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Bulletin Numismatique n°235 31 Nous vous avons proposé dans le Bulletin Numismatique d’octobre (BN 234, p. 28-29) un article sur « Quand Hadrien écrasait la révolte de Bar Korkhba (132-135) » dont la raison principale tenait à la création d’une colonie romaine sur les ruines de Jérusalem et d’un temple dédié à Jupiter Capitolin sur les restes du Temple. Dans la prochaine LIVE AUCTION du 5 décembre 2023, nous vous proposons cette fois-ci un tétradrachme de Caracalla frappé à l’occasion du conflit parthique pour cet atelier d’Aelia Capitolina (Jérusalem) provenant de la collection de Michel Prieur, disparu il y aura bientôt dix ans en 2024. Caracalla est né le 4 avril 188 à Lyon. Il est le fils aîné de Septime Sévère et de Julia Domna. Le 27 mai 196, il est fait césar par son père qui a rompu avec Clodius Albinus. Après la défaite d'Albin près de Lyon, le 19 février 197, il reçoit les titres de prince de la jeunesse et de pontife. Caracalla est nommé auguste en avril 198 avant la grande victoire parthique. En 202, il épouse la fille du préfet du Prétoire Plautien, Plautille, qui sera reléguée trois ans plus tard. En 204, commence la célébration des jeux Séculaires. Septime Sévère essaie d'imposer l'image de la nouvelle dynastie. Caracalla fête ses decennalia en 207 et accompagne son père en Afrique. Il rejoint ensuite son père en Bretagne à la fin de l'année 208 alors que les armées romaines y connaissent leurs premiers succès. Géta est nommé Auguste en 209 après les premières victoires des armées romaines en Bretagne. Septime Sévère tombe malade l'année suivante et laisse ses fils mener les opérations. Il meurt à York le 4 février 211, n'ayant pas réglé sa succession. Caracalla et Géta s'empressent d'arrêter les opérations en Bretagne et de réaliser une paix précaire avec les tribus révoltées. Ils ramènent les cendres de Sévère à Rome où ils arrivent le 4 mai. Mais l'entente entre Caracalla et Géta est de courte durée et Caracalla finit par assassiner son frère dans les bras de sa mère après l'avoir accusé de vouloir conspirer contre lui. Géta est voué à la « damnatio memoriæ ». Papinien, le préfet du prétoire, le fils de Pertinax ainsi que vingt mille partisans de Géta sont liquidés. Caracalla reste seul auguste. La « Constitution Antoniniana » est promulguée en 212. Tous les habitants de l'Empire deviennent des citoyens romains. L'année suivante, il entreprend une campagne en Germanie et remporte de nombreuses victoires sur les Germains, les Iapyges et les Goths. Il reçoit le titre de « Germanicus ». La fin du règne est marquée en 215 par la Réforme monétaire et la création de l'antoninien. Caracalla entame une ultime campagne contre les Parthes. Il est assassiné après avoir célébré ses vicennalia le 8 avril 217. Tétradrachme syro-phénicien, Aelia Capitolina, Jérusalem (Palestine), 215-217, 12,25 g, 25 mm, 12 h A/ ΑΥΤ ΚΑΙ ΑΝΤω-ΝΙΝΟΣ ΣΕΒ (L'empereur césar Antonin auguste) Buste barbu, lauré, drapé et cuirassé de Caracalla à droite, vu de trois quarts en arrière (A*2) R/ ΔΗΜΑ-ΡΧ ΕΞ. ΥΠΑΤΟΣ Τ Δ (Puissance tribunitienne, consul pour la quatrième fois) Aigle debout de face sur un thyrse, les ailes déployées, les pattes écartées, tournant la tête à gauche, tenant une couronne dans son bec ; sous les pattes, une feuille de vigne Notre exemplaire est sur un flan large, ovale et irrégulier bien centré des deux côtés avec un beau buste de Caracalla, mais frappé avec un coin rouillé. Le très joli revers est bien venu à la frappe. La pièce est recouverte d’une belle patine gris métallique avec des reflets dorés. SUP 600€/ 1 200€ Prieur 1617 (8 ex.) Ce type est illustré dans l’ouvrage de Michel & Karin Prieur, p. 180, n° 1617 qui signalait seulement 8 exemplaires pour cette variété et notre exemplaire provient de la collection de Michel Prieur. Les tétradrachmes de Syrie, de Palestine ou de Mésopotamie furent frappés en grande quantité lors de la venue de l'empereur au début de la campagne parthique, c'est-à-dire à partir de 215. Jérusalem a changé de nom sous le règne d’Hadrien (117-138) pour devenir Colonia Aelia Capitolina, ce qui a provoqué la révolte de Juifs et une guerre, dite de Bar Korkhba qui dura trois ans et anéantit pratiquement complètement le peuple juif. Dans l’ouvrage de Michel et Karin Prieur, A type corpus of the Syro-Phoenician Tetradrachms and their fractions from 57 BC to AD 253, London, 2000, l’atelier d’Aelia Capitolina (Jérusalem) se trouve aux pages 179-183 avec les numéros compris entre 1614 et 1636 pour Caracalla et 1637-1644 pour son successeur immédiat Macrin (217-218) et son fils Diaduménien n° 1647-1649. Cet ouvrage reste capital pour qui veut se livrer à l’étude de ce monnayage d’argent et de billon frappé au Proche-Orient. Mais cet atelier a frappé non seulement des tétradrachmes de billon liés à la guerre contre les Parthes, mais aussi un important monnayage provincial entre Hadrien et Valérien Ier. Nous invitons donc nos lecteurs à découvrir ce tétradrachme et ce monnayage attachant, souvent rare et recherché, et particulièrement collectionné. C’est aussi l’occasion d’acquérir une pièce qui avait retenu l’attention de Michel Prieur, collectionneur et numismate averti, auteur de l’ouvrage de référence sur le sujet. Marie BRILLANT et Laurent SCHMITT UN TÉTRADRACHME DE CARACALLA POUR AELIA CAPITOLINA (JÉRUSALEM)

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