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Bulletin Numismatique n°236 36 Après 1615, dans un contexte de pénurie de métal monnayable8, François Ollivier est contraint de s’absenter de Nantes pour se procurer les matières d’argent9 indispensables aux frappes au point, dit-il, qu’il « ne peut librement vaquer [à la Monnaie] à raison de ses affaires particulières qui l’obligent et appellent ailleurs »10. Ollivier dut trouver le moyen de se désengager de la gestion courante de la Monnaie de Nantes tout en conservant la charge de maître et en s’assurant que l’atelier demeurât productif, correctement encadré et géré. Ce ne fut pas à un associé, ou à un homme de confiance, mais à sa femme, Marie Colombu, qu’Ollivier confia l’administration de la Monnaie de Nantes. Fig. 7 - Quart d’écu frappé à Nantes en 1618 (avant mai). Cette pièce porte le différent de François Ollivier. © Suffren numismatique (Nantes) Fig. 8 - Quart d’écu frappé à Nantes en 1618 (à partir de mai). Cette pièce porte le différent de Marie Colombu, un pigeon. © Suffren numismatique (Nantes) 8 Jambu, Jérôme, Tant d’or que d’argent, La monnaie en Basse Normandie à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 640 p. ; p. 112. 9 Salaün, Gildas, « François Ollivier, les revers d’un maître de la Monnaie de Nantes qui se voulut armateur en basse Loire (1621-1628), Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, Tome CI, 2023, à paraître. 10 Arch. dép. Loire-Atlantique, Rapion - 4E2/1713, p. 104. Après avoir renouvelé son bail en mai 1618, Ollivier officialisa cette délégation en changeant son différent. Dès lors c’était un oiseau, plus précisément un pigeon11, colombus en latin, qui marquait les pièces de monnaie nantaises (fig. 7 et 8). Ce pigeon était lui aussi un différent parlant. Bien sûr, il serait abusif, et anachronique, d’affirmer que Marie Colombu était maîtresse de la Monnaie de Nantes, mais il paraît acceptable de la qualifier de « maîtresse déléguée ». Fig. 9 - Quart d’écu frappé à Nantes en 1625. Son mari étant absent de Nantes durant toute l’année, Marie Colombu assura seule la maîtrise de la Monnaie. © Suffren numismatique (Nantes) Les archives de la Cour des monnaies confirment que Marie Colombu remplaça officiellement son mari absent du 17 juin au 27 octobre 1623, puis du 10 janvier au 27 mars 1624, et enfin du 26 octobre 1624 au 31 décembre 162512 (fig. 9). On sait aussi que le 16 juillet 1626, c’est elle qui reçut le jugegarde royal venu faire l’état des lieux de l’atelier monétaire13, au chômage depuis plusieurs mois faute de métal à convertir. Enfin, le 8 avril 1627 est, devant notaire, « reconnu la dite Colombu que tous les ustensiles qui sont convenables pour servir au dit exercice de la Monnaie lui appartiennent »14. Le cas de François Ollivier permet de voir combien l’étude des différents monétaires peut, parfois, permettre de révéler le parcours de leur titulaire. Gildas SALAÜN Chargé des collections de numismatique Grand Patrimoine de Loire-Atlantique, Nantes 11 Salaün, Gildas, La Monnaie de Nantes et l’argent de l’Amérique espagnole (1575-1625), Nantes, Association Numismatique Armoricaine, 2022, 70 p. ; voir p. 65-69. 12 Arch. nat., Z1b 398, 402, 403 et 903. 13 Arch. dép. L-A, 4 E 2/1022. 14 Arch. dép. L-A, 4 E 2/1723. LES DIFFÉRENTS DE FRANÇOIS OLLIVIER, MAÎTRE DE LA MONNAIE D’ANGERS, PUIS DE NANTES (1596-1628) 1,686,254 objects within 1,093,830 records

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