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Bulletin Numismatique n°234 26 Dans la boutique, actuellement, vous pouvez découvrir un très beau et très rare tétradrachme ou shekel (sela) de la seconde révolte juive contre les Romains (132-135). C’est pour nous l’occasion de revenir sur ces événements qui ont durablement marqué la région et sont encore, aujourd’hui, en partie responsables du climat qui règne dans la région où se réunissent et se confrontent les trois religions monothéismes sémites : Judaïsme, Christianisme et Islamisme, dans leur ordre d’apparition. La première révolte juive avait durée quatre ans (66-70 = an 1 à 5 sur les monnaies). La guerre ne prit réellement fin qu’après la prise de la forteresse de Massada en 73. Mais dès la chute de Jérusalem le 8 septembre 70, Titus, en s’emparant de la ville, a mis fin à la révolte, faits qui sont largement évoqués par Flavius Joseph dans la Guerre des Juifs. Le fils de Vespasien incendie Jérusalem, pille et détruit le Temple (dont il ne subsiste que le Mur occidental, dit « mur des lamentations »). Cet évènement considérable est à l’origine de la Diaspora qui devait durer presque 1900 ans. Si la Judée est conquise, elle n’est pas soumise. Au moment de la guerre Parthique (113-117) de Trajan, à la fin du règne, des troubles éclatent dans la région, en Cyrénaïque et en Égypte où la diaspora juive est présente. Vespasien, Prieur 135 Sous le règne d’Hadrien (117-138), en 132, pour forcer l’assimilation et en finir avec un judaïsme rebelle, l’empereur décide de construire sur les ruines de Jérusalem (détruite par Titus en 70) une cité gréco-romaine, Ælia Capitolina (Ælius est le nom de famille d’Hadrien)). Le plan prévoit profanation suprême, l’édification d’un temple dédié à Jupiter Capitolin sur les ruines du Temple. De plus, la « lex Cornelia de sicariis et venefici s » interdit la circoncision et le sabbat. Cette persécution religieuse provoque une révolte armée, à l’exemple des Maccabées. Simon Ben Cocheba (ou Kosiba) prend la tête du mouvement, se faisant passer et reconnaître pour le Messie en devenant Bar Kokhba « fils de l’étoile ». Il mène la guérilla et remporte d’abord quelques succès, malgré les rivalités à l’intérieur de son camp. Mais il ne peut l’emporter sur les légions venues en renfort de tout l’Empire et placées sous le commandement de Sextus Julius Severus, légat de Bretagne. En 135, il trouve la mort dans la forteresse de Béthar, au sud-ouest de Jérusalem, où il s’est retranché. La révolte était écrasée au prix d’un demi-million de morts parmi les insurgés. La chute de Béthar, le 9 Av, ce même jour anniversaire de la chute du premier, puis du second Temple, marque pour de nombreux siècles la fin de toute velléité d’indépendance juive en Palestine. Tétradrachme (sela) ou shekel, Jérusalem, non daté, an 3 ou (134-135) (Ar, 13,48 g, Ø 25,5 mm, 12h, ± ‰) Au droit, nous trouvons l’inscription hébraïque (Shimon) avec un Temple tétrastyle représentant le Temple de Jérusalem avec l’Arche d’Alliance au milieu. Au revers, autour de l’inscription hébraïque (Pour la liberté de Jérusalem), sont représentés du Lulab (fagot de branches tressées), accosté d’une grenade (etrog) dans le champ à gauche. David Hendin, Guide to Biblical Coins, ANS, 6th editon, New York, 2021, GBC 6439, pl 44 = GBC 5/ 1411 GBC/ 711 = GBC 2/ 162. Ya’akov Meshorer, A Treasury of Jewish Coins, Jerusalem/ New York, 2001, TJC 267a, pl. 69. Leo Mildenberg, The Coinage of the Bar Kokhba War, Typos VI, Aarau, Frankfurt am Main, Salzburg, 1984, coin A/ 12 – R/ non identifié, n° 75-87 Notre tétradrachme appartient à la dernière phase du monnayage frappé par les révoltés avec des pièces qui ne sont pas datées qui sont traditionnellement placées à la fin du monnayage, lors des deux dernières années de la révolte en 134135 et qui correspondent aux tétradrachmes n° 46-96 du classement de Mildenberg. Ce monnayage fut abondant et l’ouvrage Typos VI est actuellement le plus complet sur le sujet. Notre tétradrachme appartient au groupe 3a (n° 46 à 87) avec une rosette ou une étoile au-dessus du temple (qui comprend les coins de droit 8 à 15). Pour le coin de droit 12 nous avons les numéros 75 à 87, mais nous ne pouvons pas identifier correctement le coin de revers à cause de la surfrappe. Néron, Prieur 89 En effet, la grande majorité de ces tétradrachmes sont surfrappés sur des tétradrachmes provinciaux de Néron, de Vespasien et de Trajan. Justement au revers de notre exemplaire à 12 heures, nous apercevons les restes de la légende de droit QUAND HADRIEN ÉCRASAIT LA RÉVOLTE DE BAR KORKHBA (132-135)

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