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Bulletin Numismatique n°235 44 À la fin de la Première Guerre mondiale, l’économie belge est en ruine. Une inflation terrible ravage le pays. Depuis les années 20 le mark allemand s’effondre alors qu’en France le franc connaît une constante dévaluation. En fait, c’est toute l’Europe qui connait une dépréciation de ses monnaies et une crise économique effroyable. La Belgique s’appuyait traditionnellement sur la monnaie de ses voisins, ce qui l’amena naturellement à prendre ses distances dans le but de gérer une politique de redressement économique propre. Fin 1925, la Belgique se désolidarise de la Suisse, de la France, de l’Italie et de la Grèce qui constituaient l’Union Latine. Le gouvernement d’union nationale formé en mai 1926 sous l’égide du catholique Henri Jaspar doit sauver les finances du pays. Le 25 octobre une série de lois visant à améliorer la situation de la dette publique et relancer la machine économique est promulguée. À ce moment, le franc vaut un septième de sa valeur d’avant-guerre. Le ministre (sans portefeuille) Émile Francqui, soutenu par le président de Etats-Unis Herbert Hoover, met en place un programme pour redresser la Belgique, et fait voter des lois pour réduire les dépenses de l’État et augmenter les taxes. Il réorganise la dette du pays, notamment la dette de guerre, et espère le paiement des indemnités de guerre négociées à Versailles. Mais cela ne suffit pas. Il consolide alors la dette intérieure en échangeant des bons du trésor contre des actions des chemins de fer. Il restera cependant toujours les dettes extérieures à régler. Le gouvernement obtient le soutien des banques privées belges et étrangères pour refinancer cette dette. Ensuite, il réforme la Banque nationale de Belgique. Ainsi, le franc tend à se stabiliser et à se rattacher à l’étalon or. Le Français disposait légitimement du franc comme valeur, la Belgique et son gouvernement avaient rétabli la confiance sur la place financière nationale et internationale mais la situation restait précaire. Ils imaginèrent créer un événement, la dotation de la Belgique d’une nouvelle monnaie propre et identitaire, ni franque, ni gauloise, une valeur nationale solide, belgo-belge : le Belga. Psychologiquement, l’intention était de donner l’impression que le franc belge n’avait pas perdu trop de valeur par rapport aux autres devises et qu’il n’avait rien à voir avec le franc français qui était dans la tourmente. Cette nouvelle unité monétaire devait améliorer la convertibilité de la monnaie belge par rapport à celle de la France. En fait une espèce de franc lourd avant la lettre. Le Belga était essentiellement destiné à des opérations de change avec l’étranger, un belga valant cinq francs belges. Les billets de banque, les pièces portèrent la double valeur (en franc et en belga) dès 1927, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il sera produit des billets de 5, 10, 20, 100, 200 et 2000 belgas et des pièces de 1,2 et 4 belgas. Les Belges, comme toutes les places financières, n’adoptèrent jamais la nouvelle unité. Il semble même qu’il suscita dans la population une véritable hostilité comme le montre l’apparition de jetons marquant l’attachement exclusif du royaume au franc et au roi. À la faveur de la Seconde Guerre mondiale, le « Belga » passe à la trappe officiellement le 8 janvier 1946 pour disparaître même de la mémoire nationale… La dernière pièce de 5 FB/1 belga quitte la scène monétaire en 1951. Jeton - La Ligue Nationale pour la Défense des Francs. Albert Ier (19091934).Laiton. Masse: 6.43 g D/ Un homme avec 1 Frank, représentant le roi Albert, pièce dans ses mains. Inscription : NATIONALE BOND TOT VERDEDINGING VAN DEN FRANK R/1914 Frank Flamand et restes d’aiguilles d’épingle. 1 FRANK 1914 EENDRACHT * MAAKT * MACHT soit : L’UNITÉ FAIT LA FORCE Bord Cannelé. Le belga aura été mieux apprécié en gourmandise que sous forme de monnaie. LE BELGA, FLOP MALHEUREUX DISPARU DE LA MÉMOIRE NATIONALE BELGE DANS LA POUBELLE DE L’HISTOIRE

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