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Bulletin Numismatique n°235 26 Dans le dernier Bulletin Numismatique (BN 234, septembre 2023, p. 29) nous évoquions deux quarts de statères des Parisii fort inhabituels : « Quarts de statères d’or des Parisii : Fluctuat nec mergitur. » Cette fois-ci, c’est un rarissime statère de la classe 3 (Pour Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu) ou C pour John Sills qui vous est proposé, l’un des fleurons de la LIVE AUCTION dont la clôture est fixée au 5 décembre 2023. Les Parisii formaient un peuple petit mais puissant dont l’oppidum était Lutèce. Apparentés aux Sénons, les Parisii et la cité se seraient émancipés de leur tutelle, relativement tardivement, après la défaite arverne de 121 avant J.-C. La richesse des Parisii reposait sur le contrôle fluvial de la Seine et des confluents avec la Marne, la Bièvre, l’Ourcq et l’Oise. César choisit Lutèce, en 53 avant J.-C. pour convoquer l’assemblée des peuples gaulois. Les Parisii furent parmi les premiers à répondre à l’appel de Vercingétorix, l’année suivante, en 52 avant J.-C. et ils fournirent un contingent de huit mille hommes pour l’armée de secours. Surveillé par Labienus, ami et légat de César, le territoire des Parisii fut le théâtre des derniers combats qui opposèrent Gaulois et Romains. Finalement, le chef aulerque Camulogène fut vaincu et tué près de Lutèce. César (BG. VI, 3 ; VII, 4, 34, 57, 75). Kruta : 36, 40 46, 68, 365, 368. Notre type de statère est connu depuis longtemps (BN/ LT XVI/ 7816) dès la fin du XIXe siècle. Unique jusque dans les années 2000, ce statère fut décrit et identifié par Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu comme un statère « homotypique » de la série des Parisii dans sa thèse sous la direction de Paul-Marie Duval, Les monnaies gauloises des Parisii, Paris, 1970 (la série homotypique attribuée au Parisii, p. 141-150, plus particulièrement, p. 141-142 et fig). « Dans son ouvrage fondamental sur les monnayages de Parisii (CdBn Parisii 1970) J.-B. Colbert de Beaulieu mentionnait une série distincte, dite « homotypique » de la série des Parisii, assez peu représentée, et qu’il avait localisée au sud-ouest de Paris sur les confins des Eburovices et des Carnutes, peut-être sur les territoires des Duricassi, petit peuple dont on ne sait à peu près rien si ce n’est que la ville de Dreux lui doit son nom. Pour des raisons pertinentes, J.-B. Colbert de Beaulieu datait cette courte émission dans la décennie précédant la guerre des Gaules, c’est-à-dire autour de 70 avant J.-C. » DT 2420, série 411, pl XVII. Le seul exemplaire avec une provenance fut découvert à Bonneval avant 1917 et disparut au cours de la Seconde Guerre mondiale. Un second exemplaire a fait son apparition dans les années 2000. « Un statère analogue vint à notre connaissance (Or 7,55 g 23 mm) et fut mentionné dans le supplément du Nouvel Atlas (t. IV, série 411 sous la référence DT S2420A (fig 20). Ce deuxième exemplaire connu issu d’un couplage de coins différent de celui du Bnf 7816 provenait des alentours de Gaillon (Eure) sur la rive gauche de la basse vallée de la Seine. » Depuis cette date, cette série pourrait bien avoir été frappée plus tôt que la date avancée par Colbert de Beaulieu, d’après les conclusions de John Sills dans son ouvrage, Gaulish and Early British Coinage, Londres, 2003 qui en placerait la fabrication dans la seconde moitié du IIe siècle avant J.-C. Depuis, cette série a fait l’objet de deux études. La première sous la plume de L.-P. Delestrée et M. Tache, « Les monnayages en or parisiaques : données récentes et nouveaux constats », Cah Num 2016 , juin 2018, p. 9-18. Plus récemment L.-P. Delestrée est revenu sur ce sujet, « Les apports scientifiques des monnaies gauloises trouvées hors contexte », Rencontres Numismatiques de la SÉNA, Hors série n° 2 des Cah Num, p. 6, n° 7 et fig. 4, p. 5. Le second exemplaire connu (DT IV/ S2420A) ne vient pas à l’appui d’une origine durocasse que n’excluait pas Colbert de Beaulieu (1970, p. 142). Rappelons que selon J. Sills, cette émission proviendrait d’un troisième atelier des Parisii (Sills 2003, p. 292-293, fig 106). « Il apparaît ainsi que cette série spécifique a très largement circulé autour de la région parisienne de Noyon au nord de l’Oise jusqu’à Saumur (Maine-et-Loire) sur un axe nord-sud de Gaillon (Eure) jusqu’à Bar-sur-Aube (Aube) sur un axe est-ouest. Pour cette série, l’appellation « parisiaque » est justifiées par les compositions iconographiques des deux statères et des divisions, directement inspirées par les droits et les revers des espèces réputées, produites par les ateliers A et B de J. Sill dont les mêmes thèmes ont été repris au gré d’une stylisation presque « moderniste » du plus bel aspect ». DT, CN 216, p. 14-15. Il est à noter que le poids du nouveau statère DT S2420A est proche du poids de l’exemplaire BnF 7816 (7,48 g) et que l’indice pondéral privilégié de la quinzaine de quarts de statères de la même série s’établit entre 1,85 g et 2,04 g. DT CN 216, p. 16-17 « Mais en examinant les statères et notamment celui de Gaillon (Eure) (fig. 20) une autre éventualité qui n’avait pas échappé à J. Sills paraît plausible. La typologie du droit montre clairement que le graveur a repris l’effigie du droit du statère de la classe 1 de l’atelier B dont le profil est souligné par un grènetis qui fait le PARISII OU PARISIAQUE : UN STATÈRE D’OR EXCEPTIONNEL !

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