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Bulletin Numismatique n°236 34 François Ollivier était le fils puîné de Pierre I Ollivier, maître orfèvre à Angers reçu avant le 16 janvier 15711. Comme beaucoup d’autres orfèvres angevins2, Pierre I Ollivier fut également maître de la Monnaie : d’abord à Bourges en 1578, il fut co-traitant (c’est-à-dire associé) à Tours l’année suivante ; en 1594 enfin, il redevint maître, cette fois de la Monnaie d’Angers. Il occupa cette charge jusqu’à sa mort en 1596. À Bourges, il adopta tout d’abord pour différent sa lettre initiale « O » accostée de quatre points3. À Angers, Pierre I Ollivier changea de marque et opta désormais pour un « différent parlant »4 : une olive (fig. 1). Cette olive fut alors dument apposée sur chaque pièce de monnaie angevine pour identifier le responsable de la frappe. Fig. 1 - Demi-franc d’Henri IV frappé à Angers en 1595. Le différent de Pierre I Ollivier est désormais une olive. © Cgb.fr (Paris) Il est utile de rappeler ce qu’était un maître de la Monnaie. C’était l’officier chargé d’organiser et de diriger la production d’un atelier monétaire. Celui-ci logeait à l’Hôtel de la Monnaie. Il faut souligner que le maître était un fermier qui obtenait un bail à faifort, c’est-à-dire aux enchères. Le plus offrant et dernier enchérisseur était désigné maître par la Cour des monnaies. Le faifort était un engagement pris par le maître sur une certaine quantité d’or et d’argent qu’il devait livrer chaque année au monnayage. En résumé, le maître se faisait fort d’apporter chaque année durant son bail xxx marcs, ancienne unité pondérale correspondant à 244,7529 g, d’argent et d’or pour permettre à l’atelier de battre monnaies. Cet engagement, pris devant le roi, était impératif. Aussi, en cas de non-respect du faifort, le maître, qui engageait ses biens personnels au moment de la signature du bail, devait tout de même s’acquitter du seigneuriage, la part revenant au roi sur les bénéfices tirés de la production monétaire. 1 Jacob, Monique, Les orfèvres d’Anjou et du Bas Maine, Paris, éditions du patrimoine, 1998, 552 p. ; p. 228. 2 Salaün, Gildas, « La Monnaie nantaise, l’argent hispano-américain et le réseau angevin » [titre provisoire], Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, t. 159, 2024, à paraître. 3 Sombart, Stéphan, Catalogue des monnaies royales françaises de François Ier à Henri IV (1540-1610), Paris, les Chevau-légers, 1997, 560 p. ; p. 485. 4 Pratique comparable aux armes parlantes en héraldique. Voir Jambu, Jérôme, « Sens et symbolique des différents des maîtres et directeurs des Monnaies dans le royaume de France à l’époque moderne (milieu du XVIe siècle fin du XVIIIe siècle) », dans Héraldique et numismatique, Moyen Âge, Temps modernes. Yvan Loskoutouff (dir.), Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013, p. 109-122. Fig. 2 - Demi-franc d’Henri IV frappé à Angers en 1597. Henriette Guignart, veuve du maître Pierre I Ollivier, assure la continuation du bail de son défunt mari avec ses fils Pierre II et François, ainsi que son gendre Olivier Bouchart. Cette pièce porte une olive, différent de Pierre I Ollivier. © collection Yohann Riou (Angers) Lorsque Pierre I Ollivier mourut en poste en 1596, il restait encore deux années avant la fin de son bail. Ce fut alors François Ollivier qui assuma l’engagement contracté par son père en association avec sa mère Henriette Guignart, son frère aîné Pierre II et son beau-frère Olivier Bouchart5. Ensemble, collégialement, mais surtout solidairement, car le seigneuriage était toujours dû au roi et leur héritage était engagé, ils assurèrent la continuation du bail de Pierre I et le menèrent jusqu’au terme prévu (fig. 2), soit 1598. Le bail en cours étant toujours celui de Pierre I, c’est le différent de celui-ci qui fut apposé, inchangé, sur les monnaies angevines. Fig. 3 - Quart et huitième d’écu frappés à Angers en 1601. Ils portent un merle, différent de Nicolas Fleuriot. © collection Yohann Riou (Angers) À l’issue de ce bail, François Ollivier ne parvint pas à conserver la ferme de la Monnaie angevine, qui passa à Nicolas Fleuriot (neveu de l’ancien maître nantais). Fleuriot ne fut maître de la Monnaie d’Angers que de 1599 à 1601. Son différent était 5 Planchenault, Adrien, La Monnaie d’Angers, Angers, Lachèse et Cie, 1896, 236 p. ; p. 137. LES DIFFÉRENTS DE FRANÇOIS OLLIVIER, MAÎTRE DE LA MONNAIE D’ANGERS, PUIS DE NANTES (1596-1628)

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