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Bulletin Numismatique n°234 59 C’est à Thasos que s’est éteint Olivier Picard ce vendredi 1er septembre 2023. Lieu où il avait passé tant de temps, qu’il appréciait beaucoup et dont il avait dirigé les fouilles pendant de longues années. Issu d’une dynastie d’historiens et d’archéologues, il était né le 4 mars 1940. Sa carrière fut brillante et diversifiée. Il succéda à Pierre Amandry à la direction de l’École française d’Athènes, de 1981 à 1992. Professeur à l’université de Paris IV - Sorbonne, il dirigea en 2004 l’école doctorale « Mondes antiques et médiévaux ». Il fut élu en 2009 comme membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres. Il assurait la présidence l’Institut de France pour 2023. Commandeur de l’ordre des Palmes académiques et de l’ordre national du Mérite, il était aussi chevalier de la Légion d’honneur. Pour nous, c’est surtout le souvenir du numismate que nous conserverons. Membre d’honneur de la Société Française de Numismatique (SFN) depuis 2014 et dont il avait été président de 1995 à 1997, il participait encore à nos séances et ses commentaires étaient toujours écoutés et recherchés. Il avait publié de nombreux articles dans la Revue Numismatique (RN) et dans le Bulletin de la Société Française de Numismatique (SFN). Auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages et d’une multitude d’articles, il avait publié entre autres, Chalcis et la Confédération eubéenne, étude de numismatique et d’histoire, en 1979 (BEFAR). Il avait dirigé la publication L’exception égyptienne ? Production et échanges monétaires en Égypte hellénistique et romaine, parue en 2005 (IFAO). Il était avec Jean-Noël Barrandon (lui aussi disparu), l’auteur d’un ouvrage consacré au monnayage de Marseille, Monnaies de Bronze de Marseille, analyse, classement, politique monétaire, en 2007 (CNRS). Il avait aussi conduit à la publication avec Thomas Faucher et Marie-Christine Marcellesi de Nomisma, la circulation monétaire dans le monde grec antique, publié à Athènes en 2007 (EFA) et co-dirigé avec une équipe pluridisciplinaire Les monnaies des fouilles du Centre d’Études Alexandrines. Les monnayages de bronze à Alexandrie de la conquête d’Alexandre à l’Égypte moderne, publié en 2012. Nous garderons l’image d’un homme rigoureux, mais aussi chaleureux, toujours prêt à partager la connaissance. C’est une grande perte pour la numismatique et nous présentons nos sincères condoléances à sa famille. Laurent SCHMITT (ADR 007) UN IMMORTEL A REJOINT LES CHAMPS ÉLYSÉES lement, j’estime y avoir passé 25 ans pour les seules productions de la période 1610-1794, et encore avec des outils numériques et des bases de données. Alors oui, il y a certes des erreurs au sein du travail de Frédéric Droulers, mais personne n’aurait été en capacité de faire ce travail correctement avant le développement de l’informatique. D’ailleurs, l’ouvrage de Jean Lafaurie et Pierre Prieur sur cette période n’a jamais vu le jour. Frédéric a su tracer une voie qui a été reprise par de nombreux numismates. Il n’aimait pas que l’on dise de lui qu’il était un pionnier. Il l’a été au regard des générations actuelles, mais les travaux actuels auraient-ils la même force, s’il n’avait pas fait ce travail ? Dans chaque ouvrage numismatique consacré à la numismatique royale française de l’Ancien Régime, il y a et il y aura du Frédéric Droulers. Même si j’ai souvent relevé certaines de ces erreurs, il m’a grandement inspiré pour mes travaux. Ironie du sort, je comptais lui apporter l’ouvrage sur les Monnaies royales françaises et de la Révolution (1610-1794) à sa sortie, mais il était inhumé à l’heure même où les dernières corrections étaient apportées. C’est comme s’il y avait eu une transmission, un relais. De par son format et la couleur de la couverture, ma première impression fut de me dire que mon ouvrage ressemblait étrangement au premier Répertoire de Frédéric Droulers publié en 1987… De par nos nombreux échanges, Frédéric Droulers savait que j’étais en capacité de comprendre son travail et d’estimer tout le temps qu’il avait consacré à la recherche en numismatique. Ainsi, il y a quelques années, il m’avait cédé ses droits sur son Répertoire, les trois volumes de son Encyclopédie et de son inventaire des trésors monétaires de l’Ancien Régime. À cette occasion j’avais pu lui racheter sa bibliothèque de travail ainsi que ses dépouillements en archives. J’ai pu consulter ces derniers, observer comment il avait travaillé. Ces dépouillements ne m’ont pas été utiles, car à ce moment, j’avais déjà pu analyser l’ensemble des documents qu’il avait passé tant d’années à parcourir. Pour le moment, je garde précieusement ces documents chez moi, à Poitiers, dans une malle métallique, peut-être en vue d’un classement, avant d’en faire don à une institution, pour qui voudra s’intéresser à son travail de recherche. Arnaud CLAIRAND Article rédigé en partie avec les informations aimablement fournies par sa sœur Patricia, que nous remercions vivement. HOMMAGE À FRÉDÉRIC DROULERS (1943-2023)

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