Bulletin Numismatique n°236 25 exemplaire de Syracuse Dans la LIVE AUCTION du 5 décembre 2023, quand on regarde seulement le droit du tétradrachme dont il est question ici, sans en voir le revers, nous pourrions le confondre avec un exemplaire de Syracuse, en particulier ceux d’Agathoclès frappés vers 310-305 avant J.-C. (HGCS 2/ 1348). L’élégance de la tête d’Aréthuse, entourée des quatre dauphins, semble identique. Le style est indiscutablement grec et l’œuvre d’un bon graveur. Cependant, dès que nous retournons la pièce, la légende à l’exergue placée sous le cou du cheval, en langue punique, ne laisse planer aucun doute sur cet exemplaire, aujourd’hui attribué à Entella « Machanat » ou le Camp, précédemment donné à Lilybée. Comme pour le modèle grec, l’étalon ici employé est l’attique avec un poids moyen pour le tétradrachme de 17,28 g. SICILE - SICULO-PUNIQUES – ENTELLA (IVe siècle avant J.-C.) Cité de la Sicile occidentale près du roc d’Entella, près du territoire d’Elimi, la ville aurait été fondée par le héros éponyme Entello. La cité connut une certaine importance aux Ve et IVe siècles avant J.-C. avant de retomber dans l’anonymat. Peuplée par des mercenaires campaniens à la fin du Ve siècle avant J.-C. après avoir éliminé la population de la cité, Entella se rallia aux Carthaginois, stipendiés par eux. La cité resta sous influence carthaginoise jusqu’en 368/367 avant J.-C. au moment ou Denys l’Ancien s’empara de la cité et la retourna contre ses protecteurs. Les Carthaginois prirent Entella en 345/344 avant J.-C. Timoléon s’empara de la ville trois ans après mais dut la rendre finalement en 338 en vertu d’un traité avec les Carthaginois qui déterminait une ligne de démarcation du l’Halykos. Finalement à l’issue des guerres Puniques, Entella devint tributaire des Romains. La ville joua encore un rôle pendant les Guerres Civiles qui opposèrent Sextus Pompée d’un côté, Marc Antoine et Octave de l’autre Tétradrachme, Entella, 320-315 avant J.-C., (Ar 16,77 g,, Ø 27,5 mm, 12 h, ) A/ Anépigraphe Tête de Tanit (Perséphone ou Aréthuse) à gauche, la coiffure ornée d’épis avec un collier de perles et des boucles d’oreilles, entourée de quatre dauphins ; sous le menton, un pétoncle R/ Lettre punique « Machanat » (le Camp) Tête et cou de cheval à gauche ; derrière un palmier J. K. Jenkins, Coins of Punic Sicily, part 3, SNR 56, 1977, p. 5-64, 22 pl. (CPS n° 157, pl 11 (6 ex.) – MIAMG 5517 - HGCS 2/ 284 Notre exemplaire est sur un flan large et ovale bien centré avec les grènetis visibles. Très belle tête d’Artéthuse. Revers de style fin. Patine grise superficielle avec des reflets dorés. A été nettoyé anciennement. TTB+ 1 700€/2 700# Le portrait du droit est directement inspiré par le décadrachme de Syracuse, signé du maître Evainète, gravé soixante ans plus tôt. L’adoption par les Carthaginois de l’étalon attique plutôt que l’utilisation de l’étalon phénicien marque la volonté de vouloir imposer le nouveau monnayage en Sicile. Avec cette liaison de coins (A/ 48 - R/ 142), J. K. Jenkins, Coins of Punic Sicily, SNR.56, 1977, p. 49-50, pl.11 a répertorié six exemplaires. Le coin de droit (A/ 48) est lié aux numéros 153 à 158 pour un total de trente-cinq exemplaires. Le revers (R/ 142) n’a pas été utilisé pour d’autres tétradrachmes. Le taux de survie des exemplaires semble important et l’échantillon relevé par Jenkins valide, tant pour le droit avec au total 35 tétradrachmes pour 6 combinaisons que pour les différents revers dépassant souvent six exemplaires par coin (R/ 138 à 143) ! Cet exemplaire provient du stock de Jean Vinchon numismatique (Paris) et de la collection du Docteur J.-M. F. Nous espérons que nos lecteurs et les collectionneurs seront aussi sensibles que nous à la beauté plastique et à l’expression de ce visage féminin, gravé dans le métal et immortalisé pour l’éternité qui fait que plus de 2 300 ans après sa frappe, un tel type continue de nous émouvoir et de nous surprendre ! Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT SICILE - QUAND LES CARTHAGINOIS COPIAIENT LES GRECS
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