. Il est prévu de montrer lors de cette exposition les plus belles et les plus rares monnaies des princes de Gonzague, frappées à Arches-Charleville : celles du Cabinet des médailles de la BnF (ancienne collection royale de Louis XIV) montrées à Mantoue en 19952, celles du musée de l’Ardenne et de prestigieuses collections privées. À cette occasion, un nouveau catalogue des monnaies d’Arches-Charleville sera produit et il sera substitué à celui incorrect de Poey d’Avant. Par ailleurs, j’envisage de proposer à la Revue numismatique, pour cette même année 2025, une synthèse sur le monnayage de la principauté de Château-Regnault. Enfin, il faut rappeler que le monnayage de Sedan a déjà été corrigé en 1992 par mes soins, avec le concours du regretté Alain Tissière, et que ce catalogue est toujours disponible au musée du Château de Sedan3 ; on peut l’actualiser grâce aux travaux de l’excellent numismate belge Michel Pérignon. Les monnayages des principautés ardennaises (Arches-Charleville, Château-Regnault, Sedan, Bouillon, Cugnon et les Hayons) sont difficiles et compliqués car ce sont des monnayages d’imitation, voire de contrefaçon, des espèces des pays voisins afin de pouvoir circuler illégalement dans ces pays (France, Pays-Bas espagnols, évêché de Liège, duché de 1 POEY D’AVANT 1862, pp. 2 MANTOUE 1995. 3 SEDAN 1992. Lorraine, Provinces-Unies de Hollande, Saint Empire romain germanique…). Pour cette raison, les monnaies ne sont pas toujours datées afin de semer la confusion et déjouer les décris qui les frappent. Elles ont ainsi été classées n’importe comment par Poey d’Avant et parfois assorties de désignations fantaisistes. Pour découvrir la vérité en ce qui les concerne, il faut d’abord rechercher les textes d’archives qui en parlent avant de laisser déraper l’imagination débridée résultant d’une seule lecture rapide des monnaies. S’agissant de monnaies imitées, les baux et ordonnances monétaires sont difficiles à retrouver ; Poey d’Avant s’est dispensé de cette recherche à laquelle est rattaché le nom du grand numismate Alexandre Bretagne qui publia en 1865 puis en 1878 les baux successifs de Château-Regnault puis de Charleville qu’il avait patiemment retrouvés. Adrien Blanchet compléta cette recherche en 1907 puis en 1943, Fernand Mazerolle en 1902, Alain Tissière en 19894. Pour ma part, j’ai fait connaître en 2017 de nouveaux baux de 1610 retrouvés pour Arches-Charleville et Château Regnault5. figure 1 Je savais, depuis plusieurs années, que Didier Briot et son fils Nicolas, le talentueux graveur général des monnaies du roi de France et du duc de Lorraine, puis du roi d’Angleterre, avaient été dépossédés en 1612 du bail que le prince Charles de Gonzague, prince souverain d’Arches-Charleville, leur avait accordé le 22 septembre 1607, complété par une ordonnance monétaire le 14 janvier 1608 et confirmé par un nouveau bail (de 2 ans) le 14 février 1610. La dépossession avait eu lieu au profit de l’orfèvre et graveur Nicolas Marteau, originaire d’Arches-Charleville, associé à un entrepreneur de Paris Pierre Esberard. Je disposais de plusieurs informations à ce sujet mais pas du texte même du bail. Cette lacune est aujourd’hui comblée puisque Arnaud Clairand et Jacques Vigouroux l’ont retrouvé récemment et me l’ont communiqué dans une version transcrite (cf. annexe). On peut dès lors reconstituer comme suit l’histoire de la présence des Briot à Arches-Charleville ainsi que de leur éviction en 1612 au profit de Nicolas Marteau et de Pierre Esberard. Le 6 mai 1606, jour de son 26e anniversaire, le prince Charles de Gonzague de Clèves, duc de Nevers et duc de Rethel, 4 BRETAGNE 1865 et 1878, BLANCHET 1907 et 1943, MAZEROLLE 1902, TISSIERE 1989. 5 CHARLET 2017. QUAND UN MARTEAU CHASSE LES BRIOT DE LA MONNAIE D’ARCHES-CHARLEVILLE EN 1612

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